Montréal : Café Second Cup se sépare d’une franchisée qui avait appelé à la « solution finale »
Dans des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, la propriétaire de café est vue en train de faire un salut nazi pendant une manifestation pro-palestinienne ; son contrat a été annulé
Samedi 23 novembre, la chaîne de restaurants canadienne Café Second Cup a annoncé mettre fin au contrat d’un de ses franchisés, après que celui-ci a été filmé à une manifestation pro-palestinienne tenant des « propos haineux » et faisant des « gestes inappropriés », selon le communiqué.
« La nuit dernière [vendredi], notre franchisé de l’Hôpital général juif a été filmé en train de tenir des propos haineux et de faire des gestes inappropriés », peut-on notamment lire. L’Hôpital général juif se situe à Montréal.
« Second Cup a une tolérance zéro envers les discours haineux. En coordination avec l’hôpital, nous avons fermé le café du franchisé et nous procédons à la résiliation de son contrat de franchise. » Le franchisé en question n’a pas été identifié dans le communiqué de l’entreprise.
Mais plusieurs médias ont identifié la propriétaire de la franchise comme s’appelant Mai Abdulhadi, également désignée sous ce nom par la consul-général d’Israël à Montréal Idit Shamir, dans un message saluant la décision de Second Cup.
La chaîne d’information TVA Nouvelles précise que Mai Abdulhadi aurait été vue à une manifestation pro-palestinienne organisée jeudi 21 novembre au centre-ville de Montréal en train de faire un salut nazi et en criant « la solution finale arrive vers vous. Savez-vous ce qu’est la solution finale ? », un keffieh sur la tête.
Dimanche, Peter Mammas, le PDG de Foodtastic qui possède Second Cup, aurait réagi en déclarant : « Ça m’a fait beaucoup de peine et, comme communauté, on ne devrait pas accepter ces gestes-là. J’étais choqué, honnêtement. »
Il a tenu à préciser qu’il n’avait pas en soi de problème avec le fait que ses franchisés participent à une manifestation pro-palestinienne, du moment qu’elle était pacifique, « mais quand quelqu’un incite à la violence, on a un problème avec ça ».
Une vidéo montrant ce qui semble être Mai Abdulhadi à la manifestation du 21 novembre a été relayée par le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) le jour-même sur les réseaux sociaux.
Cette extrémiste masquée, soi-disant en grêve, menace violemment une personne juive en disant que "la solution finale s'en vient". En utilisant une expression employée par l'Allemagne nazie pour qualifier son projet d'annihiler le peuple juif, cette personne nous prouve son… pic.twitter.com/ptr4s5lEaU
— Le CIJA (@CIJAQC) November 21, 2024
« Ce discours haineux, cette incitation à la violence, cette apologie de la Shoah, cette menace de mort, ça appelle une réaction forte de la part des autorités », avait écrit le CIJA qui a depuis « félicité » Second Cup et l’Hôpital général juif d’avoir « agi rapidement ».
Second Cup continuera à payer le reste de son personnel et prévoit de rouvrir ses portes sous une nouvelle direction, selon le radiodiffuseur public CBC.
La chaîne d’information israélienne N12 a cité une jeune Israélienne qui vit au Canada depuis plus de dix ans, et qui a exprimé ses sentiments partagés face à la réaction de la chaîne.
« Il est quelque peu encourageant que l’entreprise ait pris des mesures, mais il est toujours profondément troublant d’entendre et de voir quelque chose comme cela se produire dans la rue », a-t-elle déclaré. « L’escalade de la violence et des discours de haine dont nous avons été témoins est préoccupante, et nous avons l’impression que la situation ne fait qu’empirer ».
Il y a quelques jours, des manifestations avaient été organisées à Montréal en opposition à l’organisation d’une conférence de l’OTAN dans la ville. Les activistes protestent contre l’alliance militaire occidentale en raison du soutien perçu de ses membres à Israël.
Selon les médias canadiens, les manifestants ont brisé des vitres, brûlé des véhicules, attaqué des cabinets, lancé des bombes fumigènes et des feux d’artifice, et même brûlé une effigie du Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant la manifestation. Plusieurs faits de violence antisémite ont été rapportés.
Le CIJA a qualifié les protestations de « manifestation terrifiante de violence, de haine et d’anarchie » et a demandé aux dirigeants canadiens de faire davantage pour lutter contre l’antisémitisme.
Le groupe a déclaré dans un communiqué : « Des incendies ont été allumés, des commerces ont été vandalisés et les Canadiens juifs se sont une fois de plus sentis en danger dans leur propre pays. Nos dirigeants politiques doivent cesser d’excuser l’extrémisme. La police doit faire respecter la loi. Et tous les Canadiens doivent prendre l’antisémitisme au sérieux – MAINTENANT ».
Dans un communiqué, Deborah Lipstadt, historienne de l’Holocauste et envoyée spéciale chargée de surveiller et de combattre l’antisémitisme, a condamné les commentaires sur la « solution finale » et a ajouté : « La rhétorique antisémite qui a alimenté les émeutes anti-OTAN à Montréal envoie un signal clair. La haine des Juifs incite à la violence, perturbe la sécurité nationale et érode la démocratie ».