Netanyahu a sciemment eu recours à la désinformation avec Trump, selon Tillerson
L'ex-secrétaire d'État estime que la diplomatie du Premier ministre est "un peu machiavélique" ; Netanyahu ne dément pas et répète que "Israël est le gentil"

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est habilement « joué » du président américain Donald Trump en lui resservant continuellement des informations inexactes pour avoir le dessus, a affirmé l’ancien secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, cette semaine.
Netanyahu, qui se bat pour sa survie politique après des élections serrées mardi, a été « un peu machiavélique » et faisait preuve de « désinformation » avec les États-Unis, d’après l’ancien diplomate en chef de Donald Trump.
Rex Tillerson, qui a été renvoyé par Trump l’année dernière, a fait ces observations lors d’un forum organisé mardi à l’université de Harvard, comme l’a rapporté The Harvard Gazette, le journal officiel de l’université.

Il a affirmé que Netanyahu et ses conseillers donnaient parfois de fausses informations au locataire de la Maison Blanche pour qu’il prenne le parti d’Israël.
« Ils ont fait ça à quelques occasions avec le président pour le persuader que « Nous sommes les gentils, ce sont les méchants ».
« Nous l’avons expliqué au président pour qu’il comprenne : ‘vous vous êtes fait avoir' », a relaté Rex Tillerson, d’après le journal.
« Cela me dérange qu’un allié qui est si proche et important pour nous se comporte de la sorte », a-t-il ajouté.
Netanyahu n’a pas démenti. « Israël *est* le gentil », a-t-il réagi dans un tweet.
Secrétaire Tillerson, Israël *est* le gentil. pic.twitter.com/rgaVgQgWi9
— PM d’Israël (@IsraeliPM) September 19, 2019
Lors des deux campagnes électorales de cette année, Netanyahu a mis en avant sa relation chaleureuse avec Trump, qui a pris des positions longtemps attendues par Israël telles que reconnaître Jérusalem comme la capitale de l’État juif.
Netanyahu insiste depuis longtemps pour que les États-Unis suivent une ligne dure vis-à-vis de l’Iran — une question qui a provoqué des tensions ouvertes avec Barack Obama — et songe à annexer des parties de la Cisjordanie, notamment avec le soutien de Washington.

Sous Donald Trump, la Maison Blanche a adopté un ton plus doux que les administrations précédentes vis-à-vis d’Israël, refusant de condamner la construction d’implantations et reconnaissant sa souveraineté sur Jérusalem-Est et le plateau du Golan.
Rex Tillerson a fait savoir qu’il était en faveur d’une solution à deux États entre Israéliens et Palestiniens — une idée qui ne devrait pas être reprise dans le plan de paix chapeauté par Jared Kushner, gendre et conseiller de Donald Trump.
« Je croyais que nous étions arrivés à un moment où nous pouvions peut-être parvenir à un moyen d’obtenir le soutien du monde arabe à une solution que les Palestiniens pourraient ne pas considérer comme parfaite — et par le passé, si ce n’était pas parfait, ça n’arrivait pas — mais avec suffisamment d’encouragement, la pression du monde arabe, nous aurions pu enfin obtenir l’accord des Palestiniens », a-t-il expliqué. « Et pour moi, cette solution, c’était celle à deux États ».

Mais Rex Tillerson a indiqué que sa relation tendue avec Trump l’a empêché de participer à l’élaboration du plan de paix pour le Moyen-Orient de l’administration américaine, pour laquelle il n’a fait office que de conseiller informel « afin qu’il ait le plus de chances de réussir ».
L’ancien président d’ExxonMobil s’est montré plutôt discret depuis son départ de l’administration.
Mais, à deux reprises, Trump a décrit son ancien secrétaire d’État comme étant « bête comme ses pieds » après des propos semblant remettre en doute les compétences du milliardaire devenu président.