Manifestation anti-Netanyahu: Pas de vols dans le Golfe, des emplois en Israël !
Un groupe anti-corruption rejette la pertinence de l'accord Israël - EAU ; il y a eu dix arrestations et moins d'affluence

Les manifestants se sont rassemblés sur un certain nombre de sites dans tout le pays, samedi soir, dans le cadre du mouvement de protestation en cours contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu en raison de ses mises en examen pour corruption et de sa prise en charge de la pandémie de coronavirus.
La principale manifestation a eu lieu aux abords de la résidence du Premier ministre à Jérusalem, qui est au cœur des rassemblements contre le chef du gouvernement. Les médias en hébreu ont indiqué que quelques milliers de personnes s’étaient regroupées, la radio militaire estimant pour sa part le nombre de participants à 10 000.
C’est la huitième semaine consécutive qu’un mouvement de protestation anti-Netanyahu a lieu aux abords de la rue Balfour. Mais le nombre de personnes présentes – deux jours après l’accord conclu entre Netanyahu et les Emirats arabes unis en faveur de la normalisation des relations entre les deux pays, et l’acceptation, par le Premier ministre israélien, de la suspension des plans d’annexion partielle de la Cisjordanie – semble avoir été moindre par rapport aux chiffres qui avaient été enregistrés les semaines précédentes.
Dix manifestants ont été arrêtés aux environs de minuit, quand la police a commencé à disperser les personnes qui se trouvaient encore sur le site, a commenté le Lieutenant-colonel Ofer Shomer. La majorité de ces arrestations a concerné des protestataires qui cherchaient à organiser un défilé improvisé dans les rues Agron et King George – un acte illégal, selon les forces de l’ordre. D’autres ont été appréhendés alors qu’ils refusaient de quitter la place de Paris. Alors qu’il lui était demandé pourquoi ce refus de partir du site avait été illégal, Shomer a répondu qu’ils avaient choisi de rester après que la police a déclaré le rassemblement hors-la-loi.

Les forces de l’ordre et les manifestants se sont affrontés au cours de la dispersion. Une vidéo montre des agents tentant d’extraire par la force au moins un manifestant du rassemblement alors que les personnes réunies autour alpaguent les forces de l’ordre, en criant « Honte ! »
Un grand nombre de panneaux brandis lors de la manifestation de samedi soir à Jérusalem ont mentionné l’accord conclu, jeudi soir, entre Israël et les Emirats arabes unis, déterminant la normalisation des liens entre les deux pays.
Les manifestants s’inquiètent visiblement de ce que Netanyahu puisse en tirer un profit politique du pacte signé par Abou Dhabi et Jérusalem auprès des Israéliens.
Tal, 28 ans, a estimé que le moment choisi pour conclure cet accord de paix lui paraissait suspect. « Le fait que Netanyahu ait annoncé l’accord maintenant, alors que les gens commencent à se réveiller, ce n’est pas une coïncidence », a-t-elle dit. « Il pense que cela va détourner notre attention ».
Ran Levi, 33 ans, qui habite Tel Aviv, a brandi un panneau sur lequel était écrit « La paix ne blanchit pas la corruption ».
« Bien sûr que je me réjouis de la paix, et je suis heureux que cela soit arrivé. Mais cela ne change rien au fait que notre Premier ministre est trois fois mis en examen », s’est-il exclamé.
Arnon Maoz, 41 ans, originaire de Tel Aviv, s’est vêtu pour l’occasion en « sheikh juif » – sa réponse apportée à l’accord conclu avec les Emiratis – avec les habits blancs qui étaient portés par les grands prêtres juifs et un keffieh, le couvre-chef traditionnel arabe.

« Ils vivent sous dictature », a-t-il dit, évoquant les Emirats arabes unis, ajoutant que « deux dictateurs ont conclu un accord de paix lors d’une visioconférence sur Zoom et même le ministre des Affaires étrangères israélien n’était pas au courant ».
« Allez donc aux Emirats et ne revenez jamais », était-il écrit sur un autre panneau.
« S’il n’y a plus de pain », partez donc à Dubaï », affirmait un autre.
Egalement présents au mouvement, des représentants du milieu de l’événementiel, du spectacle, des producteurs et des membres de l’industrie du loisir, qui ont été frappés de plein fouet au niveau économique par les mesures de confinement visant à empêcher la propagation de l’épidémie de coronavirus.
Les manifestants au chômage ont demandé au gouvernement d’être autorisés à retourner au travail, a fait savoir la chaîne publique Kan.

Quelques centaines de personnes se sont également regroupées près de la résidence privée de Netanyahu dans la ville côtière de Césarée.
Avant les mouvements de protestation du soir, les manifestants se sont retrouvés sur les ponts autoroutiers et aux carrefours de tout le pays.
A Hadera, dans le nord du pays, la police a placé un suspect en détention qui aurait lancé du poppers vers un groupe de protestataires anti-Netanyahu, ont expliqué les médias en hébreu.
Le groupe anti-corruption du « Drapeau noir », l’un des organisateurs du mouvement en Israël, avait émis un communiqué, avant les rassemblements, rejetant l’accord entre Israël et les Emirats arabes unis, qui a été négocié par les Etats-Unis, visant à normaliser les relations diplomatiques.
« Alors que le Premier ministre se hâte d’organiser des vols vers les piscines d’Abou Dhabi pour lui-même, les Israéliens s’effondrent en raison de l’échec de la gestion de la crise économique et sanitaire. Pas de vols vers le Golfe, des emplois en
Israël ! », a déclaré le groupe.
Les protestataires réunis aux abords de la résidence officielle de Netanyahu à Jérusalem ont indiqué qu’ils ne laisseraient pas l’accord historique signé avec les EAU détourner l’attention de ce qu’ils ont qualifié « d’échecs » de la part du Premier ministre.

Depuis des semaines, des manifestants organisent des rassemblements réguliers rue Balfour à Jérusalem, ainsi qu’à Tel Aviv et dans d’autres régions, pour appeler à la démission du Premier ministre en raison de son inculpation pour corruption. Ils ont été rejoints par des citoyens qui protestent contre la politique économique du gouvernement pendant la pandémie de coronavirus, réunissant des foules de plus en plus nombreuses.
Netanyahu est jugé pour une série d’affaires dans lesquelles il aurait reçu de nombreux cadeaux d’amis milliardaires, et échangé des faveurs avec des magnats des médias pour qu’ils fournissent une couverture plus favorable au Premier ministre et sa famille. Netanyahu a nié tout acte répréhensible, accusant les médias et les forces de l’ordre d’une chasse aux sorcières pour le démettre de ses fonctions.
Samedi dernier, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui ont pris part à des manifestations dans tout le pays. Le principal rassemblement avait eu lieu aux abords de la résidence du Premier ministre. Environ 15 000 personnes s’étaient regroupées dans la capitale, selon les informations parues dans les médias en hébreu – mais 32 000 selon les organisateurs, sur la base du nombre de brassards distribués à l’entrée de la place.
Ce rassemblement avait paru être le plus important dans le cadre d’un mouvement croissant qui a vu des milliers d’Israéliens descendre dans les rues pour dénoncer Netanyahu, le mois dernier. Le nombre de familles avec des enfants avait été particulièrement important à Jérusalem, en plus du nombre de jeunes protestataires. De nombreux activistes portaient des costumes d’extraterrestres – une référence pour se moquer du fils du Premier ministre, Yair Netanyahu, qui, au début de la semaine dernière, avait qualifié les opposants à Netanyahu « d’aliens« .
Des représentants des auto-entrepreneurs avaient rejoint le regroupement, aucune manifestation distincte pour les Israéliens touchés économiquement par la pandémie de coronavirus n’ayant été organisée. Les groupes à l’origine du mouvement avaient choisi d’appeler à un rassemblement unique et unifié devant la résidence du Premier ministre.