Israël en guerre - Jour 431

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Netanyahu a proposé de reloger les Palestiniens dans le Sinaï, selon Moubarak

L’ancien président égyptien affirme avoir rejeté directement l’idée du Premier ministre ; ces remarques suivent un article sur la tentative internationale, datant de 1983, de voir l’Egypte accueillir les Palestiniens

Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président égyptien Hosni Mubarak au Caire en juillet 2010 (Crédit : Moshe Milner / GPO / Flash90)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président égyptien Hosni Mubarak au Caire en juillet 2010 (Crédit : Moshe Milner / GPO / Flash90)

L’ancien président égyptien Hosni Moubarak a confirmé mercredi que le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait proposer de reloger les Palestiniens dans la péninsule du Sinaï dans le cadre d’un accord de paix avec des échanges de terres en 2010.

Moubarak affirme avoir d’emblée rejeté l’idée.

« En 2010, le Premier ministre d’Israël m’a proposé que les Palestiniens soient relogés dans une partie du territoire du Sinaï dans [le cadre] d’un échange de terres. Je lui ai immédiatement dit, lors de la rencontre, que je n’ai même pas envie d’entendre ce type de propositions dans ce domaine », a déclaré Moubarak, dans des messages postés sur Facebook.

Lundi, le Premier ministre de l’Egypte Sameh Shoukry a rejeté les appels de la députée du Likud Gila Gamliel d’utiliser le Sinaï pour un état palestinien et a dit que l’Egypte avait communiqué sa position sur la question à l’ambassadeur israélien au Caire.

Les commentaires de Moubarak ont été publiés en réponse à un article du Service arabe de la BBC qui affirmait mercredi qu’il avait accepté de reloger les réfugiés palestiniens sur le sol égyptien en 1983, même si cela devait avoir lieu dans le contexte d’une solution au conflit israélo-arabe.

La députée et ministre du Likud Gila Gamliel (Crédit : Flash90)

Il était important, a-t-il dit, de « clarifier les faits historiques suivants pour le peuple égyptien ».

« Il n’y a aucune vérité dans les affirmations que l’Egypte avait accepté une proposition, ou que j’avais accepté une proposition, de reloger des Palestiniens en Egypte, plus spécifiquement ceux qui étaient au Liban à cette époque », a ajouté Moubarak, selon une traduction par le Contrôleur du Moyen-Orient.

« Certaines parties ont essayé de me convaincre de reloger en Egypte des Palestiniens qui étaient au Liban à l’époque, ce que j’ai absolument refusé, avec des tentatives et des efforts importants pour reloger des Palestiniens en Egypte ou dans une partie des territories du Sinaï à travers une suggestion d’échanges de terres que le Premier ministre israélien m’a proposée à l’époque », a-t-il dit.

« Je lui ai immédiatement confirmé, lors de la rencontre, que je n’étais même pas prêt à entendre tout type de propositions concernant cette question ».

Moubarak, qui a été renversé après des manifestations de masse en 2011, a conclu : « j’ai maintenu un principe que je n’ai jamais modifié : c’est de ne pas céder le moindre centimètre de terre égyptienne pour laquelle j’ai combattu avec ma génération. Cela s’est concrétisé par notre insistance pour récupérer le dernier centimètre de notre terre qui a été occupé en 1967 et notre réussite à rendre la totalité de la ville de Taba à la souveraineté égyptienne ».

L’idée de créer un état palestinien dans le Sinaï a refait surface en février avec les remarques du ministre Ayoub Kara (Likud). Ses propos ont causé un tollé en Egypte.

Deputy Minister for the Development of the Negev and Galilee Ayoub Kara (photo credit: screen grab from YouTube)
Ayoub Kara, député du Likud. (Crédit : capture d’écran YouTube)

Juste avant une rencontre entre Netanyahu et le président américain Donald Trump à Washington, Kara a affirmé que les deux dirigeants discuteraient d’un plan pour établir un état palestinien à Gaza et dans la péninsule du Sinaï et non pas en Cisjordanie.

Un porte-parole de Sissi a nié catégoriquement, à l’époque, qu’un tel plan « inimaginable », « irréalisable » et « inacceptable » avait été discuté « à aucun niveau ».

Kara faisait référence à une proposition égyptienne de 2014 de reloger des réfugiés palestiniens dans une large parcelle de terre de la Péninsule du Sinaï qui serait annexée à la bande de Gaza. Alors que le plan a été rejeté par le président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas et nié par des officiels palestiniens, des ministres israéliens ont bien accueilli la proposition évoquée comme un rejet des efforts de créer un état palestinien en Cisjordanie.

Sur la base de documents obtenus grâce à la Loi de Liberté d’Information de Grande-Bretagne, la BBC a décrit mercredi une tentative par des dirigeants mondiaux de régler le conflit israélo-palestnien et la guerre civile au Liban, qui avait commencé en 1975, en relogeant des Palestiniens sur le sol égyptien.

Des notes d’une rencontre entre Moubarak et l’ancienne Première ministre Margaret Thatcher ont indiqué que ce dernier avait accepté, à la demande du président américain de l’époque Ronald Reagan, que l’Egypte accueille les Palestiniens essayant de fuir l’occupation d’Israël du sud Liban en 1982, à la condition que cela fasse partie d’un « cadre global pour une solution » aux aspirations palestiniennes nationales.

Israël était entré dans le sud Liban pour mettre un terme aux raids menés par des Palestiniens sur Israël depuis ce territoire.

La réponse de Thatcher à l’idée d’un état palestinien aurait été assez froide. Elle était préoccupée par l’activité militaire accrue des Palestiniens contre Israël, par le fait que « même la création d’un état palestinien ne pourrait pas conduire à l’absorption de toute la diaspora palestinienne » et par le risque qu’un état palestinien puisse bien servir de bastion régional pour l’Union Soviétique.

Le Premier ministre Shimon Peres et son homologue britannique Margaret Thatcher dans un bus dans le Néguev, pendant une visite d’Etat officielle en Israël en 1986. (Crédit : Herman Chanania/GPO)

Selon les documents, le ministre égyptien des Affaires étrangères de l’époque, Boutros Boutros-Ghali, a répondu à Thatcher, « Les Palestiniens auront leurx propres passeports à ce moment là et ils auront des positions différentes. Nous ne devons pas seulement avoir un état juif et une diaspora juive, mais aussi un petit état palestinien avec une diaspora palestinienne ».

Le conseiller politique de Moubarak à l’époque, Osama al-Baz, a dit qu’un état palestinien serait dépendant des monarchies anti-soviétiques du Golfe.

Yousef Boutros Boutros-Ghali en 2002 à Paris (Crédit : Domaine public/Wikimedia commons)

« Il n’y aura pas d’état palestinien sous influence russe », aurait-il souligné. Al-Baz a proposé une démarche en plusieurs étapes où un état palestinien ferait tout d’abord partie d’une confédération avec la Jordanie, pour évoluer en 10 ou 15 ans en état démilitarisé.

Moubarak, qui a été jugé et emprisonné sous le régime de son successeur Mohammed Morsi, a démissionné en février 2011 devant les manifestations massives sur la Place Tahrir du Caire contre son pouvoir.

Plus tôt cette année, il avait été libéré d’un hôpital miliare après une longue bataille juridique.

La solution à deux états est favorisée depuis longtemps par la communauté internationale comme une possible solution au conflit israélo-palestinien, qui verrait un état palestinien créé à côté de l’état juif d’Israël.

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