Mayana et Noah Hershkovitz, 65 et 68 ans : Le couple qui partageait l’amour de l’art
Ils ont été assassinés par des terroristes du Hamas dans leur domicile du kibboutz Beeri, le 7 octobre
Mayana Hershkovitz, 65 ans, et son mari Noah Hershkovitz, 68 ans, ont été assassinés par des terroristes du Hamas dans leur domicile du kibboutz Beeri, le 7 octobre 2023.
A environ 7h30 du matin, ils ont dit à l’un de leurs enfants qu’ils avaient verrouillé les portes et les fenêtres de leur habitation, craignant une invasion des terroristes du Hamas au sein de la communauté. Tous les contacts ont été coupés à 11h30 du matin.
Le couple a été considéré comme porté-disparu pendant plus de dix jours et l’hypothèse de leur kidnapping a alors été privilégiée. La famille a finalement été informée, le 17 octobre, que le corps sans vie de Noah avait été officiellement retrouvé. Deux jours après, la dépouille de Mayana a été à son tour formellement identifiée.
Le couple a été inhumé, le 20 octobre, à Kidmat Tzvi, sur le plateau du Golan. Il laisse derrière lui trois enfants, Ella, Amit et Tamir, et sept petits-enfants, Amir, Daniel, Oz, Lavi, Maayan, Raz et Naomi. Noah laisse aussi derrière lui son père, Yosef, et un frère aîné, Zion.
La mère de Mayana, Shoshana Karsenty, a elle aussi été assassinée à Beeri, le 7 octobre. Son père, Eli, 93 ans – qui a été capturé par l’Egypte en date du 9 octobre 1973 et retenu en otage avant d’être libéré deux mois plus tard – est pour sa part parvenu à survivre aux atrocités. Mayana laisse aussi derrière elle un frère, Moti.
Mayana a grandi au kibboutz Ein Hashlosha, une communauté voisine. Elle était une artiste prolifique et enseignait l’art – et l’éducation physique. Elle peignait, dessinait, créait des céramiques et faisait de la photographie, selon un hommage funèbre qui a été rendu par le kibboutz.
Noah, de son côté, était né et a grandi à Tel Aviv. Il a combattu pendant la guerre de Yom Kippour et pendant les deux guerres du Liban et a travaillé pendant de nombreuses années au sein de la laiterie du kibboutz avant d’obtenir un diplôme d’ingénieur à l’âge de 40 ans. Il avait alors intégré une entreprise de Sderot.
Le couple s’est rencontré en 1975 au kibboutz Kalya, sur la mer Morte, où Mayana faisait une année de service national et où elle faisait partie d’un groupe de jeunes militaires chargé de construire la communauté. Leur mariage a eu lieu trois ans plus tard, à la fin du service de Mayana, et le jeune couple, à l’époque, s’est installé à Ein Hashlosha. Ils ont déménagé en 1986 à Beeri et y sont y restés jusqu’à leur mort.
Le couple partageait le même amour pour la musique classique, pour les arts et pour le travail du bois, mais aussi l’amour du sport – avec une préférence pour la natation et les sorties en vélo. Tous les deux étaient également profondément dévoués à leurs enfants et à leurs petits-enfants, a fait savoir la famille.
Leur belle-fille, Leeor Rosenberg, a partagé, sur Internet, l’éloge funèbre qu’elle a prononcé lors de leurs funérailles. Noah, a-t-elle écrit, « n’avait pas honte de pleurer, d’être ému, d’être enthousiaste ou heureux ». Elle a raconté le moment où il avait rencontré sa petite-fille pour la toute première fois, « il lui chantait des comptines d’une voix douce, avec ses mains fortes, ses mains sûres et agiles, qui étaient si douces et si patientes » lorsqu’il tenait le bébé. « Vous saviez très exactement comment la tenir, comment l’embrasser, comment vous occuper d’elle, comment l’aimer et comment la tenir. »
Mayana, a-t-elle ajouté, « mettait l’art au centre du cœur battant de la vie. Votre capacité à entremêler vos besoins, vos rêves, vos amours en les intégrant dans une vie pleine et riche – c’est de l’art en soi ». Elle a ajouté que « vous vous consacriez pleinement à passer des journées toutes entières avec vos petits enfants, avec une patience interminable pour un jeu ou un autre, pour les voyages, pour parler au téléphone ou pour partager vos conseils ». Elle savait aussi consacrer toute son attention « à ses parents, à ses enfants, à ses amis et à ses voisins », a-t-elle noté. Dans tous les domaines de la vie, a continué Leeor, Mayana « trouvait le temps de tout faire grâce à son amour infini pour la vie, pour la paix intérieure, grâce à son dévouement incroyable à l’égard de ceux qu’elle aimait. Ce qui, à mes yeux, est de l’art ».
La fille aînée du couple, Ella, a elle, à l’occasion de son quarantième anniversaire, écrit une publication où elle évoque ses parents et ce dont elle a hérité d’eux.
« De papa, j’ai hérité de la capacité d’être exigeante, de ne pas être en retard, de promettre et de toujours tenir mes promesses », a-t-elle écrit. « J’ai hérité de la capacité de compter (majoritairement) sur moi-même – ce qui n’est pas toujours positif – et de faire 20 fois la même chose (ce qui est un peu ennuyeux), avec une obsession pour l’alimentation, la nécessité de toujours aider les autres et de faire preuve de bienveillance. »
Évoquant sa mère, Ella a écrit : « J’ai hérité d’elle la capacité à ne pas me disputer, à faire la paix. A gérer les choses, à me faire partout des amis, à discuter, à toujours avoir un large sourire, à toujours avoir un visage accueillant et un regard rieur. »
Son objectif, a-t-elle ajouté, est de continuer le chemin que ses parents ont ouvert : « Aimer, rire, créer… Rêver, réussir, réaliser, l’emporter sur le Mal et faire se propager la lumière sur le monde. »