L’UE investit 900 M d’euros en Israël, pour le dessalement et d’autres projets verts
La BEI alloue 150 millions d'€ à une usine de traitement des eaux, 500 millions d'€ à des projets d'entreprises vertes et envisage 250 millions d'€ pour le métro léger de Tel Aviv
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Israël devrait obtenir jusqu’à 900 millions d’euros d’investissements sous forme de fonds et de prêts accordés par l’organe de prêt de l’Union européenne (UE), qui contribueront à financer une usine de dessalement alimentée par des énergies renouvelables en Galilée occidentale et le projet ferroviaire de Tel-Aviv, ainsi que des projets commerciaux axés sur le climat.
La Banque européenne d’investissement (BEI), le bras financier de l’UE, a annoncé dimanche qu’elle allait investir 150 millions d’euros dans une installation de dessalement de l’eau de mer prévue en Galilée occidentale. La construction de cette installation, la septième du genre en Israël, devrait coûter environ 1,5 milliard de shekels.
La plus grande banque publique internationale du monde a également conclu un accord de coopération stratégique avec la Banque Leumi pour l’octroi d’une ligne de crédit de 500 millions d’euros destinés aux petites et moyennes entreprises en Israël, afin d’encourager de nouveaux investissements dans des projets commerciaux verts et environnementaux. Par ailleurs, la BEI en est à un stade avancé de l’instruction d’un projet de financement de la ligne verte du tramway de Tel Aviv, qui représente un investissement de 250 millions d’euros.
« Chaque fois que je voyage dans la région, que ce soit en Israël ou au Moyen-Orient, je dis toujours que l’eau, c’est la vie », a confié Gelsomina Vigliotti, vice-présidente de la BEI chargée du Moyen-Orient, au Times of Israel. « L’accès à l’eau est important, surtout à une époque où la pénurie d’eau devient une urgence encore plus pressante. »
« Le développement d’un projet technologique, comme le projet de dessalement en Galilée occidentale ici en Israël, n’est pas seulement un moyen de partager l’expertise, mais aussi d’apprendre et d’utiliser ces meilleures pratiques que nous pourrons développer par le biais de notre implication dans des projets aussi pertinents, afin de les appliquer également dans d’autres parties de la région », a ajouté Vigliotti.
Cette dernière a entamé dimanche une visite de quatre jours dans les villes de Tel-Aviv, Jérusalem et Ramallah afin d’annoncer et de présenter en détail les projets de financement de la BEI, consacrés aux projets liés au climat dans les domaines de la gestion de l’eau, des transports propres et des énergies renouvelables.
Au cours de sa visite en Israël, Vigliotti rencontrera le président Isaac Herzog pour discuter des questions liées au climat et à l’énergie et organisera un symposium sur le financement de la lutte contre le changement climatique à l’université de Tel-Aviv avec des cadres du secteur bancaire et du monde des affaires.
Active dans 160 pays, la BEI est la plus grande banque publique internationale et appartient aux 27 États membres de l’Union européenne qui, ensemble, fournissent les fonds nécessaires au financement des projets. En Israël, la BEI intervient depuis 1981 et a investi quelque 2,3 milliards d’EUR pour cofinancer un total de 28 projets.
L’usine de dessalement israélienne en Galilée occidentale sera la cinquième dans laquelle la BEI investit. IDE Technologies a remporté en novembre l’appel d’offres pour la construction et l’exploitation de l’installation, qui devrait produire 100 millions de mètres cubes d’eau dessalée par an afin d’assurer l’approvisionnement de Haïfa, de la Galilée occidentale et de la Haute Galilée.
L’eau provenant de l’usine de Galilée occidentale portera la production totale des usines de dessalement en Israël à près de 900 millions de mètres cubes par an, ce qui représente près de 90 % de la consommation totale d’eau douce des ménages et de l’industrie dans l’économie. Le projet de 1,5 milliard de shekels devrait être achevé en 2025, selon le site web de l’IDE.
« Le financement du dessalement en Galilée occidentale est particulièrement important pour nous, car ce sera la première usine de dessalement qui sera alimentée par une énergie propre, et en 2019, la BEI a pris la décision très audacieuse de ne plus financer de projets liés aux combustibles fossiles », a déclaré Vigliotti. « À ce titre, il est très important de promouvoir des solutions technologiques permettant d’améliorer l’utilisation des énergies renouvelables, en particulier pour des produits très énergivores comme le dessalement. »
Au cours de sa visite en Israël, Mme Vigliotto discutera également de la possibilité de prêt de 250 millions d’euros pour le projet de métro léger vert de Tel Aviv, qui relie le centre du pays depuis Holon et Rishon Lezion, au sud, jusqu’à Tel Aviv et Herzliya, au nord. Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un vaste projet d’investissement dans les transports visant à répondre à la demande croissante de mobilité et à réduire les embouteillages.
« Contribuer à un projet comme celui-ci serait particulièrement pertinent pour réduire la congestion du trafic grâce à une infrastructure durable », a fait remarquer Vigliotti. « Les infrastructures durables et le soutien à la mobilité verte au sein des villes sont l’un de nos objectifs, non seulement en dehors de l’Union européenne, mais aussi au sein de l’Union européenne. »
À Ramallah, Vigliotti doit rencontrer cette semaine des responsables palestiniens ainsi que les directeurs généraux de la Banque d’investissement de la Palestine et de Vitas microfinance, qui fournit des prêts et des services financiers aux petites entreprises.
En mai 2022, la BEI a officiellement ouvert son premier bureau couvrant la Cisjordanie et Gaza, situé à Jérusalem, et a annoncé un soutien de 215 millions d’euros pour les investissements commerciaux palestiniens.
Au cours de sa visite, la délégation de la BEI conduite par Mme Vigliotti devrait annoncer la mise en place d’un ensemble de garanties de portefeuille avec la Banque d’investissement de la Palestine, dans le but de faciliter l’accès des entrepreneurs et des petites entreprises palestiniens aux financements et de renforcer les activités de prêt des institutions financières locales.
« Nous croyons fermement au rôle de l’inclusion financière, et ces garanties aideront les institutions financières à fournir des financements supplémentaires à ceux qui ont le plus de difficultés à accéder au financement », a déclaré Vigliotti.
Selon Vigliotti, les réunions à Ramallah porteront également sur l’avancement des projets liés au climat, en particulier dans le domaine de la gestion des eaux usées.
« D’une manière générale, nous sommes très intéressés par l’examen et la contribution à la coordination et au dialogue régionaux, et nous sommes fermement convaincus que le climat peut être un élément important de la diplomatie géopolitique pour la région », a déclaré Vigliotti. « Il existe de nombreux projets transfrontaliers qui pourraient être développés et bénéficier à l’ensemble de la région ».