Népal : Un nouveau défi pour les humanitaires dans les villages reculés
Les volontaires israéliens ont mis en place des cliniques apportant des soins aux zones les plus touchées du Népal
KATMANDOU, Népal – Dans certaines parties de cette ville, vous pouvez marcher dans la rue et demander « Quel tremblement de terre ? » Jeudi, cinq jours après le séisme de magnitude 7,8 qui a secoué le Népal et tué plus de 5 000 personnes, la normalité a commencé à revenir dans les rues. Certains magasins étaient ouverts pour la deuxième journée consécutive, et la rue Chaksibari Marg bien connue des randonneurs était animée.
Même lorsque vous quittez Katmandou par les grandes routes, les habitations sont quasiment intactes. Et quand les principales routes deviennent des pistes défoncées et boueuses – à peine assez larges pour les camions dont les chauffeurs foncent dans les montagnes, à coup de klaxons – le tremblement de terre semble être passé, démolissant une maison tout en laissant intactes les habitations voisines.
La reprise des vols commerciaux vers la capitale signifie qu’elle grouille de travailleurs humanitaires. Sur mon vol mercredi soir, il y avait 100 pompiers venant d’Espagne, de Norvège et de Turquie, en plus de dizaines d’employés de la Croix-Rouge d’Europe et des États-Unis.
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En fait, il y a tellement de travailleurs humanitaires que l’armée népalaise a demandé que certains d’entre eux rentrent chez eux, alors que plus de 96 heures après le tremblement de terre la possibilité de retrouver des survivants est très faible (mais pas inexistante, comme les membres de l’organisation israélienne IsraAID et d’autres l’ont prouvé jeudi soir, en secourant une femme qui avait été ensevelie sous les décombres pendant cinq jours).
Une balade jeudi dans les rues de Katmandou a certes révélé quelques bâtiments individuels qui s’étaient effondrés, attirant chacun une foule de curieux et de nombreux spécialistes internationaux.
Le défi est maintenant de redistribuer ces ressources d’une manière qui garantisse que les villages reculés puissent également obtenir l’aide dont ils ont besoin, en particulier dans les endroits où le tremblement de terre a nivelé la plupart, sinon la totalité, des maisons.
Kagatiguam, un village à une heure de route de Katmandou, est un de ces endroits, même si la rue principale semble assez intacte, cachant les tragédies plus profondément dans le village.
L’équipe d’intervention mixte Israelife pour les cas de catastrophe, comprenant des bénévoles des organisations paramédicales d’Israël ZAKA, United Hatzolah et F.I.R.S.T., a visité Kagatiguam jeudi dans le cadre d’un effort pour déterminer l’étendue des dégâts dans les zones hors de Katmandou.
« Il y a tellement de villages au Népal, et nous savons que certains de ces villages sont totalement démolis », a déclaré Mati Goldstein, le directeur de ZAKA International et membre de l’équipe d’intervention Isralife.
Goldstein, qui est intervenu bénévolement sur plus d’une dizaine de catastrophes de par le monde, dit que le nombre de morts au Népal était en fait bien inférieur à ce qu’il aurait pu être, parce que le séisme a frappé à 11h56, quand la plupart des gens étaient hors de leurs maisons.
En revanche, le tremblement de terre de 2010 en Haïti a tué quelque 250 000 personnes et blessé plus d’un million, car il a frappé à 4h53, une heure où la plupart des gens dormaient encore dans leurs maisons.
En utilisant les coordonnées de l’épicentre du tremblement de terre, l’équipe Israelife tente de déterminer quels villages potentiellement durement touchés doivent encore être visités par les organisations humanitaires.
Ils ont coordonné leur travail avec le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, et à la fin de chaque journée font un bilan sur le nombre et les types des blessures et des décès et sur l’étendue des dégâts.
La répartition tentaculaire des villages isolés de campagne font que cette approche individuelle, village par village semble aléatoire. Dans le meilleur des cas, il est difficile de coordonner toute activité à travers le patchwork des villages entrelacés et des quartiers anonymes.
Ensuite, il y a le défi supplémentaire des routes bloquées, du peu d’approvisionnements et les tentatives de travailler avec au moins 32 autres équipes, de 15 pays, qui sont ici pour aider aux recherches et fournir services médicaux. L’équipe d’Israelife, comme beaucoup d’autres équipes internationales, se prépare à quitter le pays au début de la semaine prochaine.
Néanmoins, Israelife estime que la lenteur du processus de recherche village par village est cruciale pour fournir une image précise du tremblement de terre à travers le pays. Ils ont également mis en place des cliniques temporaires fonctionnant pendant quelques heures pour essayer de traiter toutes les blessures légères dues dans le tremblement de terre.
Un des défis de ces cliniques temporaires est que les équipes paramédicales sont incapables de traiter les problèmes chroniques, comme les problèmes cardiaques, qui ont été aggravés par le tremblement de terre. Mais les soins superficiels restent bénéfiques.
« De toute façon, ces gens ne peuvent pas marcher cinq ou six heures pour se rendre à un dispensaire », a expliqué Goldstein. « Et des choses comme des coupures profondes ou des fractures – si vous ne les traitez pas, elles s’infecteront et affecteront ces personnes pour le reste de leur vie ».
L’histoire de Kagatiguam lors du séisme a evolué lentement, au fur à mesure que les villageois arrivaient. Le nombre de morts a augmenté de 2 à 5, puis à 12, comme les gens se rassemblaient et racontaient ce qui leur était arrivé. La dizaine de paramédicaux travaillant avec Israelife a essayé de créer une salle d’examen de fortune avec une natte de paille, sur l’un des seuls endroits plats dans le village vallonné.
L’équipe a traité des femmes âgées se plaignant de douleurs à la poitrine, une autre a été blessée à l’abdomen par une pierre qui est tombée pendant le séisme. Son fils a été tué. Un homme avec une coupure profonde à son doigt est aussi arrivé, marchant avec précaution sur des piles de briques cassées sur les sentiers étroits.
« Une fois que vous êtes sur place, vous voyez que les gens commencent à arriver de plus en plus », a raconté Adam Sela, un bénévole de 51 ans venu du kibboutz Sde Boker dans le Néguev. « Vous regardez depuis la route et tout semble en ordre, ouis vous montez et il n’y a presque pas de maison qui ne soit pas affectée ».
Les maisons en briques ont des trous béants, certaines se sont effondrées entièrement. Des toits de tôle ondulée sont accrochés à des chevrons précaires. Dans une maison, un mur entier a été cisaillé, révélant un lit défait et une pile de vêtements. Même les maisons en ciment avaient des fissures géantes, assez larges pour que vous puissiez passser votre bras à travers.
Le fermier local Druga Shastanbalame était reconnaissant que sa famille était saine et sauve. Mais la plupart de sa maison s’est effondrée sur ses animaux, deux buffles et une douzaine de chèvres, effaçant son gagne-pain. Ce qui reste de sa maison est inhabitable.
La saison de la mousson au Népal viendra en juin et déversera des pluies torrentielles sur le terrain blessé. L’ONU estime que plus de 8 millions de personnes au Népal ont été touchées par le tremblement de terre – beaucoup d’entre elles ont perdu leurs maisons.
Sur le chemin du retour de Kagatiguam vers Katmandou, nous avons pris un raccourci. Depuis la route, la plupart des bâtiments semblent intacts. Mais depuis les ruelles minuscules qui donnent sur des cours intérieures, vous pouvez voir des dizaines de familles blotties sous des tentes de fortune.
La crainte de répliques a en grande partie disparu, de sorte que les gens qui sont accroupis à l’extérieur sont ceux qui ne peuvent pas rentrer chez eux. Leurs tentes temporaires sont cachées des rues principales, mais pas de la pluie.
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