Mémoire : Le PC veut faire débaptiser deux rues de pro-nazis à Avignon
L'une porte le nom d'Alexis Carrel, chirurgien, biologiste et prix Nobel, pro-nazi, qui a milité pour l'eugénisme et le meurtre systématique des enfants handicapés
Le Parti communiste a demandé au conseil municipal d’Avignon (Provence) de faire débaptiser deux rues de la ville et va créer un comité pour porter cette revendication, a rapporté France Bleu. L’annonce a été faite ce 19 juillet, à l’occasion de la journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites.
Les deux rues avignonnaises concernées sont celles portant les noms d’Alexis Carrel et d’Aimé Autrand.
Chirurgien et biologiste, prix Nobel de physiologie ou médecine en 1912, Alexis Carrel (1873-1944) a exprimé des thèses nazies dans son ouvrage L’Homme, cet inconnu (1935). Il a aussi milité pour l’eugénisme et le meurtre systématique des enfants handicapés. Sous l’Occupation, il a été membre du Parti populaire français de Jacques Doriot, parti pro-nazi.
Plusieurs rues, avenues et parcs à son nom ont été débaptisées, notamment à Angers, Limoges, Gatineau (Québec), Montréal et La Queue-en-Brie.
La faculté de médecine de l’université Lyon I Alexis-Carrel a elle changé de nom en 1996.
Outre Avignon, la ville de Compiègne compte une allée du nom de l’Ambulance Alexis Carrel.
« Alexis Carrel développe des principes d’eugénisme, c’est-à-dire le choix de certaines races au détriment d’autres. Le nouveau gouvernement nazi va même s’appuyer sur ces théories. Il développera à partir de là la volonté de détruire ces gênes perturbateurs, notamment par les chambres à gaz », a exprimé André Castelli, responsable du Parti communiste à Avignon.
Aimé Autrand, Avignonnais, agent de la préfecture dans les années 1940, a lui contribué à élaborer des listes d’habitants juifs.
« Il travaillait à la direction des services de la question juive. Il a été de ses personnalités qui n’ont pas trouvé d’inconvénients à contrôler qui était Juif, qui ne l’était pas, à Avignon et en Vaucluse. Il a contribué à l’élaboration de listes de Juifs, enfants et adultes, qui ont ensuite été déportés », a expliqué André Castelli.
Les rues pourront être débaptisées après un vote du conseil municipal.
La question de la débaptisation d’endroits publics ou le retrait de statues de personnages historiques controversés a été relancée ces derniers mois par le mouvement Black Lives Matter.