Milchan témoignera au procès Netanyahu ; Baharav-Miara réfléchirait à un accord
L'épouse du Premier ministre sera à Brighton, au Royaume-Uni, aux côtés du milliardaire qui témoignera par liaison vidéo de ses relations avec le Premier ministre
Le magnat d’Hollywood Arnon Milchan, témoin clé dans l’une des affaires de corruption du Premier ministre Benjamin Netanyahu, doit témoigner au procès de ce dernier par liaison vidéo depuis Brighton, en Angleterre, à partir de dimanche.
Le producteur de films est un témoin dans l’affaire 1000 – l’une des trois affaires dans lesquelles Netanyahu est inculpé – qui porte sur des soupçons selon lesquels le Premier ministre aurait illicitement accepté des cadeaux, notamment des cigares et du champagne, de la part de Milchan et d’un autre milliardaire, James Packer.
Milchan témoignera du dimanche au jeudi pendant deux semaines, entre 12 et 18 heures. Un jour ou deux seront consacrés à l’interrogatoire de l’accusation, tandis que le reste du temps sera consacré au contre-interrogatoire par l’avocat de la défense de Netanyahu, Amit Hadad.
L’épouse du Premier ministre, Sara, sera présente dans la salle avec Milchan, tandis que le Premier ministre devrait être présent au tribunal de district de Jérusalem pour assister au moins au début du témoignage.
L’avocat de Netanyahu a déclaré à la Cour le mois dernier que le Premier ministre souhaitait exercer son droit d’être présent, mais qu’il n’avait pas le temps de se rendre au Royaume-Uni, et a demandé à sa femme d’assister à la séance à sa place.
L’affaire 1000 porte sur des allégations concernant des cadeaux de luxe reçus par Netanyahu et sa famille de la part de riches bienfaiteurs, dont Milchan, et des contreparties qu’il est accusé d’avoir fournies en retour. L’acte d’accusation contre Netanyahu allègue qu’il a aidé Milchan à obtenir des visas américains et des avantages réglementaires et fiscaux liés à ses intérêts commerciaux.
Selon l’accusation, Milchan a offert aux Netanyahu des produits de luxe entre 2011 et 2016 – notamment des cigares, du champagne et des bijoux d’une valeur estimée à 700 000 shekels – en échange des services allégués. La défense de Netanyahu dans l’affaire 1000 a déclaré qu’il n’était pas au courant que sa femme recevait des cadeaux de Milchan et de son associé Packer.
Les procureurs devraient se fonder sur le témoignage de Milchan pour démontrer que les cadeaux offerts à Netanyahu étaient particulièrement coûteux, par rapport à ceux offerts à d’autres personnalités publiques.
L’équipe de défense de Netanyahu devrait s’attacher à démontrer l’amitié des Netanyahu avec Milchan et à démontrer que le magnat d’Hollywood prodiguait fréquemment des cadeaux généreux à tous ses amis.
Ce témoignage intervient alors que le procureur général Gali Baharav-Miara devrait rencontrer l’accusation et la défense à la fin du mois pour tenter de parvenir à un accord dans le procès, a rapporté vendredi le quotidien Haaretz.
Cette information fait suite aux déclarations des juges chargés du procès, qui auraient indiqué aux procureurs que l’accusation de corruption dans l’affaire 4000, la plus importante des trois affaires contre Netanyahu, serait difficile à prouver.
Selon les reportages de Walla et de la Treizième chaîne jeudi, les juges ont rencontré les procureurs de l’État et l’équipe de défense de Netanyahu dans leur cabinet afin de discuter des complexités liées à l’accusation, et ont exhorté les deux parties à envisager une négociation de plaidoyer ou une médiation pour « le bien du pays ».
Au début du mois, le chef de l’opposition Yair Lapid a témoigné au sujet de son poste de ministre des Finances en 2013-2014, lorsqu’il a refusé de prolonger la durée de l’allégement fiscal accordé aux Israéliens de retour au pays qui ont vécu à l’étranger, de 10 à 20 ans, après avoir été approché par Netanyahu et Milchan à ce sujet.
L’année dernière, l’ancienne assistante personnelle de Milchan, Hadas Klein, a détaillé les différents cadeaux offerts à Netanyahu dans son témoignage, qui a constitué un élément clé du dossier de l’accusation.
Milchan a été interrogé à plusieurs reprises par la police au cours de l’enquête. Il a été interrogé pour la dernière fois en Israël en 2016 et a rencontré des détectives à l’étranger en 2017.
Le mois dernier, le tribunal de district de Jérusalem a approuvé la demande de Milchan de témoigner par liaison vidéo depuis l’ambassade d’Israël à Londres, après avoir déclaré qu’il ne pouvait pas se rendre en Israël pour des raisons de santé.
L’année dernière, Milchan a déclaré que lui et son équipe faisaient l’objet de menaces et de diffamation en Israël de la part de partisans de Netanyahu. Selon Haaretz, Milchan a récemment déclaré à un interlocuteur non spécifié qu’il avait peur de se rendre en Israël. Sa dernière visite remonte à sept ans, et il a déclaré qu’il ne reviendrait pas même si son état de santé le lui permettait.
Le reportage recense les voyages effectués par Milchan au cours des deux dernières années, malgré des rumeurs faisant état de sa mauvaise santé, en précisant qu’il a voyagé en jet privé entre ses propriétés de Bora Bora, Malibu, le comté de Sussex en Angleterre, et Las Vegas.
Milchan n’a pas été inculpé dans l’affaire 1000, tandis que Netanyahu a été inculpé pour fraude et abus de confiance.
Dans l’affaire 4000, Netanyahu est accusé d’avoir bénéficié de manière illicite et lucrative des intérêts commerciaux de l’actionnaire majoritaire de Bezeq, Shaul Elovitch, en échange d’une couverture positive sur le site web d’information Walla, propriété d’Elovitch. Il est accusé d’avoir abusé de ses pouvoirs lorsqu’il était à la fois Premier ministre et ministre des Communications de 2014 à 2017.
Dans l’affaire 2000, le Premier ministre est accusé de fraude et d’abus de confiance pour avoir prétendument tenté de conclure un accord avec l’éditeur du journal Yedioth Ahronoth afin que Netanyahu bénéficie d’une couverture médiatique plus positive en échange d’une législation qui contraindrait le quotidien rival Israel Hayom.
Netanyahu nie tout acte répréhensible et affirme, sans preuve, que les accusations sont une tentative de la part de la police, des procureurs, de ses rivaux politiques, des médias et d’autres individus afin de le forcer à quitter ses fonctions.