Nasrallah : l’Arabie saoudite ne devrait pas punir le peuple libanais
Ryad a demandé à ses ressortissants de quitter le Liban, déconseillé tout voyage dans ce pays et suspendu des programmes d'équipement de 3 milliards de dollars destinés aux forces de sécurité libanaises
Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a indiqué mardi que l’Arabie saoudite ne devrait pas punir collectivement le peuple libanais au seul motif qu’elle a des divergences de vues politiques avec le mouvement terroriste chiite libanais.
Ryad n’a pas « le droit de sanctionner le peuple libanais parce qu’un parti en particulier a pris une certaine position », a indiqué Hassan Nasrallah lors d’un discours diffusé par la chaîne du Hezbollah, Al-Manar.
Ces derniers temps, le royaume saoudien a demandé à ses ressortissants de quitter le Liban, déconseillé tout voyage dans ce pays et suspendu des programmes d’équipement de 3 milliards de dollars destinés aux forces de sécurité libanaises, en réaction aux positions jugées « hostiles » du Hezbollah.
L’Arabie saoudite est à couteaux tirés avec le Hezbollah, l’Iran et la Syrie de Bachar al-Assad, dont Ryad veut la chute alors que le mouvement chiite libanais et Téhéran le soutiennent militairement.
« Si vous (les Saoudiens, ndlr) avez un problème avec nous, vous pouvez continuer en ce sens (…) mais qu’est-ce que le reste du Liban a à voir avec ça ? », a encore demandé Nasrallah.
Sur le plan de la politique intérieure libanaise, l’Arabie saoudite soutient comme les Etats-Unis la coalition du 14-Mars, dirigée par le sunnite Saad Hariri, qui s’oppose à celle du 8-Mars, menée par le Hezbollah et soutenue par l’Iran.
Dans son discours, Hassan Nasrallah a également accusé l’Arabie saoudite d’avoir tenté de créer une « sédition entre musulmans sunnites et chiites » par l’exécution le 2 janvier du dignitaire chiite saoudien Nimr al-Nimr.
Selon lui, l’Arabie saoudite commet des « crimes » au Yémen, où elle dirige une coalition arabo-sunnite contre des rebelles chiites, en Syrie, où elle soutient des mouvements armés d’opposition à Bachar al-Assad, et à Bahreïn, où son armée a réprimé une révolte chiite en 2011, « depuis dix ans, depuis cent ans, depuis que ce régime a pris le pouvoir ».
« Ils peuvent commencer des guerres et commettre des massacres mais personne ne peut rien dire par peur de déclencher la colère saoudienne », a-t-il assuré, ajoutant que le Hezbollah continuerait de dénoncer ce qu’il considère comme une agression saoudienne dans la région.