Nemmouche condamné à perpétuité, un verdict précis et cinglant
L''auteur du quadruple assassinat antisémite à Bruxelles "n'a pas hésité à salir la mémoire pour le seul besoin d’accréditer son prétendu piège", a souligné la cour d'assises
« Il a sali la mémoire des victimes avec son prétendu piège »: la condamnation de Mehdi Nemmouche à la prison à vie pour le quadruple « assassinat terroriste » de 2014 au Musée juif de Bruxelles est motivée de façon très précise et cinglante par la cour d’assises de la capitale belge.
Enfance
« Certes, les conditions dans lesquelles Mehdi Nemmouche a grandi ont été dures. Né de père inconnu et d’une mère souffrant de troubles psychiatriques qui l’a abandonné très tôt, Mehdi Nemmouche a en effet fait l’objet dès son plus jeune âge d’un placement en milieu d’accueil, ce qui a pu contribuer à nourrir et entretenir un conflit manifeste de loyauté avec sa famille biologique. Ce tiraillement a sans doute entraîné l’adolescent qu’il était entre temps devenu dans la spirale délinquante, puis l’a poussé à l’âge adulte vers un islam radical. Si cette situation peut être source d’un certain traumatisme, elle ne peut en aucune manière expliquer la commission d’actes d’une telle violence. »
Antisémitisme
La cour a relevé « le caractère manifestement anti-juif de l’attentat et les témoignages (…) qui attestent d’un antisémitisme marqué » du jihadiste.
« En commettant un attentat terroriste dans un lieu symbolique de la communauté juive, Mehdi Nemmouche s’est attaqué non seulement à celle-ci, mais a dénié le droit fondamental consacré par notre société, qui garantit à chaque individu la liberté de vivre selon ses convictions ainsi que l’assurance pour chacun de vivre celles-ci dans les mêmes conditions. En effet, à la suite de l’attentat, l’ensemble des lieux liés à la communauté juive a été placé en état d’alerte maximale. »
Attitude
« Le comportement de l’accusé lors des différentes auditions face aux enquêteurs, où, goguenard, il a opposé aux questions un droit au silence narquois, confirme également sa volonté certaine de se moquer voire de rejeter notre état de droit. Cet état d’esprit, camouflé parfois sous une posture prétendument antisystème, a été encore conforté par la suite au cours des débats en assises. L’accusé, en hasardant par la voie de ses conseils un soi-disant ‘piège’ restant aussi inexplicable qu’inexpliqué et à l’évidence contraire à l’ensemble des éléments matériels du dossier, s’est présenté comme victime d’une soi-disant rupture de l’égalité des citoyens devant la loi. En effet, il a tenté de faire croire que les enquêteurs auraient pu avoir été manipulés ou, pire, avoir manipulé l’enquête. »
Islam
« L’attitude de Mehdi Nemmouche est d’autant plus violente qu’elle peut créer une confusion vis-à-vis de la société musulmane qui contribue pacifiquement au bon fonctionnement de notre société. »
Absence de regrets
« Le comportement de l’accusé est également marqué par une absence absolue de regrets vis-à-vis des victimes de ses actes, dont il n’a jamais parlé et dont il n’a pas hésité à salir la mémoire pour le seul besoin d’accréditer son prétendu piège. »
« Son attitude aux audiences démontre l’absence totale de prise de conscience de la gravité de ses actes. »
Préméditation
La cour a souligné « le rôle principal de Mehdi Nemmouche, qui a non seulement été l’auteur direct des faits, mais surtout l’instigateur de ceux-ci, qu’il avait minutieusement organisés », ainsi que « le caractère extrêmement violent des faits, par lesquels il a ôté gratuitement et froidement la vie à d’autres personnes qu’il ne connaissait pas, ne leur laissant aucune chance ».
Récidive
« Mehdi Nemmouche présente un haut risque de récidive, comme en attestent son isolement, son absence d’intégration et d’encadrement social, son parcours délinquant, sa radicalisation, sa parfaite maîtrise de lui-même et son refus systématique de se soumettre à une expertise psychiatrique. Les craintes d’un nouveau passage à l’acte sont d’autant plus prégnantes que dans une vidéo de revendication, il a déclaré ‘Pour Allah jusqu’à la mort, pas de trêve, pas de réconciliation’. »