Manifestation LGBT à Tel Aviv lors du premier conseil des ministres de Netanyahu
"Les ténèbres se sont abattues sur l'État d'Israël," déplore une militante ; des échauffourées ont eu lieu avec les policiers alors que des manifestants bloquaient l’Ayalon
Alors que se tenait le premier conseil des ministres du nouveau gouvernement israélien, jeudi soir à Jérusalem, des centaines de personnes ont organisé un rassemblement à Tel Aviv pour soutenir la communauté LGBTQ, qui craint que les politiques du nouveau gouvernement de droite ne portent atteinte à ses droits.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a prêté serment au 37e gouvernement d’Israël jeudi. Avec des partis d’extrême droite et ultra-orthodoxes associés au Likud, son parti de droite, cette coalition sera à ce jour la plus radicale qu’ait connue le pays. La composition du gouvernement de Netanyahu a alimenté les craintes que le statut de la communauté LGBTQ ne soit affecté par le nouveau gouvernement.
Selon les estimations, quelque 1 500 personnes auraient participé à la manifestation pour les droits LGBTQ qui s’est tenue devant le complexe gouvernemental de Kiryat Hamemshala.
Les manifestants ont bloqué les routes, avant de descendre vers l’autoroute Ayalon en empruntant la sortie Hashalom, bloquée par la police. La circulation a également été bloquée près du pont piétonnier Yehudit. Des échauffourées entre la police et les manifestants ont été signalées.
Des images sur écran divisé, diffusées par certains journaux télévisés israéliens montraient, d’un côté les manifestants bloquant les routes à Tel Aviv et de l’autre Netanyahu et ses ministres réunis à Jérusalem.
Netanyahu aurait déclaré lors de la réunion : « La minorité qui a peur n’a rien à craindre. »
« Nous n’accepterons pas de devenir des citoyens de seconde zone, et nous nous battrons pour notre place dans l’État d’Israël », a déclaré Aguda – Association pour l’égalité LGBTQ dans un tweet.
Hila Peer, présidente de l’Aguda, a déclaré lors du rassemblement, « les ténèbres se sont abattues sur l’État d’Israël », ajoutant que le nouveau gouvernement était composé de personnes qui souhaitaient imposer la thérapie de conversion – une pratique fortement déconseillée par les principales organisations de santé.
מחאת הקהילה הגאה בקריית הממשלה בתל אביב: מפגינים חסמו את צומת עזריאלי@ittaishick pic.twitter.com/2zUr3WJzQE
— כאן חדשות (@kann_news) December 29, 2022
La thérapie de conversion a été interdite en Israël plus tôt cette année par le ministère de la Santé sous le gouvernement précédent.
La capitaine (de réserve) Lila Rabinowitz, 28 ans, qui a participé au rassemblement en portant son uniforme de l’armée, a déclaré au site d’information Ynet qu’elle était venue parce que « nous sommes en guerre pour notre patrie ».
« Je continuerai à défendre les citoyens israéliens contre l’ennemi à l’étranger et dans le pays », a-t-elle déclaré.
Un sondage réalisé par Aguda cette semaine a révélé un large soutien aux droits des homosexuels en Israël, 77 % des personnes interrogées se déclarant favorables à l’égalité totale pour les citoyens LGBTQ, 14 % répondant qu’elles étaient contre et 9 % répondant qu’elles ne savaient pas.
Selon le sondage, 51 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles souhaitaient que le gouvernement étende les droits de la communauté LGBTQ, 31 % ont répondu qu’elles préféraient que la coalition maintienne le statu quo, 9 % ont déclaré qu’elles souhaitaient que ces droits soient inversés, et 8 % ne savaient pas.
Le sondage a révélé que 69 % des personnes interrogées considéraient que les familles homoparentales étaient aussi acceptables que les familles traditionnelles, tandis que 29 % pensaient le contraire et 5 % ont répondu qu’ils ne savaient pas.
Le nouveau gouvernement prévoit de mener des politiques qui ont le potentiel de nuire au statut de la communauté LGBTQ.
Dans l’accord de coalition du Likud avec Hatzionout HaDatit, le nouveau gouvernement s’est engagé à adopter une loi qui permettra aux entreprises de refuser leurs services à certains clients sur la base de leur conviction religieuse.
La députée d’extrême droite de HaTzionout HaDatit, Orit Strouk, a suscité l’indignation cette semaine en déclarant que les médecins pourraient être autorisés à refuser un traitement qui va à l’encontre de leur foi religieuse, pour autant qu’un autre médecin soit disposé à fournir le même traitement. Le député Simcha Rothman a soutenu sa collègue en affirmant qu’un hôtel pouvait refuser de servir des homosexuels pour des motifs religieux.
Le député très controversé Avi Maoz, qui est président du parti anti-LGBTQ Noam, s’est vu confier le contrôle d’une unité du ministère de l’Éducation chargée d’approuver les programmes externes d’éducation, qui jouent un rôle essentiel dans l’éducation dans les écoles. Particulièrement répandus dans les établissements laïcs, ces éducateurs couvrent un éventail de sujets allant de la santé sexuelle à la préparation à la bar-mitsva.
Plus tôt cette semaine, un article du quotidien Yedioth Ahronoth a révélé que le parti avait établi des listes de journalistes homosexuels connus en 2019. Les listes « ne sont que des documents de lecture rassemblés à partir de sites d’information pour montrer l’influence dans divers systèmes publics », a-t-il tenté de justifier jeudi lors de son discours à la Knesset.
Les ministres du gouvernement, dont Netanyahu, se sont toutefois engagés à ne pas porter atteinte au statut des citoyens LGBTQ.
Le député du Likud Amir Ohana, un fidèle de Netanyahu, a prêté serment jeudi en tant que président de la Knesset. C’est la première personne ouvertement gay à occuper ce rôle, le troisième plus important après le Premier ministre et le président. Il a félicité Netanyahu de lui avoir confié ce poste et a promis que la communauté LGBTQ ne souffrirait d’aucun préjudice.