Mort de Pierre Truche, procureur général lors du procès de Klaus Barbie
Entré dans la magistrature en 1955, l'ancien magistrat a gravi pendant 40 ans tous les échelons du parquet

Pierre Truche, ancien magistrat, procureur général lors du procès de Klaus Barbie en 1987, est mort dans la nuit de vendredi à samedi à l’âge de 90 ans, a annoncé Nicole Belloubet, rendant hommage à « une figure immense de la magistrature ».truche
« Par ses discours et ses interventions, il a marqué des générations de magistrats sur la nécessaire humanité du ‘magistrat face aux autres et à lui-même' », a déclaré la garde des Sceaux dans un communiqué.
Selon elle, Pierre Truche « restera l’homme de conviction, qui (…) a puissamment porté l’accusation contre la barbarie », souligne-t-elle. « En requérant ‘qu’à vie soit reclus’ un criminel contre l’humanité, il a contribué à ce que chacun se souvienne des heures sombres qu’a traversé notre pays. Sa contribution décisive à la définition du crime contre l’humanité a forgé les armes du combat nécessaire contre ces fléaux que sont le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme », a-t-elle ajouté.
En 1987, Pierre Truche est en effet procureur général près la cour d’appel de Lyon au procès de Klaus Barbie, l’ex-chef de la Gestapo de Lyon, qui fut déclaré coupable d’avoir organisé la déportation de centaines de juifs.
Entré dans la magistrature en 1955, Pierre Truche a gravi pendant 40 ans tous les échelons du parquet : de substitut du procureur de la République à Arras, à procureur général de la cour d’appel de Paris, puis à procureur général de la Cour de cassation, qu’il a présidée de 1996 à 1999.
Il prendra ensuite la présidence de la Commission nationale consultative des droits de l’homme et de la Commission nationale de déontologie de la sécurité. Il a été décoré de la Légion d’honneur en 2016.
Mme Belloubet a loué en lui « une figure immense de la magistrature qui, inlassablement, a porté les valeurs d’humanisme ».
Son actuel successeur à la Cour de Cassation, François Molins, a rendu hommage sur Twitter à ce « magistrat d’exception (…) inspirateur de tant de magistrats, qui, comme moi, ont eu la chance, l’honneur et le bonheur de le rencontrer ».
« Ce fut un modèle pour moi (…) il avait un très haut niveau d’éthique et il plaçait le service de la Justice au-dessus de tout », a déclaré M. Molins à l’AFP, admirant en son aîné la figure d’un « vrai parquetier de juridiction, un pur produit de l’âme du ministère public ».
« C’est une personnalité considérable du monde de la Justice qui disparaît », a réagi auprès de l’AFP Jean-Olivier Viout, un de ses anciens substituts : « il a été l’un des piliers du premier parquet financier de France », celui de Lyon « où il s’est illustré (…) et véritablement fait connaître », avant d’être « parmi ceux qui ont porté sur les fonds baptismaux le Syndicat de la Magistrature ».
« Son souci, ça a été que le procès Barbie soit un procès en tous points exemplaire au niveau du respect des droits accordés à l’accusé (…) », se souvient le substitut. « Il me disait souvent : ‘A affaire extraordinaire, procédure ordinaire’ « .
Parmi ses prises de position, il était favorable à la suppression du lien entre le parquet et le gouvernement en matière de politique pénale, ainsi que pour la fin du juge d’instruction : « il n’est pas sain d’instruire et de juger en même temps », disait-il.
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