McGurk : Sinwar est probablement vivant dans un tunnel de Gaza « entouré d’otages »
Ces derniers jours, Sinwar aurait repris contact avec des responsables du Hamas en dehors de la bande de Gaza, après plus d'un mois sans nouvelles
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Les États-Unis estiment que le chef du groupe terroriste palestinien du Hamas, Yahya Sinwar, est en vie et qu’il se cache probablement dans un tunnel souterrain de Gaza avec des otages à proximité, a révélé mercredi l’expert de la Maison Blanche pour le Proche-Orient, Brett McGurk.
« Yahya Sinwar reste le décideur. Nous pensons qu’il est toujours en vie et qu’il se trouve dans un tunnel sous la bande de Gaza, qu’il retient des otages et qu’il a probablement des otages autour de lui », a affirmé McGurk lors d’une réunion téléphonique organisée par la Maison Blanche avec des rabbins américains à l’occasion des grandes fêtes juives du mois de Tishri.
Les remarques de McGurk constituent la mise à jour la plus détaillée concernant le statut de Sinwar de la part d’un haut fonctionnaire américain depuis des semaines.
Ces derniers jours, Sinwar aurait repris contact avec des responsables du Hamas en dehors de la bande de Gaza, après plus d’un mois sans nouvelles.
Le Wall Street Journal a rapporté plus tôt dans la journée de mercredi que Sinwar avait ordonné à ses commandants en Cisjordanie de renouveler les attentats suicides en Israël peu après avoir remplacé Ismaïl Haniyeh à la tête du bureau politique du groupe terroriste palestinien, à la suite de l’élimination de ce dernier à Téhéran.
McGurk a réitéré la conviction de l’administration que la guerre menée contre le Hamas à Gaza pourrait prendre fin immédiatement si Sinwar acceptait de libérer les 101 otages restants toujours détenus à Gaza.

Lors de leur appel téléphonique mercredi, la Maison Blanche a indiqué que le président américain Joe Biden et le Premier ministre Benjamin Netanyahu « ont discuté de la nécessité urgente de relancer la diplomatie pour libérer les otages détenus par le Hamas ».
Biden a également évoqué « la situation humanitaire à Gaza et l’impératif de rétablir l’accès au nord, y compris en revigorant immédiatement le corridor depuis la Jordanie », selon le communiqué américain.
L’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a émis séparément une critique plus approfondie à l’encontre d’Israël concernant sa gestion de la situation humanitaire à Gaza.
L’armée israélienne a déclaré dimanche que ses troupes avaient encerclé la ville de Jabaliya dans le cadre d’une nouvelle opération terrestre visant les efforts du Hamas pour se réimplanter dans le nord de la bande de Gaza.
Avant l’opération, Tsahal a émis de nouveaux ordres d’évacuation pour les villes de la région et a déclaré se préparer à ordonner l’évacuation de tout le nord de la bande de Gaza, où des dizaines de milliers de Palestiniens résident encore.
« Les États-Unis sont préoccupés par la situation dans le nord de Gaza, notamment par l’annonce par Israël d’un nouvel ordre d’évacuation pour plusieurs communautés. Nous sommes particulièrement préoccupés par le fait que les civils palestiniens n’ont aucun endroit sûr où aller », a déclaré Thomas-Greenfield lors d’une session du Conseil de sécurité consacrée au Moyen-Orient.
« Des rapports dévastateurs font déjà état des conditions sordides qui règnent dans la zone humanitaire du sud et du centre de Gaza, où plus d’un million et demi de civils déplacés ont fui. Ces conditions catastrophiques ont été prédites il y a des mois, et pourtant, rien n’a encore été fait pour y remédier. Il faut que cela change, et maintenant. Nous demandons à Israël de prendre des mesures urgentes en ce sens, et je réitère l’attente des États-Unis que les civils palestiniens, y compris ceux qui ont été évacués du nord, soient autorisés à retourner dans leurs communautés et à reconstruire », a ajouté l’envoyée américaine.
« Nous sommes également préoccupés par les récentes mesures prises par le gouvernement israélien pour limiter la livraison de marchandises à Gaza. Combinées aux nouvelles limites bureaucratiques imposées aux produits humanitaires en provenance de Jordanie et à la fermeture de la plupart des points de passage au cours des dernières semaines, ces restrictions n’auront pour effet que d’intensifier les souffrances à Gaza », a poursuivi Thomas-Greenfield.

En ce qui concerne la récente avancée du projet de loi à la Knesset visant à interdire les opérations de l’Office (très) controversé de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) en Israël et à empêcher les autorités israéliennes de contacter les responsables de l’agence onusienne, Thomas-Greenfield a déclaré que les États-Unis étaient « profondément préoccupés » par ces propositions.
Notant les lourdes allégations qui pèsent sur l’UNRWA, elle a déclaré que seul « un petit pourcentage » de son personnel a des liens avec des groupes terroristes et a participé aux massacres du 7 octobre qui avaient déclenché la guerre de Gaza.
« Dans le même temps, nous savons que le personnel de l’ONU, y compris celui de l’UNRWA, joue un rôle essentiel dans la réponse humanitaire à Gaza et qu’il est confronté à d’énormes dangers dans l’exercice de ses fonctions », a déclaré l’envoyée américaine, appelant Israël à fournir davantage d’informations sur les allégations concernant l’UNRWA et demandant à l’agence de mieux répondre à ces inquiétudes.
L’opération de Jabaliya a marqué la quatrième poussée de Tsahal dans le nord de la ville de Gaza depuis le début de la guerre il y a un an. L’armée a déclaré cette semaine qu’elle se préparait à évacuer les civils de tout le nord de Gaza et qu’elle élargirait la taille de la zone humanitaire.

C’est dans cette zone, où réside actuellement la grande majorité de la population gazaouie, que la majeure partie de l’aide humanitaire est acheminée. Il y a également des hôpitaux de campagne, mais les organisations humanitaires ont affirmé que les services y sont insuffisants et qu’ils sont massivement surpeuplés.
Interrogé lors d’une conférence de presse sur le soutien des États-Unis à la reprise des opérations militaires israéliennes dans le nord de la bande de Gaza, le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, a répondu que l’administration Biden soutiendrait toujours le droit d’Israël à cibler les terroristes, tout en réitérant l’appel de Washington à Israël pour qu’il planifie la gestion de la bande de Gaza après la guerre.
« Nous continuons à craindre qu’en l’absence d’un plan politique, d’un plan pour l’après-guerre à Gaza qui comprenne une voie politique permettant au peuple palestinien de réaliser ses aspirations légitimes, Israël va s’enliser dans ce type d’opérations pendant un certain temps, avec des conséquences humanitaires terribles pour le peuple palestinien et de réels problèmes de sécurité pour le peuple israélien », a estimé Miller.
Miller a ajouté que les États-Unis souhaitaient toujours voir la mise en œuvre de leur proposition de cessez-le-feu à Gaza, qui « aiderait à répondre à la question de savoir à quoi ressemble le lendemain pour la situation à Gaza ».
Toutefois, il a expliqué que Sinwar n’était toujours pas disposé à entamer des négociations, comme c’est le cas depuis plusieurs semaines.
« Il est probablement raisonnable de conclure qu’il observe ce qui se passe dans le nord, qu’il observe les attaques de l’Iran contre Israël et qu’il pense peut-être qu’il est sur le point d’obtenir ce qu’il a toujours voulu, c’est-à-dire une guerre régionale à grande échelle », a ajouté Miller.