Mo Chara, rappeur irlandais pro-Hezbollah, affiche complet aux États-Unis
Les salles qui devraient accueillir 21 concerts cet automne gardent le silence, tandis que Kneecap nie soutenir le terrorisme et dénonce une chasse aux sorcières

JTA – Au Pier 17 à Manhattan, un affichage numérique de trois étages annonçait récemment une programmation chargée pour l’été et l’automne.
Deux concerts apparemment complets du groupe de rap irlandais Kneecap, prévus en octobre, en étaient toutefois absents, les membres du groupe faisant actuellement l’objet de poursuites judiciaires à Londres et de vives critiques dans leur pays pour leur soutien virulent à la cause palestinienne.
Les spectacles new-yorkais, programmés les 1ᵉʳ et 10 octobre, figuraient encore sur les écrans à la billetterie du Pier 17, mais nos questions sur le maintien des dates n’ont reçu qu’un « No comment » pour toute réponse.
La tournée nord-américaine de Kneecap pourrait être compromise en raison des accusations de terrorisme visant Mo Chara, qui avait brandi un drapeau du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah – soutenu par la République islamique de l’Iran – lors d’un concert à Londres en novembre 2024. En avril, Kneecap s’est produit au festival de musique Coachella en Californie, où le message « Fuck Israel Free Palestine » était affiché sur scène.
Cela soulève la question de savoir si une rhétorique violemment anti-israélienne peut suffire à disqualifier des artistes auprès de salles de concert soucieuses d’éviter les polémiques, ainsi qu’aux yeux d’un gouvernement américain déterminé à cibler ce qu’il qualifie de « sympathisants du Hamas » – le groupe terroriste palestinien responsable du pogrom du 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, au cours duquel plus de 1 200 personnes ont été assassinées et 251 emmenées en otages dans la bande de Gaza, déclenchant la guerre en cours.
Libéré sous caution et sans condition fin juin par le tribunal de Westminster à Londres, Mo Chara, de son vrai nom Liam Óg Ó hAnnaidh, a néanmoins pu se produire quelques jours plus tard au festival de Glastonbury en Angleterre, devant des dizaines de milliers de personnes. Sur scène, il a entraîné la foule dans des slogans « Free Palestine » (Libérez la Palestine) et « Fuck Keir Starmer » et ce malgré les réserves exprimées par le Premier ministre britannique, qui avait estimé que la participation du groupe au festival n’était probablement pas appropriée, compte tenu des accusations de terrorisme visant l’un de ses membres.
Interrogé samedi par le Sun sur la participation de Kneecap au festival, Keir Starmer avait déclaré qu’il ne pensait pas que le groupe devrait être autorisé à se produire.
« Je pense qu’il faut être très clair sur ce sujet. Je n’en dirai pas plus, car une procédure judiciaire est en cours, mais je ne pense pas que ce soit approprié », a-t-il ajouté.
Sur X, le même jour, la ministre britannique Kemi Badenoch a relayé un article du Times affirmant que la BBC n’exclurait pas Kneecap de sa couverture de Glastonbury.
« La BBC ne devrait pas servir de relais à la propagande de Kneecap », a écrit Badenoch. « L’un des membres du groupe est actuellement en liberté sous caution, poursuivi en vertu de la loi sur le terrorisme. En tant que média financé par le public, la BBC ne devrait pas promouvoir l’extrémisme. »

Avant la première audience de Mo Chara, le groupe avait publié un message sur X affirmant être « du bon côté de l’histoire ». Un message identique posté sur Instagram avait recueilli 350 000 « likes ».
« L’establishment britannique mène une campagne contre Kneecap qui doit être menée devant le tribunal de Westminster… Nous sommes prêts pour ce combat », peut-on lire dans le communiqué. « Nous sommes fiers d’avoir à nos côtés une équipe juridique aussi solide. Nous sommes du bon côté de l’histoire. Vous ne l’êtes pas. Nous nous battrons dans votre tribunal. Nous gagnerons. »
« L’establishment britannique mène une campagne contre Kneecap qui doit être combattue devant le tribunal de Westminster… Nous sommes prêts pour ce combat », indiquait le communiqué. « Nous sommes fiers de l’équipe juridique qui nous accompagne. Nous sommes du bon côté de l’histoire. Vous ne l’êtes pas. Nous nous battrons dans votre tribunal. Nous gagnerons. »
Le groupe a également affiché dans les rues de Londres des panneaux publicitaires sur lesquels on pouvait lire : « More Blacks More Dogs More Irish Mo Chara » (Plus (+) de Noirs, plus de chiens et plus d’Irlandais et de Mo Chara), en référence aux panneaux discriminatoires que certaines pensions londoniennes affichaient dans les années 1950 pour interdire l’accès aux Irlandais, aux Noirs et aux chiens.

« Nous avons placardé Londres de quelques messages avant cette chasse aux sorcières », a publié le groupe sur X, accompagné d’une vidéo des affiches. « Les tribunaux britanniques accusent depuis longtemps les habitants du nord de l’Irlande de ‘terrorisme’ pour des crimes qu’ils n’ont jamais commis. Nous les combattrons. Nous gagnerons. »
Kneecap a reçu le soutien de fans et d’artistes partageant leurs opinions ou défendant leur droit à la liberté d’expression. Grian Chatten, chanteur du groupe post-punk irlandais Fontaines D.C., a exprimé son soutien dans une interview au Irish Times. Début juin, Fontaines D.C. avait projeté le message « Israël commet un génocide » sur scène lors du festival Primavera Sound à Barcelone.
« C’est une chasse aux sorcières flagrante, c’est évident pour quiconque y regarde de près », a déclaré Chatten à propos des poursuites visant Mo Chara. « Je suis à leurs côtés et je n’ai absolument pas peur de le dire. Je pense que nous le sommes tous. »
Le groupe de rap a toutefois essuyé de nombreuses critiques. Le mois dernier, son concert prévu le 11 juillet au festival TRNSMT de Glasgow a été annulé pour des raisons de sécurité évoquées par la police. Sa prestation prévue le 4 juillet aux Eden Sessions en Cornouailles a également été annulée.
Mo Chara a fermement nié tout soutien au Hezbollah ou au Hamas, ainsi que toute forme d’antisémitisme. Il se déclare en revanche farouchement opposé au « génocide » à Gaza. Le groupe a scandé « Free Mo Chara » lors d’un concert le mois dernier et commercialise des t-shirts portant ce slogan. La semaine dernière le groupe a partagé sur X une vidéo de Mo Chara déclarant « Je suis un homme libre » sous les applaudissements nourris du public.

Après le concert de Kneecap à Coachella, Sharon Osbourne, personnalité juive de la télévision, avait appelé l’administration Trump à révoquer les visas de travail du groupe en amont de leur tournée américaine.
L’administration Trump a passé des appels et pris des mesures pour expulser des étudiants pro-palestiniens issus d’universités internationales, qualifiant cette politique de lutte contre l’antisémitisme. Certains groupes juifs estiment qu’une critique virulente d’Israël peut relever de l’antisémitisme, tant dans l’intention que dans l’effet.
Aux États-Unis, la chanteuse de R&B Kehlani, critique ouverte d’Israël, a vu deux de ses concerts annulés : l’un à New York pour des « raisons de sécurité », l’autre à l’université Cornell en raison de son activisme pro-palestinien.
Interrogé par la Jewish Telegraphic Agency sur la possibilité pour Kneecap d’obtenir des visas de travail pour leur tournée à guichets fermés, le département d’État américain a répondu : « Pour des raisons de sécurité, nous ne commentons pas les enquêtes ouvertes ou à venir. »

La JTA a contacté les 21 salles américaines et canadiennes où Kneecap doit se produire en octobre afin de vérifier si les concerts sont maintenus malgré la procédure judiciaire visant Mo Chara, mais aucune n’a répondu aux sollicitations.
Le Brooklyn Bowl de Nashville, où Kneecap doit jouer à guichets fermés le 4 octobre, a toutefois confirmé que le concert était maintenu, sans donner davantage de détails.
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