McCain : « stupéfait » que les Etats-Unis n’aient pas vu l’accord Iran-AIEA
Le chef de l’armée Dempsey déclare que Téhéran est encore une menace militaire, et contrairement à l’assertion d’Obama, la guerre n’est pas la seule alternative à l’accord

WASHINGTON — Le Sénateur John McCain du Comité du Sénat des Forces Armées a averti mercredi que l’accord du nucléaire des puissances mondiales avec l’Iran pourrait mettre en danger l’armée américaine, et s’est plaint que les « accords secondaires » avec l’Iran, non examinés par les Etats-Unis, ont restreint la capacité du Congrès à évaluer la viabilité de l’accord.
« L’accord avec l’Iran ne prépare pas seulement le chemin de l’Iran vers la capacité nucléaire, il prépare le chemin de l’Iran à devenir une puissance dominante du Moyen Orient », a admonesté McCain aux officiels de l’administration dans ses commentaires d’ouverture au comité.
« Au lieu d’améliorer notre capacité de dissuasion avec l’Iran, il semble que cela améliore la dissuasion de l’Iran contre nous », a-t-il averti, ajoutant que s’il devait y avoir un conflit entre les deux états, « la vie de soldats américains sont plus en danger à cause de l’accord ».
La session très houleuse du puissant Comité du Sénat a vu le premier témoignage public du Secrétaire de la Défense Ashton Carter et du Chef des Armées le Général Martin Dempsey depuis que le Congrès a commencé son examen de l’accord controversé.
« Quand nous prenons en considération les conséquences stratégiques plus larges de l’accord, les effets de second ordre, ce qui est déjà un mauvais accord ressemble à quelque chose d’encore pire », a déclaré McCain.
Il a posé de très nombreuses questions à Carter et au Secrétaire de l’Energie Ernest Moniz sur ce qu’il a décrit comme des « accords secondaires » entre l’Iran et l’AIEA concernant les procédures de vérification et au-delà des dimensions militaires du programme nucléaire de Téhéran.
McCain a déclaré qu’en permettant à l’Iran de négocier sur ces sujets seulement avec l’AIEA, les puissances mondiales avaient cédé trop de contrôle sur des détails clefs non inclus dans l’accord signé.
Moniz a expliqué que « l’accord avec le JCPOA stipule que l’Iran doit coopérer avec l’AIEA ».
« Avec chaque pays comme l’Iran, le diable est dans le détails », a rétorqué McCain après que Moniz lui ait dit que ni lui ni Carter n’avaient eu accès aux documents expliquant les engagemens de l’Iran à l’égard de l’AIEA.
« Il est absolument stupéfiant que vous n’ayez pas vu les documents qui expliquent la procédure de vérification, a-t-il déclaré. Comment pouvons-nous autrement déterminer si nous pouvons faire appliquer et vérifier l’accord ? »
McCain a exprimé sa préoccupation que le Congrès vote sur l’accord des mois avant que les accords entre l’Iran et l’AIEA ne soient finalisés.
Kerry a défendu les arrangements entre l’Iran et l’AIEA expliquant que de tels accords sont typiques des relations entre l’AIEA et tous les États qu’il supervise, et que ces accords sont tenus secrets entre les États en question et l’institution internationale de surveillance sur le nucléaire.
Kerry a reconnu que ni lui ni aucun autre membre de l’administration n’avait vraiment eu accès à l’accord lui-même.
« Nous connaissons les grandes lignes de l’accord, a-t-il affirmé ajoutant que l’accord « n’est pas partagé avec le monde, mais nous en avons été informé ».
Selon McCain, Kerry, Moniz et le Secrétaire du Trésor Jack Lew sont tous venus à la rencontre à leur propre demande. McCain a déclaré qu’il avait seulement envoyé des invitations à Dempsey et à Carter pour informer le comité sur les dimensions militaires de l’accord, mais que les trois avaient demandé à être présents.
Kerry, Moniz et Lew forment le triumvirat de l’administration pour vendre l’accord sur le nucléaire au Congrès.
Les trois ont témoigné mardi devant une session houleuse du Comité de Affaires Etrangères de la Chambre des Représentants, et jeudi dernier devant le Comité des Relations Etrangères du Sénat.
Carter s’est efforcé de rassurer les sénateurs que l’accord « n’enlève aucune option au prochain président » ajoutant que c’est « un accord qui mérite votre soutien ».
Carter, qui a visité Israël la semaine dernière dans un effort de calmer les tensions après l’accord sur le nucléaire obtenu par les puissances mondiales et l’Iran plus tôt ce mois, a déclaré aux membres du comité que les Etats-Unis « sont engagés pour rendre Israël plus fort et plus capable » militairement.
Il a reconnu que le Premier ministre Benjamin Netanyahu continue à s’opposer fermement à l’accord sur l’Iran, mais a souligné le soutien américain à la défense d’Israël, y compris la livraison anticipée en 2016 d’avions de combat dernier cri F-35 et la collaboration actuelle entre les Etats-Unis et Israël sur les systèmes de défense de missile la Fronde de David, Arrow et le Dôme de Fer.
Sous la pression de John McCain, le chef des Armées, le Général Matin Dempsey, a reconnu que dans le passé, il avait préconisé de règles plus strictes pour contrôler les achats et les ventes d’armes conventionnelles de l’Iran.
« Il ne vous surprendra pas que ma recommendation était de maintenir la pression sur l’Iran aussi longtemps que possible », a-t-il déclaré au comité.
Dempsey a été interrogé sur des déclarations, faites devant le même comité des semaines avant que l’accord sur le nucléaire n’ait été obtenu, où il avertissait que les capacité d’armes conventionnelles de l’Iran représentaient une menace, après que l’administration ait déclaré que les missiles ballistiques n’entraient pas dans le cadre de l’accord sur le nucléaire.
L’accord final avec l’Iran lève les restrictions sur les ventes et l’acquisition de technologie d’armes conventionnelles d’ici huit ans.
Dempsey a déclaré que l’administration avait discuté de la question des armes conventionnelles avec lui, expliquant qu’il a été « consulté et interrogé pour donner des conseils de manière épisodique lorsque les questions militaires devenaient pertinentes » et qu’une « semaine ou deux avant que l’accord ne soit finalisé, j’ai donné mes recommendations finales concernant les sanctions ».
Le témoignage de Dempsey a pris un ton plus prudent que celui de ses collègues. Lorsqu’on l’a interrogé au sujet de l’impact de l’accord sur les menaces de l’Iran à la région, le chef des Armées a déclaré que les menaces non nucléaires de l’Iran « vont d’un large éventail depuis la technologie des missiles ballistiques au traffic d’armes, à l’utilisation de substituts aux mines navales, à l’activité sous-marine, et de manière tout aussi importante, l’activité malveillante sur Internet ».
« En fin de compte, le temps et le comportement de l’Iran déterminera si l’accord sur le nucléaire est efficace et durable », a-t-il ajouté.
Dempsey a également été interrogé par le Sénateur militaire vétéran Joni Ernest s’il n’y avait vraiment aucune autre alternative à l’accord que la guerre, comme le président américain Barack Obama l’a suggéré à plusieurs reprises au cours de récentes semaines. Dempsey a répondu : « Tant que nous sommes d’accord que des frappes militaires contre un pays correspondent à un acte de guerre, mais il y a des étapes entre tout cela ».