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Macron veut un « sursaut » contre « les extrêmes », la droite se déchire

Pour la première fois, le chef de l'État français a admis sa "responsabilité" dans l'échec de son camp, tout en refusant "l'esprit de défaite : le sursaut, c'est pour maintenant"

Le président français Emmanuel Macron s'exprimant lors d'une conférence de presse, au Pavillon Cambon Capucines, à Paris, le 12 juin 2024. (Crédit : Stephane de Sakutin/AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprimant lors d'une conférence de presse, au Pavillon Cambon Capucines, à Paris, le 12 juin 2024. (Crédit : Stephane de Sakutin/AFP)

Après avoir dissous l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron a appelé à un « sursaut » face aux « extrêmes », alors que le principal parti de droite a exclu mercredi son chef, favorable à une alliance inédite avec l’extrême droite, une sanction rejetée par l’intéressé.

Pour la première fois, le chef de l’État français a admis sa « responsabilité » dans l’échec de son camp, battu dimanche par le Rassemblement national (RN), tout en refusant « l’esprit de défaite ». « Le sursaut, c’est pour maintenant », a-t-il insisté.

Lors d’une conférence de presse de plus d’une heure trente, il s’est employé à justifier sa décision de dissoudre l’Assemblée, qui a plongé le pays dans l’incertitude, surpris dans son propre camp et fait imploser la droite autour d’une possible alliance avec le RN tandis que la gauche et l’extrême gauche ont créé un NUPES 2.0.

« J’assume totalement d’avoir déclenché un mouvement de clarification », car « quand 50 % des Français votent aux extrêmes, que vous avez une majorité relative à l’Assemblée, vous ne pouvez pas leur dire : ‘On continue comme si de rien n’était' », a-t-il déclaré.

Le président français Emmanuel Macron s’exprimant lors d’une conférence de presse, au Pavillon Cambon Capucines, à Paris, le 12 juin 2024. (Crédit : Stephane de Sakutin/AFP)

Malgré sa popularité en berne et les sondages qui font du RN le grand favori des élections du 30 juin et du 7 juillet, Macron a appelé les partis de sa majorité à entamer des discussions avec d’autres formations politiques qui auront « su dire non aux extrêmes » afin de « bâtir un projet en commun sincère et utile au pays » et « gouverner ».

Esquissant quelques mesures programmatiques (grand débat sur la laïcité, interdiction du téléphone aux moins de 11 ans…), le président a surtout renvoyé dos-à-dos l’extrême droite, qui prônerait « l’exclusion », et l’extrême gauche incarnée par le mouvement d’extrême-gauche radicale anti-Israël, La France Insoumise (LFI), qu’il accuse « d’antisémitisme et d’antiparlementarisme ».

« Ambiguïté » et « indécence »

« Je dis bien l’extrême droite en parlant du Rassemblement national, car ses dirigeants continuent de dire qu’il y a des vrais et des faux Français, continuent d’envisager de réduire la liberté de la presse ou de rejeter l’État de droit », a-t-il lancé, insistant sur les dangers d’une arrivée au pouvoir du RN, qui a réuni 31,37 % des votes dans les urnes dimanche en France.

Il a également accusé le RN d’entretenir une « ambiguïté à l’égard de la Russie » sur l’Ukraine et de vouloir « la sortie de l’Otan ».

Macron a aussi ciblé LFI, fustigeant l’alliance, « indécente », entre cette formation et les partis socialiste (PS), communiste (PC), ainsi que les Verts (EELV).

La construction de ce « Front populaire » prend forme avec un accord conclu pour la répartition de la quasi-totalité des 577 circonscriptions en vue des prochaines législatives.

Le fondateur de LFI, Jean-Luc Mélenchon, a de son côté dit se sentir « capable » d’être Premier ministre en cas de victoire de la gauche, mais appelé à « attendre » le résultat des élections. La question de la personnalité qui mènera la campagne demeure ouverte à gauche, où Mélenchon ne fait pas l’unanimité au vu de ses prises de position notamment depuis le 7 octobre.

Le leader de La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, avant une interview au journal télévisé du soir de la chaîne de télévision française France 2, à Paris, le 12 juin 2024. (Crédit : Dimitar Dilkoff/AFP)

L’opposition de droite plonge, elle, dans une profonde crise.

Exclusions

Principal parti conservateur en France, Les Républicains (LR) ont exclu mercredi leur président Eric Ciotti, qui avait déclenché une crise interne la veille en proposant une alliance inédite avec l’extrême droite. Un candidat LR lui sera opposé dans sa circonscription.

Mais la décision, prise à « l’unanimité » par le bureau politique du parti, a aussitôt été contestée par Ciotti, qui l’a jugée « illégale » et affirmé qu’il resterait en poste en se targuant du soutien des militants.

La dirigeante du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, posant lors d’une séance photo, à Paris, le 20 octobre 2021 ; le dirigeant du parti d’opposition de droite Les Républicains (LR), Eric Ciotti, posant lors d’une séance photo, à Paris, le 14 septembre 2021, sur une combinaison créée le 11 juin 2024. (Crédit : Joël Saget/AFP)

Il a indiqué que 80 candidats se réclamant de sa démarche se présenteraient aux législatives.

L’onde de choc de la poussée du RN a également touché le mouvement Reconquête du polémiste Eric Zemmour, candidat à la présidentielle en 2022.

Marion Maréchal, sa tête de liste aux européennes, a appelé à soutenir les candidats issus de l’alliance entre Ciotti et le RN, s’opposant frontalement à Zemmour. Ce dernier a annoncé par la suite l’exclusion de Maréchal « de ce parti qu’elle a toujours méprisé ».

Du côté de la majorité monte par ailleurs le débat sur la place que Macron doit jouer dans la campagne, certains députés et cadres redoutant un vote-sanction lié au rejet du président par une partie de l’opinion.

Le président « n’est pas là pour faire campagne aux législatives. Donc je ne ferai pas campagne », a répondu Macron.

Selon un sondage Elabe publié mercredi, le RN sortirait largement en tête, suivi du Front populaire- ex-Nupes – et de la majorité présidentielle, mais sans décrocher de majorité absolue à l’Assemblée nationale.

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