Marquer les 100 ans de la déclaration Balfour ? Reconnaissez la Palestine, affirme Corbyn
Le chef du parti travailliste a choisi de ne pas se rendre au dîner organisé pour célébrer l'événement historique avec May et Netanyahu
Le chef travailliste du Royaume-Uni Jeremy Corbyn a vivement recommandé jeudi au gouvernement du Royaume-Uni de célébrer le centenaire de la déclaration Balfour par une reconnaissance unilatérale de la Palestine.
Dans une déclaration émise pour marquer l’anniversaire, Corbyn a noté que le secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères, Arthur James Balfour, avait, dans sa lettre écrite il y a 100 ans, promis d’aider à établir un foyer national pour le peuple juif en Palestine en promettant que rien ne devrait être fait pour porter préjudice aux droits des « communautés existantes non-juives ».
Cent ans après, a ajouté Corbyn, « la seconde partie de la promesse des Britanniques n’a pas encore été tenue et le rôle historique assumé par le Royaume-Uni implique que nous avons une responsabilité sociale envers la population palestinienne dont les droits fondamentaux sont encore niés ».
Le chef de l’opposition a ensuite déclaré : « Marquons alors l’anniversaire de Balfour en reconnaissant la Palestine comme une avancée vers une solution authentique à deux états à apporter au conflit israélo-palestinien, augmentons la pression internationale pour mettre un terme à l’occupation depuis 50 ans des territoires palestiniens, pour mettre fin à l’expansion des implantations illégales et au blocus de Gaza ».
Corbyn, largement considéré comme étant hostile envers Israël, a choisi de ne pas assister à un dîner particulier organisé pour le centenaire de la déclaration Blafour jeudi à Londres, auquel était présent le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
A cette occasion, la Première ministre Theresa May a expliqué qu’elle ne s’excuserait « absolument pas » pour la déclaration Balfour qui a ouvert la voie à l’établissement de l’Etat d’Israël, « le plus extraordinaire », tout en notant que la vision de la coexistence entre Juifs et Arabes restait « inachevée ».
A sa place, Corbyn a envoyé la secrétaire aux Affaires étrangères du gouvernement fantôme du partie travailliste, Emily Thornberry.
Dans un discours marquant le centenaire de la déclaration, May a salué ardemment l’Etat juif, le qualifiant de « vraie nation start-up », de « symbole d’ouverture, démocratie florissante, et de phare dans le monde dans le maintien des droits des femmes et de la communauté LGBT ».
Dans son allocution, la Première ministre britannique a également noté que « malheureusement, Balfour reste inachevé – sa vision fondamentale de coexistence pacifique n’a pas été réalisée ». Elle a exprimé son soutien à une solution à deux états, soulignant qu’Israéliens et Palestiniens devaient faire des compromis respectivement sur les implantations et les incitations.
« Il faudra des compromis de la part des deux parties si nous voulons avoir une chance réaliste d’atteindre cet objectif – notamment la fin de la construction des nouvelles implantations et la fin, aussi, des incitations palestiniennes », a-t-elle expliqué.
« Mais alors que nous travaillons ensemble sur la vision de Balfour d’une coexistence pacifique, nous devons être également clairs sur le fait qu’il ne pourra y avoir aucune excuse pour le mouvement BDS (boycott, divertissement ou sanctions) : Il est inacceptable et ce gouvernement refusera d’avoir affaire à ceux qui y souscrivent », a ajouté la Première ministre britannique.
Un proche conseiller de Corbyn, Fabian Hamilton, a indiqué au Times of Israel qu’il ignorait pourquoi Corbyn a décidé de snober le dîner.
« Je ne pense pas qu’il faille que nous lisions cela comme un boycott de Netanyahu », a affirmé Hamilton, tout en rappelant que, lorsqu’il était leader de l’opposition, l’ancien Premier ministre Tony Blair avait choisi de ne pas se rendre aux dîners où il n’était pas invité à s’exprimer.
Cette semaine, Thornberry a suggéré que le centenaire de l’engagement britannique à soutenir la création d’un foyer juif en Palestine ne devrait pas être fêté. La manière la plus appropriée de célébrer l’événement, a-t-elle dit au site internet Middle East Eye, était de « reconnaître la Palestine ».