Manifestation pro-réforme devant le domicile de l’ex-juge en chef Aharon Barak
Les manifestants disent agir en réaction à l’appel de l’ex- président de la Cour suprême à de nouvelles actions contre le projet de réforme judiciaire de l'actuel gouvernement
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

Des centaines de personnes se sont rassemblées, mercredi soir, devant le domicile de l’ancien juge en chef Aharon Barak, à Tel Aviv, pour montrer leur soutien à la réforme radicale du système judiciaire voulue par le gouvernement.
Barak, âgé de 86 ans, s’est montré très critique envers ce projet et, la veille, avait appelé à de nouvelles manifestations de grande ampleur.
Les manifestants brandissaient des banderoles disant que la Cour Suprême « portait atteinte à la sécurité nationale » et était un « dictateur ».
La manifestation avait été organisé par l’organisation de droite Im Tirtzu, dont le PDG Matan Peleg a fait savoir par communiqué : « Le temps est venu pour Aharon Barak d’écouter la voix du peuple et de cesser de se comporter comme un dictateur du droit ».
« Il est temps de faire preuve de responsabilité », a ajouté Peleg. « De ne plus piétiner la volonté des électeurs. La majorité de la population a voulu cette réforme judiciaire, et même ceux qui ne l’ont pas voulue en comprennent l’importance et y travaillent. Nous devons mettre fin à l’anarchie et aux comportements dangereux. »
Mardi, alors qu’Israël célébrait Yom HaShoah, journée de commémoration de la Shoah, Barak avait donné une interview à la Treizième chaine dans laquelle il appelait les manifestants anti-gouvernementaux à poursuivre la mobilisation, commencée en janvier.
« Les manifestations doivent se poursuivre, et même s’intensifier », a-t-il dit, attribuant aux rassemblements le mérite d’avoir contraint le gouvernement à suspendre ses travaux législatifs et négocier avec les partis d’opposition.
Il a par ailleurs rappelé que le droit de manifester était le pouvoir détenu par les minorités face au pouvoir de la majorité à la Knesset.
Barak est né en 1936 en Lituanie, au sein d’une famille forcée de fuir suite à l’invasion de son pays par l’Allemagne nazie.
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En janvier, Barak s’était dit prêt à se présenter devant le peloton d’exécution si cela pouvait mettre un coup d’arrêt à la réforme judiciaire.
Il avait également reproché au ministre de la Justice, Yariv Levin, fer de lance de ce projet de loi, d’avoir « mis ensemble toutes les mauvaises propositions… pour parvenir au musèlement de la démocratie israélienne ».
Ils veulent « la fin du contrôle de l’exécutif par le droit », a-t-il dit, équivalent pour lui « d’un coup d’État avec des chars ».
La semaine passée, le député David Amsalem, second ministre au sein du ministère de la Justice pour le parti au pouvoir, le Likud, déclarait que Barak et l’actuelle présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, méritaient d’être inculpés de « tentative de coup d’État ».
Hayut s’oppose également à la réforme judiciaire.
Samedi, des dizaines de milliers de personnes se sont de nouveau rassemblées à Tel Aviv et ailleurs, bien déterminées à ne laisser passer aucune mesure de cette réforme.
Les opposants à la réforme estiment que le projet de loi aura pour effet de priver la Cour Suprême de son rôle de contre-pouvoir face à l’exécutif et de porter un coup sévère au caractère démocratique d’Israël.

Ses partisans assurent que la réforme est nécessaire pour réfréner ce qu’ils qualifient d’activisme judiciaire à des fins politiciennes.
Les partis de coalition et d’opposition mènent en ce moment, sous les auspices du président Isaac Herzog, à sa résidence officielle de Jérusalem, des négociations afin de parvenir à un compromis sur ce projet de réforme judiciaire.