La dernière flambée de violences survenue sur le site sensible du mont du Temple à Jérusalem concernant la réouverture de la porte de la Miséricorde – une section située aux abords de la place qui héberge la mosquée Al Aqsa – a fait les gros titres des médias israéliens et palestiniens.
L’attention des médias se concentre dorénavant sur ce qui est salué comme étant une victoire par KO des Palestiniens et des Jordaniens dans la bataille pour le lieu saint. Un éminent analyste palestinien, Nasser al-Laham, n’a pas tardé à adopter le narratif de la victoire, écrivant qu’elle était un message transmis à Ramallah et à Gaza sur la manière de mener la lutte contre l’Etat juif.
La porte de la Miséricorde, ou porte dorée – connue en arabe sous le nom de Bab al-Rahma – avait été scellée par les autorités israéliennes en 2003 parce que le groupe qui administrait la zone entretenait des liens avec le Hamas, et elle avait été maintenue fermée pour mettre un terme à des travaux de construction hors-la-loi qui y étaient réalisés pour le compte de la Jordanie et de l’Autorité palestinienne. Selon les responsables israéliens, ces travaux avaient pu mener à la destruction d’antiquités remontant aux périodes où les Juifs étaient présents dans le secteur.
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Les tensions ont connu une escalade, ces derniers jours, dans le complexe disputé, avec des manifestations qui, au début de la semaine, se sont transformées en échauffourées avec la police et l’arrestation par la police israélienne, jeudi soir, de 60 Palestiniens soupçonnés d’être à l’origine de « perturbations ».
Des touristes contemplent le Dôme du Rocher et le Mont du Temple depuis le belvédère du Mont des Oliviers qui surplombe la Vieille Ville de Jérusalem, le 28 novembre 2018. (Yonatan Sindel/Flash90)
La police a accusé le Waqf de tenter « de modifier le statu-quo » en vigueur sur le site sensible par ce rassemblement organisé dans la zone fermée.
Le mont du Temple, le lieu où se trouvaient les anciens temples juifs bibliques et où se trouvent dorénavant la mosquée Al-Aqsa et le sanctuaire du Dôme du rocher, est devenu ces dernières années un épicentre des frictions entre Israéliens et Palestiniens.
Même avant que la question toute particulière du périmètre de la porte de la Miséricorde ait été décidée, les pyromanes habituels ont pu être observés en train de tenter d’attiser les tensions.
A leur tête, le groupe terroriste palestinien du Hamas qui fait ressortir le problème du mont du Temple à toute occasion, en plus des membres du Fatah à Jérusalem-Est et des anciens combattants Tanzim qui se sont opposés de nombreuses fois aux autorités israéliennes au cours de la Seconde intifada, au cours de la décennie passée.
Les fidèles palestiniens se rassemblent avec la prière du midi à l’entrée de la porte dorée sur le mont du Temple dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 22 février 2019 (Crédit : Ahmad GHARABLI / AFP)
Samedi, le député Ahmad Tibi du parti Hadash-Taal s’est rendu sur le site, en comprenant très bien le potentiel explosif du lieu saint et sa signification en ces jours de campagne électorale. Il faut noter que c’est Tibi qui avait donné à la Seconde intifada son surnom arabe – l’intifada Al-Aqsa.
Il s’avère toutefois que ceux qui ont tenté avec le plus d’âpreté de durcir la situation au vu de ces derniers événements sur le mont du Temple sont les Jordaniens. Ils ont décidé, la semaine dernière, de renforcer le comité central du Waqf. De 11 membres, il passe dorénavant à 18 et parmi les nouveaux-venus, de hauts-responsables du Fatah et des membres de l’AP.
Tout cela ressemble à une tentative de la part de la Jordanie de signaler l’unité avec l’AP et son président, Mahmoud Abbas, en ce qui concerne le contrôle sur le mont du Temple et Jérusalem, une tentative qui survient en amont du projet de dévoilement par l’administration du président américain Donald Trump de sa proposition de paix – cet « accord du siècle » qu’Abbas a clairement établi qu’il rejetterait.
Les membres du comité se trouvaient parmi ceux qui ont prié, la semaine dernière, dans la section Bab al-Rahma, malgré sa clôture depuis 15 ans. Cette initiative a mené la police israélienne à fermer le secteur grâce un cadenas, une barrière et des chaînes de métal. Après cela, les Palestiniens ont organisé des manifestations quotidiennes sur le site – ouvrant même des portes verrouillées lors de l’une d’elles.
Des manifestants palestiniens défoncent des portes verrouillées dans l’enceinte de la mosquée Al Aqsa sur le Mont du Temple, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 18 février 2019. (Ahmad Gharabli/AFP)
La police a réagi en fermant les entrées du mont du Temple mais cette décision a rapidement été abandonnée sous les pressions croissantes des Jordaniens et des musulmans. Finalement, les forces de l’ordre ont enlevé les verrous et les chaînes, des centaines de Palestiniens entrant immédiatement par la porte de la Miséricorde, la nettoyant et célébrant une grande « victoire ». Des photos de nombreux fidèles affluant au complexe de la mosquée Al-Aqsa ont été partagées partout.
Pour le Fatah et les membres de l’AP à Jérusalem-Est, c’est une autre importante réussite dans le combat mené contre les autorités israéliennes suite à la bataille contre les détecteurs de métaux que l’Etat juif avait placé à l’entrée du lieu saint au mois de juillet 2017, après l’assassinat de deux agents de la police des frontières qui montaient la garde par un Palestinien armé. Cet incident s’était achevé par la capitulation d’Israël sous les pressions des musulmans en moins de quinze jours.
De la même façon, dans le cas actuel : Après 15 ans de fermeture de Bab al-Rahma, les lieux ont été rouverts suite à une démonstration de force de la Jordanie et des Palestiniens.
Le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est, pour sa part, silencieusement incliné – s’éloignant la queue entre les jambes.
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