Manuel Valls : « La diplomatie française n’a pas compris ce qui est en jeu au Proche-Orient »
Invité sur le plateau de CNew, l'ancien Premier ministre a exposé ses désaccords avec la politique diplomatique de la France.
« Israël, un État démocratique, a le devoir de se défendre. » Invité d’Europe 1 et CNews ce 1ᵉʳ octobre, Manuel Valls a été sollicité pour commenter la situation au Proche-Orient, alors que les opérations de Tsahal contre le Hezbollah libanais entrent dans une nouvelle phase.
Ancien chef du gouvernement français (2014-2016) et ministre de l’Intérieur (2012-2014), le socialiste avait adopté une ligne de fermeté sur le plan sécuritaire durant ses mandats à Beauvau et à Matignon, faisant de la lutte contre l’antisémitisme un marqueur fort de son action. Aujourd’hui retiré de la vie politique, l’ancien locataire de la rue de Varennes reste un défenseur infatigable de l’État d’Israël.
En ce sens, Manuel Valls se montre très critique des récentes positions de la diplomatie française. Après une opération qui a fait plus d’une trentaine de morts et 3 000 blessés chez les combattants du Hezbollah, suivie de l’élimination de Hassan Nasrallah, secrétaire général de l’organisation terroriste libanaise, et des actions menées par Tsahal au Liban, la France a exhorté Israël à faire preuve de retenue. « Je suis gêné, dans les déclarations du président de la République et de la diplomatie française, par une forme d’équidistance entre le Hezbollah, une organisation terroriste, et Israël », expose l’ancien Premier ministre.
Le chef de l’État ainsi que sa diplomatie ont suscité la polémique en n’évoquant pas la mort des 58 soldats français assassinés par le Hezbollah en 1983, après l’élimination de Nasrallah, contrairement à la réaction de son homologue américain. Selon Joe Biden, la disparition du secrétaire général du Hezbollah est « une mesure de justice » pour les 241 Marines victimes du groupe terroriste libanais.
Manuel Valls : «Israël se bat aussi pour nous». #LaGrandeInterview pic.twitter.com/8gLzLgu1tA
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« La diplomatie française n’a pas compris ce qui est en jeu au Proche-Orient. On ne peut pas combattre, comme nous le faisons depuis des années, notamment depuis 2015, l’islamisme qui vise les démocraties, qui nous vise, nous, très directement, et ne pas comprendre ce qui se passe au Proche et au Moyen-Orient », regrette Manuel Valls, qui fut membre de la majorité présidentielle au début du mandat d’Emmanuel Macron avant de renoncer à son siège de député.
« J’avais déjà souligné, il y a trois ou quatre ans, combien je regrettais que l’Europe et la France ne soutiennent plus Israël, notamment lors des accords d’Abraham avec les grands pays arabes sunnites, dont le Maroc », précise-t-il.
Une position similaire à celle tenue par Nicolas Sarkozy quelques jours plus tôt sur le même plateau. « Mes convictions personnelles font que jamais je ne peux me réjouir de la mort de quelqu’un. Mais si c’est un jugement politique que vous me demander, Israël a été agressé. C’est le drame du 7 octobre. Le Hamas. Et c’est le Hezbollah qui a conduit à un déplacement de population du nord d’Israël massif » a expliqué l’ancien président français (2007-2012) au sujet de la mort de Nasrallah.
« Israël a le droit de se défendre, Israël a le devoir de se défendre », a-t-il poursuivi. « Et si nous Français, nous étions dans la même situation, nous devrions nous défendre. Un pays doit vivre debout. Et Israël a le droit de vivre debout, de vivre tout court et de vivre debout. De ce point de vue, je dis : Ils ont eu raison » insiste l’ex-chef d’État.
Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, assure qu'«Israël a le devoir de se défendre» «mais que toute guerre doit avoir une fin»
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Interrogé sur la couverture médiatique de la mort de Hassan Nasrallah, notamment par le journal Le Monde, qui a qualifié le secrétaire général du Hezbollah de « charismatique », l’ancien Premier ministre Valls constate : « Il y a toujours une fascination dans la classe politique, parmi les intellectuels, ou dans la presse de gauche ou progressiste, pour un certain nombre de leaders. Cela a toujours existé, une forme de fascination, de romantisme […]. Mais on ne peut pas avoir la moindre indulgence ou verser des larmes de crocodile pour ce personnage ou cette organisation. »