Majoration de l’amende pour violation des restrictions ; les haredim contestent
La question a été reportée à lundi pour être examinée par le cabinet chargé de la lutte contre le coronavirus avant d'être avancée à la Knesset pour approbation finale
Le cabinet a approuvé dimanche, sur le principe, une augmentation des amendes en cas de violation des restrictions en matière de confinement liées au coronavirus, mais sous la pression des partis ultra-orthodoxes, la question a été reportée à lundi pour être examinée par le cabinet chargé de la lutte contre le coronavirus avant d’être avancée à la Knesset pour approbation finale.
Après plus d’un mois de confinement national qui a permis de réduire les taux d’infection élevés, mais a également paralysé une grande partie de l’économie et de la vie publique, le gouvernement a eu du mal à se mettre d’accord sur la manière d’assouplir les restrictions. Certains ministres ont fait pression pour déconfiner rapidement tandis que d’autres membres du cabinet – dont le Premier ministre – se sont opposés à la levée du confinement et ont souhaité agir plus prudemment.
Les ministres du parti ultra-orthodoxe Shas ont soit voté contre les nouvelles amendes, soit étaient absents du vote lors de la réunion hebdomadaire du cabinet, ont rapporté les médias israéliens. Les dirigeants de l’autre parti ultra-orthodoxe, Yahadout HaTorah – qui n’a pas de ministres – ont réitéré qu’ils voteraient contre ces dispositions proposées dans les deux commissions de la Knesset et en séance plénière.
Les partis ultra-orthodoxes considèrent que ces lois visent leur communauté puisque la majorité des institutions qui ont violé les règles jusqu’à présent sont affiliées au courant ultra-orthodoxe.
Le gouvernement a approuvé sur le principe la rédaction du projet de loi « Autorités spéciales – contraventions » et a décidé que le cabinet chargé de la lutte contre le coronavirus se réunirait pour discuter du projet de loi avant qu’il ne soit transmis à la commission des lois », a fait savoir le cabinet du Premier ministre dans une déclaration.
Lors de la réunion du cabinet, le ministre de la Construction du parti Shas, Yitzhak Cohen, a demandé que la proposition soit abandonnée, mais Benjamin Netanyahu, soulignant le rôle important que jouent les amendes dans l’application de la loi, a refusé, a indiqué Kan.
La ministre de l’Immigration Pnina Tamano-Shata, du parti Kakhol lavan, et le ministre des Affaires religieuses Yaakov Avitan se sont également opposés au projet de loi.
La nouvelle réglementation, si elle est approuvée, augmenterait l’amende pour l’ouverture d’une entreprise ou l’exploitation d’un site ouvert au public de 5 000 à 10 000 shekels.
La contravention actuelle de 5 000 shekels pour l’organisation d’une fête, d’une conférence, d’une cérémonie, d’un festival, d’un divertissement ou d’un spectacle artistique en violation des règles serait portée à 20 000 shekels.
De même, celle pour avoir défié l’interdiction d’ouvrir des établissements éducatifs (autres que ceux de la petite enfance et les classes CP au CM1) passera de 5 000 à 20 000 shekels.
La seconde vague de la pandémie a été imputé à la réouverture des écoles en mai, après le premier confinement national, et de nouveau en septembre. De nombreuses écoles ultra-orthodoxes pour garçons ont rouvert au début de ce mois, au mépris des règles du gouvernement. Depuis le début de la pandémie, la fréquentation des synagogues a également favorisé la propagation du virus.
La querelle sur les amendes est survenue après que le ministre des Finances Israel Katz et le ministre de la Santé Yuli Edelstein, tous deux du Likud de Netanyahu, se sont affrontés verbalement à propos de la réouverture potentielle des magasins ayant pignon sur rue, alors que la deuxième phase du déconfinement a été amorcée.
La semaine dernière, les ministres ont approuvé la réouverture des lieux de culte, des instituts de beauté et de certaines écoles, mais ont reporté la réouverture de la plupart des magasins, ce qui a rendu furieux les propriétaires de petites entreprises et les commerçants – dont beaucoup ont dénoncé la façon dont le gouvernement gère la crise et s’en disent victimes.
Dans une publication sur sa page Facebook, Katz a appelé à l’ouverture des magasins dès mardi, accusant le ministère de la Santé d’une « insistance inutile et sans fondement » pour retarder la décision et prétendant que cela a conduit Israël à « l’anarchie et l’absence de réglementation qui ne fera qu’augmenter la morbidité ».
Edelstein a rétorqué dans un tweet que le « populisme » ne devait pas interférer avec les décisions d’ouverture des magasins et a accusé ceux qui veulent précipiter les choses de « nous conduire sciemment vers un autre confinement et un désastre financier, social et sanitaire ».
La plupart des magasins sont fermés depuis l’entrée en vigueur du confinement national le 18 septembre et n’ont pas été autorisés à rouvrir, même après que certaines restrictions ont commencé à être assouplies le mois dernier.
L’économiste en chef du ministère des Finances, Shira Greenberg, a estimé le coût du maintien des restrictions à l’économie à 2,3 milliards de shekels par semaine.