L’université de Haïfa suspend 8 étudiants arabes soupçonnés d’apologie du terrorisme
Le recteur a déclaré que les étudiants avaient salué l'assaut terroriste du Hamas et posté des images des atrocités ; ils seront exclus du campus jusqu'au terme de la procédure
L’université de Haïfa a suspendu huit étudiants arabes qui sont accusés d’avoir exprimé leur soutien au massacre commis par les terroristes du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, selon une information retransmise lundi par un média israélien, qui a ajouté qu’il leur avait été interdit de venir sur le campus jusqu’au terme de la procédure disciplinaire.
La commission disciplinaire chargée du dossier avait annulé, dans un premier temps, la suspension qui avait été décidée par Guy Alroey, le recteur de l’établissement universitaire, peu avant l’ouverture de l’institution pour la rentrée universitaire, a fait savoir le quotidien Haaretz.
Le panel a déclaré dans sa décision qu’il « assumait la responsabilité générale de la communauté universitaire – une responsabilité qui est nécessaire dans cette période agitée ».
Les étudiants mis en cause qui, dans leur majorité, sont représentés par l’organisation arabe de défense des droits civils Adalah, a dit que la suspension aurait un impact négatif sur leur éducation et que l’université n’a pas précisé quels dommages leur présence causerait dans la vie sur le campus, a fait savoir Haaretz.
Le sénat universitaire a dit aux étudiants que les accusations « ne pouvaient pas être prises à la légère » même si les mesures disciplinaires étaient susceptibles d’avoir un impact sur leurs études, a continué le journal.
Alroey a déclaré au quotidien Haaretz que les étudiants avaient partagé des photos du massacre sur les réseaux sociaux « qui donnent le frisson », avec pour légendes « Bonjour » ou « Bien mérité », ce qui avait nécessité de prendre des mesures.
Pendant le massacre du 7 octobre, des milliers de terroristes dirigés par le Hamas avaient semé la désolation dans les communautés du sud d’Israël. 1200 personnes avaient été tuées et 240 personnes avaient été kidnappées, prises en otage à Gaza.
Alroey a expliqué que sa demande de suspension avait été motivée par l’idée que la présence des étudiants sur le campus était susceptible de déboucher « sur des situations extrêmes ».
Dans sa lettre adressée à six des étudiants suspendus quelques jours après la guerre, Alroey a écrit que la mesure s’imposait pour protéger à la fois les personnels et les étudiants et que « les étudiants touchés par la guerre ont aujourd’hui besoin, plus que n’importe qui d’autre, de notre protection et de notre soutien ».
Les témoins qui ont assisté à l’audience disciplinaire initiale ont indiqué qu’Alroey avait montré – ce qui avait entraîné la polémique – sept minutes d’images dérangeantes du massacre du 7 octobre avec pour intention de justifier la suspension rapide des étudiants.
« Les plaintes contre les étudiants qui ont été présentées devant la commission disciplinaire sont graves », a fait savoir l’université de Haïfa en réponse à l’article. « La décision prise par la commission disciplinaire, qui est une commission indépendante, parle pour elle-même et nous respectons ses décisions. »
Adalah a fait savoir que si l’université voulait éviter les tensions sur le campus, elle aurait dû éviter « une application sélective de ses règlements » au détriment des étudiants arabes.
« Cette mesure ne nuit pas seulement à la présomption d’innocence des étudiants mais elle transmet aussi un message de menace qui vise à taire tout discours critique à l’égard de la guerre », a indiqué le groupe qui a ajouté que la décision prise d’annuler la suspension était injuste.
Le groupe a aussi estimé qu’il avait été « absurde » que le recteur devienne le point de contact de l’appel lancé face à la décision prise, dans la mesure où il est aussi celui qui avait demandé la suspension.
Sur les centaines de procédures disciplinaires qui ont été ouvertes contre des étudiants – majoritairement arabes – concernant des accusations d’apologie du terrorisme pendant la guerre, des jugements ont été rendus dans 65 cas, selon les données d’Adalah. Seules douze d’entre elles ont entraîné l’expulsion, à terme, d’un étudiant.
La moitié de ces jugements ont innocenté les mis en cause. Six étudiants ont écopé « d’une sanction éducative » – l’écriture d’une lettre d’excuse, la réalisation d’un service communautaire – et 14 procédures se sont terminées par une suspension temporaire, selon le groupe.