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Manifestations en Iran : 9 morts, 450 arrestations

Au total, 21 personnes - dont 16 manifestants - ont été tuées depuis le début des rassemblements contre les difficultés économiques et le pouvoir

Des étudiants de l'université de Téhéran lors d'une manifestation contre le chômage et l'inflation dans le pays, le 30 décembre 2017. (Crédit : AFP / STR)
Des étudiants de l'université de Téhéran lors d'une manifestation contre le chômage et l'inflation dans le pays, le 30 décembre 2017. (Crédit : AFP / STR)

Neuf personnes ont été tuées dans la nuit dans le centre de l’Iran, où des manifestants ont tenté de prendre d’assaut un poste de police, lors de violences liées à un mouvement de contestation anti-gouvernemental sans équivalent depuis 2009.

Au total, 21 personnes – dont 16 manifestants – ont été tuées depuis le début jeudi des rassemblements contre les difficultés économiques et le pouvoir, qui ont commencé à Machhad (nord-est) pour se propager rapidement à l’ensemble du pays.

La capitale iranienne Téhéran est globalement moins touchée par les protestations que les villes petites et moyennes mais 450 personnes y ont été arrêtées depuis samedi, selon les autorités locales.

Accusant une « petite minorité » de « fauteurs de troubles » qui utilisent la violence, le président iranien Hassan Rouhani a assuré que le gouvernement était déterminé à « régler les problèmes de la population », en particulier le chômage (12 % de la population active).

Les autorités ont déployé des forces de sécurité supplémentaires pour faire face au mouvement de protestations en cours, qui ne paraît pas être particulièrement structuré, notamment à sa tête.

Selon la télévision d’Etat, six manifestants sont morts dans des affrontements nocturnes avec les forces de l’ordre alors qu’ils tentaient de prendre d’assaut un poste de police à Qahderijan, dans la province d’Ispahan.

A Khomeinyshahr, dans cette même région du centre de l’Iran, un enfant de 11 ans a été tué et son père blessé par des tirs de manifestants alors qu’ils passaient près d’un rassemblement.

Un membre de la puissante milice des Gardiens de la révolution a par ailleurs été tué et un autre blessé par des tirs de fusil de chasse à Kahriz Sang (centre).

Les autorités avaient en outre fait état lundi soir de la mort d’un policier, tué par des tirs d’une arme de chasse à Najafabad.

Une centaine de personnes ont par ailleurs été arrêtées lundi soir dans la province d’Ispahan, toujours selon la télévision d’Etat.

Des Iraniens scandent des slogans qui défendent le gouvernement près de la grande mosquée Imam Khomeini dans la capitale de Téhéran, le 30 décembre 2017. (Crédit : AFP / TASNIM NEWS / HAMED MALEKPOUR)

A Téhéran, une poignée de manifestants seulement a tenté de se rassembler dans le quartier de l’université, dans le centre de la capitale.

Dans la capitale, « deux cent personnes ont été arrêtées samedi, 150 dimanche et environ 100 lundi », a déclaré le sous-préfet Ali-Asghar Nasserbakht à l’agence Ilna, proche des réformateurs.

« Nous ne permettrons en aucune manière que l’insécurité continue à Téhéran. Si cela devait continuer, les responsables prendront des décisions pour en finir », a assuré le général Esmaïl Kossari, le numéro deux de la base des Gardiens de la révolution chargée de la sécurité à Téhéran, selon les médias iraniens.

« Chaque jour qui passe, le crime des personnes arrêtées devient plus grave et leur punition sera plus lourde. Nous ne les considérons plus comme des protestataires qui réclament leurs droits mais comme des gens qui visent le régime », a déclaré le chef du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Moussa Ghazanfarabadi, cité par l’agence Tasnim.

Des étudiants fuient les tirs de gaz lacrymogènes devant l’université de Téhéran durant une manifestation contre les problèmes économiques dans la capitale iranienne, le 30 décembre 2017. Les étudiants ont manifesté pour un troisième jour en raison des problèmes de l’économie iranienne, comme l’ont montré des vidéos sur les réseaux sociaux. Mais leur nombre a été surpassé par les contre-manifestants (Crédit : AFP / STR)

Les autorités accusent des « fauteurs de troubles » armés de s’infiltrer parmi les manifestants et certains dirigeants ont pointé du doigt le rôle présumé de « contre-révolutionnaires » installés à l’étranger.

Le général Rassoul Sanaïrad, l’adjoint politique du chef des Gardiens de la révolution, a ainsi accusé les Moudjahedines du peuple et les groupes monarchistes basés à l’étranger « d’être derrière ces événements », selon l’agence Tasnim.

« Les monaféghines (« hypocrites », terme utilisé pour désigné les Moudjahedines du peuple) ont été chargés par les Al-Saoud (famille régnante saoudienne) et certains pays européens de créer de l’insécurité dans le pays », a-t-il déclaré.

Le vice-ministre iranien de l’Intérieur, Hossein Zolfaghari, s’est lui montré optimiste.

« Dans la plupart des régions du pays, les gens coopèrent avec les forces chargées du maintien de l’ordre et de la sécurité. Les troubles dans certains endroits vont finir très vite », a-t-il déclaré selon plusieurs médias.

Les rassemblements antigouvernementaux, qui se poursuivent en dépit du blocage des messageries électroniques Telegram et Instagram, utilisées pour appeler à manifester, sont les plus importants depuis le mouvement de 2009 contre la réélection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.

Elu pour un second mandat en mai, le président Hassan Rohani a permis à l’Iran de sortir de son isolement avec la levée de sanctions internationales liées aux activités nucléaires de Téhéran.

Cette conséquence de la signature en 2015 d’un accord nucléaire historique avait fait espérer aux Iraniens une amélioration de la mauvaise situation économique mais elle tarde à porter ses fruits.

Le président américain Donald Trump a de son côté estimé que les manifestations montraient que « le temps du changement » était venu en Iran.

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