Mort d’Arafat: les avocats de la veuve font appel du non-lieu
Les experts mandatés par les juges français avaient à deux reprises écartés la thèse de l'empoisonnement au polonium 210
La veuve de Yasser Arafat a fait appel du non-lieu rendu le 1er septembre par les juges d’instruction français en charge de l’enquête pour « assassinat » ouverte après la mort de son mari, ont annoncé jeudi ses avocats à l’AFP.
« L’instruction doit se poursuivre, quelle qu’en soit l’issue, pour la manifestation de la vérité », a déclaré Me Renaud Semerdjian, l’un des avocats de Souha Arafat.
« Aujourd’hui, rappelle-t-il, personne n’est capable d’expliquer la mort de Yasser Arafat », décédé le 11 novembre 2004 à l’hôpital militaire Percy de Clamart, près de Paris, après une brusque détérioration de son état de santé.
Les trois juges d’instruction de Nanterre ont estimé « qu’il n’est pas démontré que Yasser Arafat ait été assassiné par empoisonnement au polonium 210 » et qu’il « n’existe pas de preuve suffisante de l’intervention d’un tiers qui aurait pu attenter à (sa) vie ».
Les avocats de la veuve, Mes Francis Szpiner et Renaud Semerdjian, ont interjeté appel de cette ordonnance de non-lieu le 9 septembre.
Mme Arafat avait déposé plainte contre X à la suite de la découverte de polonium 210, une substance radioactive hautement toxique, sur des effets personnels de son mari.
En novembre 2012, la tombe de l’ex-Raïs palestinien avait été ouverte et une soixantaine d’échantillons prélevés sur sa dépouille puis répartis pour analyse entre trois équipes d’experts suisses, français et russes.
Or, les experts mandatés par les juges français ont à deux reprises écarté la thèse de l’empoisonnement.
La dernière fois, en mars, dans des expertises complémentaires basées sur des analyses d’urine de Yasser Arafat lors de son hospitalisation, les experts français « maintiennent que le polonium 210 et le plomb 210 mesurés dans la sépulture d’Arafat et sur les échantillons prélevés lors de son exhumation ont une origine environnementale ».
Au contraire, des experts suisses sollicités par la veuve avaient pour leur part jugé que leurs résultats « soutiennent raisonnablement l’hypothèse de l’empoisonnement » au polonium.
En mai, les avocats avaient demandé des investigations complémentaires, toutes refusées par la justice.
Ils réclament notamment une expertise par « un collège international indépendant », ainsi que des auditions de médecins de l’hôpital, pour expliquer l’apparition, selon eux, « mystérieuse » de résultats d’analyses d’un échantillon d’urine qui ne figurait pas au dossier, transmis directement à la justice sans que la veuve en soit avisée.