Marche pour une coexistence après l’incendie criminel de l’école judéo-arabe
Après l’attaque de l’école bilingue Yad Beyad à Jérusalem, des responsables disent que la haine a franchi une ligne rouge
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Des centaines de résidents de Jérusalem ainsi que des visiteurs de tout le pays se sont réunis vendredi matin au parc de la Première gare de la ville.
Munis de ballons bleus et jaunes, de tee-shirts et des autocollants, ils sont venus déclarer leur solidarité avec l’école bilingue Yad Beyad Max Rayne, après l’incendie criminel qui a ébranlé son personnel et ses élèves.
Il y a une semaine, des vandales ont incendié une salle de classe de l’école élémentaire. Depuis lors, des dizaines de personnes – le président de l’Etat Reuven Rivlin, le président de la Knesset Yuli Edelstein, des rabbins, des organisations et des citoyens concernés – sont venues témoigner leur sympathie à l’école, selon sa directrice des ressources, Rebecca Bardach.
« Des dirigeants de la communauté de Beit Safafa sont également venus », a déclaré Bardach, se référant au quartier arabe qui jouxte l’école, « et ce n’est pas si évident. »
Le respecté rabbin orthodoxe Benny Lau a fait ce geste, de même que le maire de Kafr Qara, une ville arabe du nord qui abrite une autre école Yad Beyad. Israël compte six écoles Yad Beyad.
Invités par Rivlin, les élèves du CP ont visité la résidence du président à Jérusalem cette semaine, où ils ont confectionné des projets artistiques et joué au football.
Des écoles religieuses locales ont également montré leur soutien à l’école, dont un directeur d’une école religieuse de garçons, qui a confié à ses amis qu’il ne savait même pas où l’école se trouvait avant les faits.
Selon Bardach, ces personnes se sont manifestées en raison de la violence de l’attaque.
« Cela illustre ce qui se passe ici », dit-elle. « Les gens pensent, ‘ce n’est pas acceptable, nous ne l’accepterons pas’. »
Beaucoup ont participé à la marche de solidarité pour défendre la coexistence.
Mia Biran, une jeune avocate qui a grandi à Tel Aviv et vit à Jérusalem depuis cinq ans, dit qu’elle prévoit d’envoyer ses « futurs enfants » à Yad Beyad. Idem pour Shira Shapira, une étudiante de l’Université hébraïque, qui marchait avec Biran.
Mohamad Marzouk, responsable de la communication à l’école Yad Beyad de Kfar Qara, commente que la seule chose positive qui a découlé de l’incendie était le spectacle de soutien d’un large éventail de politiques, y compris ceux clairement opposés à l’école bilingue.
L’incendie, dit Marzouk, a franchi une ligne rouge pour de nombreuses personnes.
« Je sais que nous devons continuer » dit-il. « Nous devons faire notre possible pour permettre la coexistence entre Arabes et Juifs. »