Manifestation d’enseignants pour des salaires équitables et de meilleures conditions
Selon le président du syndicat des enseignants du secondaire, Ran Erez, "Sans l'éducation, ce pays n'a aucun avenir"

Des centaines d’enseignants se sont retrouvés, mercredi soir sur la place Habima de Tel Aviv, pour manifester contre les récentes baisses de salaire, énième avatar du bras de fer qui se joue entre les enseignants israéliens et les ministères des Finances et de l’Éducation.
Selon une estimation publiée par Ynet, la manifestation, à laquelle le maire de Tel Aviv, Ron Huldai, s’est joint par solidarité, aurait attiré un millier de personnes, un chiffre très inférieure à ce qu’espéraient les organisateurs. Selon la chaîne N12, le syndicat des enseignants s’attendait à la présence de 8 000 manifestants.
Ces dernières semaines, les enseignants israéliens ont fait grève à plusieurs reprises, dans un premier temps dans les limites de la loi, puis en prenant des congés maladie suite à l’annonce par le ministère des Finances d’une baisse des rémunérations publiques de 3,3 % pour financer la guerre contre le Hamas à Gaza.
Depuis la place Habima, le président de l’Association des enseignants des écoles secondaires, Ran Erez, a rappelé à la foule que la manifestation avait pour but de « faire comprendre au gouvernement que le secteur public a décidé de ne plus rester sans rien dire ».
La grève a commencé en début de mois par des ouvertures tardives d’écoles primaires, le 4 mai, certains enseignants n’ayant pris leur poste qu’à 10 heures du matin et d’autres, pas du tout. Le jour-même, le ministère des Finances a conclu un accord avec le Syndicat des enseignants d’Israël pour une baisse des rémunérations de 0,95 % au lieu des 3,3 % prévus, mais de nombreux enseignants se sont dits mécontents des concessions faites par la dirigeante syndicale Yaffa Ben David lors de ces négociations.

Ils ont donc continué à faire grève de manière officieuse en se faisant passer pour malades plusieurs jours durant, jusqu’à ce que le tribunal du travail de Tel Aviv leur rappelle le caractère illégal de ce mouvement et leur enjoigne de reprendre le travail.
Le lendemain, le syndicat des enseignants et le ministère des Finances parvenaient à un accord sur une baisse des salaires de 0,95 % et l’octroi de deux jours de vacances de plus au moment de Lag Baomer, cette année et la suivante.
Toutefois, depuis la fin du mouvement de grève, des milliers d’enseignants ont été informés qu’ils devraient s’attendre à de nouvelles baisses de salaire, le ministère de l’Éducation les ayant informés que les jours d’absence seraient décomptés comme « jours de grève » et ne donneraient pas lieu au versement d’indemnités maladie.
La décision pourrait même s’appliquer aux enseignants pourvus d’un arrêt maladie signé de leur médecin, sauf en cas d’hospitalisation, d’analyses médicales ou de grossesse.

S’agissant de la décision prise par le tribunal du travail, Erez a expliqué aux manifestants que bien que cette manière de lutter contre les baisses de salaire soit jugée illégale, le syndicat « continuera à se battre en organisant des manifestations, en intervenant dans les médias, en faisant de la publicité, jusqu’à ce que ces ministres qui nous portent tort comprennent que sans éducation, ce pays n’a aucun avenir ».
S’adressant à Ynet depuis la place Habima, Corinne Levy, une enseignante originaire d’Ashdod, a expliqué qu’elle manifestait « au nom de tous les enseignants qui font l’impossible chaque jour… même avec un système qui part en pièces, même avec un salaire indigent, même au prix de notre dignité. »
« Nous sommes ici parce que nous en avons assez que le ministère des Finances nous marche dessus. Nous ne demandons pas l’aumône mais la justice et des rémunérations équitables », a-t-elle ajouté. « Sans enseignants, il n’y a pas de pays, sans enseignants, il n’y a pas d’avenir. »