Milchan est gêné par la présence de Sara Netanyahu dans la salle, dit Liat Ben-Ari
L'épouse du Premier ministre a fait le voyage en Grande-Bretagne pour assister au témoignage par visioconférence du milliardaire dans le cadre du procès pour corruption de son mari
La procureure de l’État adjointe Liat Ben Ari a révélé lundi qu’Arnon Milchan, qui est un témoin déterminant dans le procès pour corruption du Premier ministre Benjamin Netanyahu, lui avait confié que la présence de l’épouse de Netanyahu, Sara, dans la salle de l’Old Sea Hotel de Brighton, en Grande-Bretagne, d’où il s’exprime actuellement par visioconférence devant les juges de la Cour de district de Jérusalem le mettait mal à l’aise.
« Ce matin, lorsque moi-même et le procureur Alon Gildin sommes entrés dans la pièce, le témoin nous a interpellés et il nous a dit qu’il se sentait très mal à l’aise dans la situation actuelle, avec madame Netanyahu qui est assise dans la même salle que lui et avec le Premier ministre qui se trouve dans la salle d’audience du tribunal de Jérusalem », a dit Ben Ari, selon des informations parues dans les médias israéliens au septième jour du témoignage de Milchan.
Milchan témoigne depuis l’hôtel Old Sea Hotel à Brighton par visioconférence. Netanyahu est actuellement sur le banc des accusés pour fraude et pour abus de confiance dans trois dossiers distincts et pour pots-de-vin dans l’un d’entre eux.
« Le témoin se sent très mal à l’aise et il demande au tribunal de comprendre ce sentiment – ce sont ces propres mots. Je lui ai demandé de le dire devant la Cour et il nous a demandé de le faire à sa place », a continué Ben Ari.
Sara Netanyahu a fait le voyage au Royaume-Uni pour assister au témoignage de Milchan et elle a été présente tous les jours dans la salle. Milchan n’avait pas pu faire le déplacement au sein de l’État juif pour des raisons de santé.
La semaine dernière, Ben Ari avait accusé Sara de communiquer avec le témoin par des gestes et par des expressions du visage. Elle s’était aussi opposée à l’embrassade et aux quelques mots échangés, mercredi dernier, entre l’épouse du Premier ministre et le producteur de Hollywood avant le début de son témoignage, mercredi dernier.
La première magistrate Rivka Friedman-Feldman avait implicitement déclaré à Sara Netanyahu, à ce moment-là, que les personnes impliquées dans le dossier devaient s’abstenir de tout contact avec Milchan pendant son témoignage.
De son côté, Amit Hadad, l’avocat de la défense de Netanyahu, s’est opposé avec force aux propos tenus par Ben Ari lundi, disant qu’il n’était pas « légitime », pour les procureurs, de s’entretenir avec les témoins et ajoutant que « j’ai demandé moi-même au témoin s’il demandait le départ de la pièce de madame Netanyahu et il m’a répondu non ».
Dimanche, Milchan a affirmé dans son témoignage que le chef de gouvernement n’était pas intervenu en sa faveur lors de l’avancée de la fusion proposée des deux chaînes de télévision Keshet et Reshet – une initiative dont il aurait profité financièrement. Il a précisé que cette proposition de fusion entre les deux chaînes n’avait été qu’une vague idée qui ne s’était jamais développée de manière significative, et que le Premier ministre ne lui avait, de toute façon, apporté aucune aide.
D’autres témoins déterminants comme Shlomo Filber, ancien conseiller de premier plan de Netanyahu, avaient néanmoins fait savoir dans leurs témoignages que le Premier ministre avait tenté de venir en aide à Milchan, son ami – qui lui avait offert des cadeaux de luxe à hauteur de centaines de milliers de shekels – dans le cadre de la fusion envisagée.
Dans l’Affaire 1000, Netanyahu est accusé d’avoir abusé de son pouvoir pour privilégier les intérêts de Milchan – il l’aurait aidé à obtenir un visa de résidence à long-terme aux États-Unis, d’avoir promu une législation qui aurait permis au producteur de Hollywood d’avoir droit à des allègements fiscaux et d’avoir soutenu également la fusion Keshet-Reshet, alors même qu’il recevait des cadeaux luxueux de la part du milliardaire.
C’est la deuxième semaine du témoignage de Milchan, une deuxième semaine qui est largement consacrée au contre-interrogatoire de l’avocat de la Défense de Netanyahu, Amit Hadad. Le milliardaire témoigne actuellement par visioconférence depuis l’Old Sea Hotel de Brighton, au Royaume-Uni, devant la Cour de district de Jérusalem, où Netanyahu est actuellement sur le banc des accusés pour fraude et pour abus de confiance dans trois dossiers distincts et pour pots-de-vin dans l’un d’entre eux.
Milchan — homme d’affaires bien connu et producteur à Hollywood qui est également actionnaire de la Dixième chaîne (devenue depuis la Treizième chaîne) exploitée par Reshet – a affirmé, dimanche, que le projet de fusion entre Keshet et Reshet n’était finalement pas allé bien loin.
« Je vais raconter toute l’histoire de Reshet et Keshet très simplement, je n’avais pas envie de devenir investisseur avant qu’il y ait une fusion », a dit Milchan, dimanche.
Alors que le juge Moshe Baram lui demandait s’il y avait eu des négociations commerciales entre les deux parties, Milchan a déclaré que l’actionnaire majoritaire de Reshet, Udi Angel, n’était pas intéressé à l’idée d’une fusion.
« Il n’y a pas eu de négociations, il n’y a pas eu de prix, il n’y a rien eu – juste des idées vagues », a-t-il dit.
Dans un témoignage livré devant le tribunal, l’année dernière, Filber avait indiqué que Netanyahu lui avait demandé d’aider Milchan sur des questions de régulation en lien avec la fusion.
Milchan a précisé dans son témoignage, dimanche, qu’il avait informé Netanyahu de l’idée « par rapport à sa casquette de ministre des Communications » – le Premier ministre était en charge de ce portefeuille à l’époque – et que Netanyahu avait été intéressé par cette idée, mais il a noté que la proposition n’était jamais allée suffisamment loin pour qu’une approbation en matière de régulation soit nécessaire.
Hadad a abordé d’autres aspects de l’Affaire 1000 pendant ce témoignage, demandant précisément si Netanyahu et sa femme avaient offert des cadeaux à Milchan et à sa famille – une tentative visant à prouver l’amitié mutuelle et sincère liant le milliardaire et le Premier ministre.
Milchan a répondu que Sara avait en effet offert à son épouse, Amanda, et à ses enfants des cadeaux, confirmant l’affirmation de Hadad portant sur une franche camaraderie entre les deux familles.
Un témoignage qui a semblé contredire son interrogatoire par la police. Il avait initialement déclaré aux enquêteurs que Netanyahu ne lui avait rien donné.
« Vous voulez que je m’écroule de rire ? », avait-il déclaré dans son témoignage, à l’époque. Interrogé sur ces propos, la semaine dernière, Milchan a indiqué les avoir tenus parce qu’il ressentait « la pression » des policiers et qu’il avait ultérieurement demandé à ce que ces paroles ne soient pas retenues dans le compte-rendu de l’interrogatoire.
Interrogé, la semaine dernière, sur les noms de code utilisés par Netanyahu et par lui-même pour désigner les bouteilles de champagne, les cigares et les vêtements qu’il achetait au chef de gouvernement et à sa famille, Milchan a évoqué « un simple jeu », rejetant tout désir de dissimuler ces cadeaux au grand jour.
Milchan a également nié que Sara se plaignait s’il venait leur rendre visite sans apporter de champagne.
« Ce n’était absolument pas le cas », a-t-il affirmé.
Netanyahu a été inculpé pour fraude et pour abus de confiance dans trois dossiers. Le Premier ministre doit aussi répondre de pots-de-vin dans l’un d’entre eux, l’Affaire 4000, où il est accusé d’avoir promis d’offrir des avantages en matière de régulation au géant des télécommunications Bezeq afin d’obtenir une couverture médiatique positive sur le site d’information Walla, qui appartenait à la même famille à ce moment-là.
Netanyahu n’a cessé de clamer son innocence, de son côté, disant que ses mises en examen ont résulté d’un complot ourdi par les médias et par les enquêteurs , sous la supervision d’un procureur-général faible. Le commissaire de police, à l’époque de l’enquête, et le procureur-général qui avait signé l’acte d’inculpation avaient été nommés par Netanyahu.
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