Moody’s : Un gouvernement faible en Israël signifie une économie faible
Commentant la faible croissance du PIB d'Israël au 2e trimestre, l'agence de notation évoque des défis économiques considérables
David Shamah édite notre section « Start-Up Israel ». Spécialiste depuis plus de dix ans en technologies et en informatique, il est un expert reconnu des start-up israéliennes, de la high-tech, des biotechnologies et des solutions environnementales.

L’économie israélienne fait actuellement face à des obstacles majeurs, a déclaré l’agence de notation Moody’s, pointant un rapport publié la semaine dernière par le Bureau Central des Statistiques israélien (CBS), dans lequel l’économie israélienne a montré une faiblesse que Moody’s a qualifiée de « surprenante ».
Selon ces chiffres, il est prévu que la croissance de l’économie israélienne s’élèverait d’année en année à seulement 2,6 %, nettement moins que les 3 % que le gouvernement espérait.
Après l’annonce du CBS le 16 août, Moody’s a conseillé au ministre des Finances, Moshe Kahlon, d’organiser une réunion spéciale avec les hauts fonctionnaires au ministère des Finances « afin de déterminer si l’action du gouvernement s’avère nécessaire pour faire face au ralentissement ».
Le problème est, ont poursuivi les analystes de Moody’s, qu’il y a peu de choses que le gouvernement puisse faire, avec une majorité étriquée de 61 députés sur 120 membres de la Knesset. En fait, les problèmes économiques du pays pourraient mettre en danger le gouvernement lui-même.
« Moins de deux semaines auparavant, de longues et controversées négociations qui se sont déroulées entre les ministres ont donné lieu à des accords budgétaires pour les années 2015 et 2016, juste à temps pour éviter un effondrement de la coalition », a souligné Moody – ce qui signifie qu’Israël a évité de justesse une calamité budgétaire.
« Un net ralentissement de la croissance, s’il devait perdurer, pourrait mettre en danger les objectifs de déficit prévus dans les accords soigneusement élaborés et la capacité du gouvernement à obtenir l’approbation des budgets à la Knesset, un crédit négatif qui serait susceptible de précipiter de nouvelles élections », a déclaré le communiqué de l’agence de notation.
Dans de telles circonstances, la gamme d’outils du gouvernement est très limitée. « La difficulté de parvenir à un compromis budgétaire et désormais additionnée aux nouvelles de la croissance très faible sont quelques-uns des défis économiques auxquels, selon nos prévisions, le nouveau gouvernement devra faire face et qui testeront à plusieurs reprises la capacité du gouvernement à préserver son unité. En outre, les autorités fiscales ont peu ou pas de marge de manoeuvre supplémentaire, car les plafonds de dépenses ont été fixés et le taux directeur de la banque centrale est déjà pratiquement à zéro [0,1 %] », a précisé Moody.
« En tant que tel, la mobilisation rapide [du ministre des Finances] M. Kahlon et de son équipe a peu de chances d’aboutir à des mesures concrètes pour soutenir la croissance, au moins au cours des prochains mois pendant que le budget sera débattu ».
Les chiffres faibles du PIB au deuxième trimestre étaient réellement surprenants, a indiqué Moody’s, « parce que cela a montré un ralentissement plus abrupt qu’il n’était suggéré par les indicateurs économiques du marché du travail, où le taux de chômage continue de tomber à des taux historiquement bas, même si le taux de participation augmente, ainsi que les recettes fiscales, qui ont été tous très soutenus ». Il est possible, a ajouté Moody’s, que les chiffres du PIB soient revus à la hausse.
S’il y avait un côté positif à l’actuelle équation économique, a précisé Moody’s, c’est le récent affaiblissement du shekel – qui s’il se poursuit, « sera susceptible d’aider le secteur de l’exportation en difficulté ».
Les exportations, a déclaré Moody, « ont été lentes pendant près de trois années en raison de la baisse de la croissance du commerce mondial et du taux de change fort. Les exportations contractées à 12,5 % au deuxième trimestre ont déjà diminué à un taux annuel de 11,1 % au premier trimestre. « Toute aide dans ce domaine – tels que la faiblesse persistante du shekel – serait la bienvenue. »
Tout en comprenant le manque d’options de Kahlon, Moody’s a quelque peu critiqué son prédécesseur au ministère des Finances. Bien que Yair Lapid ne soit pas explicitement cité, Moody’s a fait remarquer que le ralentissement du PIB du deuxième trimestre était largement attribuable au fait que les familles israéliennes ne dépensent pas suffisamment.
« Le ralentissement au deuxième trimestre de la consommation a été largement démontré dans les achats durables et semi-durables, de sorte qu’il est probablement lié à l’attente des modifications de la fiscalité sur les achats de la maison plutôt qu’à un affaiblissement de la confiance des consommateurs », a déclaré Moody – se référant au plan qui a échoué de Lapid visant à faire baisser la taxe sur la valeur ajoutée pour les primo-accédants.
Selon Moody’s, les acheteurs potentiels ont cessé d’acheter des appartements, de même que l’électroménager et des meubles en attendant la réduction de la TVA de 18 % sur les maisons neuves rentrée en vigueur.
« Sur la base de ces premiers défis et à la lumière de la conjoncture économique mondiale », a conclu Moody’s, nous nous attendons à ce que la coalition actuelle fasse face à une turbulence économique importante tout au long de son mandat ».