Lyon: Une conférence du terroriste Salah Hamouri finalement autorisée par la justice
L'évènement avait auparavant été annulé "à la demande de la préfecture, qui jugeait l'annulation indispensable au regard du risque de trouble à l'ordre public"
Une conférence en présence du terroriste Salah Hamouri, reconnu coupable de terrorisme par la justice israélienne, prévue à Lyon ce jeudi et qui avait été interdite par arrêté municipal pour « risques de troubles à l’ordre public », a finalement été autorisée par la justice, ont indiqué mercredi les conseils de Hamouri et le tribunal administratif de Lyon.
Arrêté et emprisonné sans charges en 2005, Salah Hamouri a été condamné en 2008 à sept ans de prison par un tribunal israélien l’ayant reconnu coupable de participation à un projet d’assassinat d’Ovadia Yossef, ancien grand rabbin d’Israël, à l’origine du parti ultra-orthodoxe Shas.
Il est aussi soupçonné par Israël de liens – ce qu’il nie – avec le groupe terroriste Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation jugée terroriste par l’État hébreu et l’Union européenne
Le Franco-Palestinien, qui clame son innocence dans cette affaire, avait été libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers ayant permis la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit.
« Le juge a exercé son rôle de contrepouvoir face à une décision absurde qui méconnaissait gravement la liberté d’expression », se sont félicités dans un communiqué Me William Bourdon et Vincent Brengarth.
Ces derniers avaient introduit dès la prise de l’arrêté « un recours en urgence » – un référé liberté – devant la justice contre la décision du maire écologiste Grégory Doucet.
« La Ville de Lyon prend acte de la décision du tribunal administratif », a déclaré à l’AFP la municipalité.
Elle avait expliqué mardi qu’elle avait pris son arrêté « à la demande de la préfecture, qui jugeait l’annulation indispensable au regard du risque de trouble à l’ordre public ».
Dans ses attendus, la juge des référés a estimé que « ni le maire de la Ville de Lyon ni la préfète du Rhône n’allèguent que M. Hamouri, lors des conférences organisées dans d’autres villes de France, aurait tenu des propos susceptibles d’être pénalement sanctionnés ou de susciter des troubles à l’ordre public ».
La magistrate a retenu des arguments des requérants « que l’ensemble des conférences auxquelles M. Hamouri était invité, se passaient sans heurt, hormis quelques événements rares et minimes à Paris, Marseille et Toulouse, résultant de personnes totalement extérieures à ces conférences ».
« Il ne résulte pas de l’instruction que la mesure d’interdiction de la conférence prévue ce jour (jeudi) à 18h30 soit justifiée, proportionnée et nécessaire pour éviter des troubles à l’ordre public auxquels les forces de l’ordre ne seraient pas en mesure de faire face », a-t-elle conclu, enjoignant M. Doucet de permettre la tenue de la conférence intitulée « Palestine-Israël – colonisation/apartheid ».
Organisée par le Collectif de soutien au peuple palestinien à la Bourse du Travail, elle doit accueillir, outre Hamouri, le président d’Amnesty International France, Jean-Claude Samouiller.
En janvier, après de vives critiques, Grégory Doucet avait déjà décidé d’annuler une table-ronde avec M. Hamouri sur le thème « Trente ans après la signature des Accords d’Oslo, regards sur la Palestine », organisée à l’Hôtel de Ville par la mairie.
Depuis son expulsion en décembre, l’avocat vit en France. Paris a jugé « contraire au droit » son expulsion, tandis que le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme l’a qualifiée de « crime de guerre ».
Plusieurs de ses conférences en France ont été interdites en raison de risques de troubles à l’ordre public selon les autorités françaises.