L’université de Berkeley lève la suspension du cours anti-Israël
L’animateur du cours « Palestine : analyse d’un colon » a annoncé qu’il exigeait des excuses pour l’interdiction temporaire du cours

L’université de Californie à Berkeley a de nouveau autorisé un cours dirigé par des étudiants, « Palestine : analyse d’un colon », une semaine après avoir suspendu le programme après le tollé provoqué par les dirigeants de la communauté juive qui ont qualifié ce cours de partial, antisioniste et qui violait les normes académiques de l’université.
La suspension a été levée lundi, selon le Middle East Eye.
Paul Hadweh, étudiant de premier cycle à Berkeley qui anime le cours, a déclaré qu’il attendait des excuses de Carla Hesse, la doyenne de la faculté des lettres qui a suspendu le cours et du chancelier des Sciences de Berkeley, Nicholas Dirks.
« L’université m’a jeté sous le bus et m’a publiquement accusé, sans jamais même me contacter, a déclaré Hadweh dans un communiqué. Il semble que parce que je suis Palestinien et que j’étudie la Palestine, je suis coupable jusqu’à preuve du contraire. Pour défendre le cours, nous avons dû créer un tollé international avec des universitaires et des étudiants pour défendre la liberté académique. Cela ne devrait jamais se produire. »
Selon Liz Jackson, l’avocate représentant Hadweh, l’annonce est venue de Hesse qui « a publié ce matin une lettre informant tout le monde que la suspension était levée. »
« C’est certainement une victoire pour Paul et les 26 étudiants inscrits dans la classe, dont les études ont été gravement perturbées, sans parler des étudiants et des universitaires à travers les États-Unis, parce que cela est documenté, [qui connaisse] une attaque coordonnée sur le droit de s’exprimer et d’étudier librement le sujet Palestine-Israël », a ajouté Jackson.
L’université avait pris la décision mardi dernier, après avoir déterminé que l’animateur étudiant, Paul Hadweh, dont la famille est originaire de Bethléem en Cisjordanie, « n’a pas satisfait à la politique et aux procédures qui régissent les revues académiques et l’approbation des modules proposés pour le programme DeCal », pour les apprentissages en autoformation, a déclaré Dan Mogulof, assistant du vice-chancelier de l’université.
La veille, Hillel Berkeley et son groupe international avait appelé dans une déclaration ferme la présidente de l’université, Janet Napolitano, et les administrateurs à condamner ce cours.
« Tout examen du programme mettra en évidence que ce cours propose une analyse unilatérale qui met en avant un dessein politique », ont déclaré le président d’Hillel International Eric Fingerhut, et le rabbin Adam Naftalin-Kelman, directeur exécutif d’Hillel Berkeley. « Il n’expose pas la vérité. Il ignore l’Histoire. Il ignore les faits, comme par exemple le fait, certes gênant, que les juifs occupent Israël depuis 3 000 ans. Ce cours semble ressemble davantage à un endoctrinement politique et ne respecte pas les principes récemment adoptés par l’Université de Californie sur l’intolérance. »
Ce cours était proposé dans le cadre du programme DeCal, qui prévoit des cours donnés par des étudiants, qui permettent de gagner un crédit, et se font sous la supervision d’un parrain de l’équipe de l’université. Parmi les autres cours proposés dans le cadre du programme DeCal, on peut trouver « Cal Pokeman Academy », « Art Anatomy » and « Science in Oakland Elementary Schools ».
Le programme du cours prétendait traiter l’histoire de la Palestine depuis 1880 jusqu’à aujourd’hui, et « étudier le lien entre le sionisme et le colonialisme ». Les étudiants auraient dû assister à un évènement « relatif à la Palestine » durant le semestre, et proposer comme projet final une solution « alternative décoloniale » pour résoudre les problèmes de la région, sans se limiter à la solution à deux états.
Quarante-trois organisations d’éducations juives ont signé la lettre de l’Iniative Amcha, basée à Santa Cruz, une organisation à but non lucratif qui surveille les incidents liés à l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur. Cette lettre était destinée à Nicholas Dirks, chancelier de l’université de California à Berkeley.
« Une lecture du programme […] montre que les objectifs de ce cours, les conférences et les orateurs sont motivés par des raisons d’ordre politique et répondent aux critères du gouvernement pour être qualifiés d’antisémites. Ce cours semble être destiné à endoctriner les étudiants dans la haine de l’État hébreu et à agir pour sa destruction », peut-on lire dans cette lettre.
La lettre a également qualifié Hatem Bazian, le parrain universitaire, « d’activiste antisioniste notoire, qui occupe également le poste de président de l’organisation American Muslims for Palestine. »