Après des semaines, c’est enfin arrivé : Le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a confirmé l’existence de tunnels d’attaque transfrontaliers entre le Liban et Israël – bien qu’il n’en ait pas explicitement assumé la responsabilité – malgré les premières tentatives de l’organisation terroriste consistant à nier la présence de réseaux souterrains à des fins militaires à travers la frontière.
Mais comme il en a l’habitude, Nasrallah a rapidement transformé un événement qui est censé embarrasser le Hezbollah en un outil de propagande et de dissuasion contre Israël, en s’adressant directement au public attentif de l’État juif et en le menaçant.
Dans une interview accordée à sa chaîne de télévision, Al-Mayadeen, Nasrallah a expliqué que les tunnels existaient depuis longtemps, certains datant d’avant la seconde guerre du Liban en 2006. Israël a essuyé un échec cuisant parce qu’il a mis tant de temps à les découvrir, a-t-il insisté.
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« Les Israéliens ont découvert après de longues années un nombre de tunnels, et ce n’est pas une surprise, la surprise c’est qu’ils ont mis du temps à les découvrir », a lancé Nasrallah.
« Au minimum, un des tunnels découverts ces dernières semaines, est vieux de 13 ou 14 ans », a poursuivi le chef du Hezbollah, estimant que cette affaire mettait en lumière « l’échec » des services de renseignement israéliens tout au long de ces années.
Nasrallah savait qu’après son absence prolongée des yeux du public et une vague de rumeurs concernant sa santé, les médias israéliens suivraient de près ses moindres paroles. Et il a pleinement profité de la situation pour intimider l’Israélien moyen, affirmant que le Hezbollah possède des missiles guidés de précision, d’autres tunnels, la capacité de prendre le nord d’Israël, bombarder le pays entier et interrompre la vie des habitants de Tel Aviv, et plus encore.
Il a même dit en plaisantant à ses interlocuteurs que la possession par le Hezbollah de missiles guidés de précision était pour le bien d’Israël, car cela éviterait aux innocents d’être blessés.
Les sympathisants de l’organisation terroriste du Hezbollah lèvent le poing et applaudissent le discours prononcé par Hassan Nasrallah, dirigeant du Hezbollah, par liaison vidéo, lors d’un rassemblement marquant la Journée des martyrs du Hezbollah à Beyrouth, Liban, le 10 novembre 2018. (AP/Bilal Hussein)
Si un étranger avait débarqué dans la région et écouté l’interview de Nasrallah sans connaître au préalable l’équilibre des forces entre Israël et le Hezbollah, il aurait pu croire que dans une guerre future, c’est l’existence d’Israël qui serait en danger, et non l’inverse : Le Hezbollah demeure une organisation dangereuse capable d’infliger d’immenses dommages à Israël, mais il ne constitue pas une menace existentielle pour Israël.
D’autre part, dans la prochaine guerre, l’avenir du Hezbollah et son existence même seront probablement remis en question, tout comme l’état actuel du Liban. Il semble parfois que Nasrallah l’oublie. Peut-être que la guerre civile en Syrie a eu son effet et que les résultats obtenus par l’organisation dans ce pays – avec l’aide généreuse de la Russie – ont fait monter en flèche la suffisance de son secrétaire général.
Nasrallah a été nommé chef du Hezbollah il y a presque 27 ans, alors qu’il n’avait que 31 ans. On peut supposer que 27 ans de règne autocratique sur l’organisation terroriste devenue la plus forte du monde – possédant l’un des plus grands arsenaux de missiles existants – ont affecté son niveau d’euphorie.
Le chef du FPLP-CG, Ahmed Jibril (à droite), en compagnie du dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah à Beyrouth en mai 2002. (Crédit photo : AP Photo/Bassem Tellawi)
Il se sent invincible, a oublié l’issue de la Seconde Guerre du Liban et le prix que le Liban pourrait payer ne semble pas être sa priorité absolue. Le Hezbollah empêche la formation d’un gouvernement au Liban, exigeant de plus en plus de force et de pouvoir politique.
Ces dernières années, Nasrallah a agi en tant qu’émissaire iranien, c’est pourquoi le bien-être des résidents du Liban ne l’intéresse pas vraiment. Il doit satisfaire ses maîtres iraniens, même si cela signifie risquer une nouvelle guerre.
Un examen des « réalisations » de Nasrallah ces dernières années montre l’ampleur de l’échec du Hezbollah au Liban et à l’étranger. La guerre civile syrienne a été décidée par les Russes, et non par le Hezbollah, et jusqu’à l’intervention de Moscou, le Hezbollah ne pouvait tenir tête à l’État islamique.
L’organisation terroriste a perdu près de 2 000 combattants et des milliers d’autres ont été blessés au combat en Syrie. Elle a peut-être acquis de l’expérience dans des combats semblables à ceux d’une armée, mais se battre en tant que forces régulières ne mènera le Hezbollah nulle part. Au contraire, s’il tente d’affronter l’armée israélienne de cette façon, son échec sera encore plus retentissant.
Pendant ce temps, le Liban lui-même est en train de s’effondrer financièrement et politiquement.
Le Hezbollah et Nasrallah, avec tous leurs slogans contre Israël, semblent essayer de détourner l’attention des faiblesses de l’organisation terroriste tout en détournant l’attention du public libanais d’un fait essentiel : qu’elle a confisqué le Liban et en a fait un otage de l’Iran.
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