Mishael Cheshin, juge de la Cour suprême, décède à 79 ans
L’ancien vice-président de la Haute Cour était connu pour son activisme judiciaire ; Netanyahu : l’un des meilleurs juges d'Israël, un homme à l’esprit vif, original et sensible

L’ancien vice-président de la Cour suprême Mishael Cheshin, l’un des piliers du système judiciaire israélien, est décédé samedi après une longue lutte contre le cancer. Il avait 79 ans.
Cheshin sera inhumé dimanche au kibboutz Givat Hashlosha près de Petah Tikva à 17h30.
Cheshin est né à Beyrouth, Liban, en 1936. Il a grandi à Tel Aviv et à l’âge de 14 ans, a déménagé à Jérusalem. Son père, Shneor Zalman Cheshin, était juge et également vice-président de la Cour suprême.
Le fils aîné de Mischaël Shneor, nommé d’après son grand-père, a été tué dans un accident de vélo avec délit de fuite il y a cinq ans.
La semaine dernière, l’épouse de Cheshin a donné une interview au quotidien Calcalist où elle a parlé de son militantisme pour la sécurité routière, en particulier dans les questions relatives aux cyclistes.
« L’accident et le cancer l’ont vaincu. L’année écoulée a été très difficile, il est très fatigué. Mais il a encore toute sa tête. Il est content de son activisme, consacré à la sensibilisation pour les cyclistes et la sécurité routière », a-t-elle dit dans l’interview.
Cheshin a étudié le droit à l’Université hébraïque et obtenu son doctorat à l’âge de 26 ans. Il a ensuite rejoint le bureau du procureur de l’État et gravi des échelons jusqu’à devenir l’adjoint du procureur général Meir Shamgar. En 1978, après avoir été battu par Aharon Barak dans la course pour le bureau du procureur général (Barak est devenu plus tard juge puis président de la Cour suprême), Cheshin a décidé d’ouvrir un cabinet privé.
Il était professeur à la faculté de droit de l’Université hébraïque pendant près de 30 ans.
En février 2006, à sa retraite, Cheshin a exhorté les autres juges et tous les Israéliens à « lutter contre la corruption de toutes vos forces ».
Cheshin était connu pour son style personnel et son langage unique dans ses décisions. Il était partisan d’un activisme judiciaire et critiquait souvent la législation de la Knesset, non seulement pour enfreindre les Lois fondamentales, mais aussi pour violer ce qu’il considère comme des principes moraux universels.
Auteur de plus de 5 000 verdicts, Cheshin a publié des décisions sur tous les aspects de la vie.
« La méthode de la justice concernant la vie ressemble à un acteur debout sur une scène qui tournoie», a-t-il dit. « Si l’acteur ne se déplace pas, il disparaîtra du regard vers l’arrière de la scène. »
Cheshin était un farouche défenseur de la Cour suprême, même après sa retraite.
En 2007, un an après sa retraite, Cheshin a dit : « Mon père était juge de paix dans la première Cour suprême, j’étais [juge] par la suite. Il est devenu président permanent de la Cour suprême. Je suis vice-président. C’est ma maison. Celui qui ose lever la main sur mon domicile, je lui couperai la main. »
Samedi soir, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a publié une déclaration dans laquelle le Premier ministre exprime ses condoléances à la famille.
«Je tiens à exprimer mes condoléances à la famille Cheshin pour le décès du juge Dr Mishael Cheshin, l’un des meilleurs juges d’Israël et un homme à l’esprit vif, original et sensible. »
« Je l’ai vu dans sa gloire et aussi dans son grand chagrin quand son fils Shneor, que sa mémoire soit bénie, est décédé. »
« Cheshin était un homme doté de vastes connaissances et un grand adepte de la Bible et de la langue hébraïque, qu’il connaissait toutes deux parfaitement », a déclaré Netanyahu.
L’ancienne ministre de la Justice, Tzipi Livni, a déclaré que Cheshin laisse derrière lui des verdicts « forts, directs, sans compromis, écrits dans une prose littéraire qui a donné de la forme et du contenu aux valeurs de l’État d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique. »
Le chef de l’opposition, Isaac Herzog, a appelé Cheshin samedi « l’un des géants de la justice israélienne ». La franchise de Cheshin et « sa prose inspirante » faisaient partie des «piliers de la construction israélienne de la justice», qui enseigne aux Israéliens à respecter les droits humains et civils, l’égalité et la liberté d’expression « tout en préservant la sécurité d’Israël et son identité juive et démocratique. »
Cheshin laisse derrière lui une veuve et deux enfants et une fille d’une autre relation.