Netanyahu accepte de rencontrer Benny Gantz ; le reste de son bloc attend
Le bloc de 55 députés loyal au chef du Likud ne négociera pas directement avec Kakhol lavan, à l'inverse de la Liste arabe unie, Meretz, Yisrael Beytenu et du Parti travailliste
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Benny Gantz et Benjamin Netanyahu se rencontreront dans les prochains jours pour discuter de la possibilité d’un gouvernement d’unité, ont fait savoir leurs partis respectifs mercredi soir, quelques heures après que le dirigeant centriste a été chargé de former un gouvernement suite à l’échec du chef du Likud.
Le parti du Premier ministre sortant a confirmé qu’une réunion serait organisée dans les prochains jours, mais a souligné que Netanyahu négocierait au nom du bloc de 55 députés des partis de droite et religieux qui lui ont promis leur soutien indéfectible. Kakhol lavan a purement et simplement rejeté ces conditions de négociation auparavant.
Immédiatement après avoir été officiellement chargé de constituer un gouvernement par le président Reuven Rivlin mercredi soir, Benny Gantz s’est mis au travail et a contacté les chefs de parti pour les inviter à une rencontre afin de négocier leur éventuelle entrée dans une coalition dirigée par Kakhol lavan.
Mais lors de cette série d’appels téléphoniques, les alliés de Netanyahu ont maintenu qu’ils n’entameraient des pourparlers qu’une fois que les négociateurs du Likud, qui représentent le bloc, auront rencontré leurs homologues de Kakhol lavan. Gantz avait déjà invité des représentants du Likud à une rencontre.

Dans son discours mercredi soir, Benny Gantz a promis de former un gouvernement de réconciliation nationale et indiqué qu’il inviterait Netanyahu et le Likud à en faire partie.
Dans des déclarations, Kakhol lavan a fait savoir que son dirigeant s’était entretenu par téléphone avec tous les responsables de partis élus à la Knesset.
À commencer par le numéro 1 d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, suivi de celui d’Agudat Yisrael de l’alliance Yahadout HaTorah, Yaakov Litzman. Il a ensuite contacté le numéro du Parti travailliste-Gesher, Amir Peretz, celui de Degel Hatorah de Yahadout HaTorah, Moshe Gafni, la présidente de HaYamin HaHadash, Ayelet Shaked, le responsable de HaBayit HaYehudi, Rafi Peretz, le dirigeant du Camp démocratique, Nitzan Horowitz, celui du Shas, Aryeh Deri, Naftali Bennett de HaYamin HaHadash et le président de l’Union nationale, Bezalel Smotrich. Il s’est également entretenu avec le numéro 1 de Hadash, Ayman Odeh, celui de Ta’al, Ahmad Tibi, et de Ra’am, Mansour Abbas de la Liste arabe unie.

Dans les communiqués annonçant les entretiens téléphoniques avec Liberman, Amir Peretz, Horowitz et Netanyahu, Kakhol lavan a indiqué que Gantz « a souligné que son objectif était de former un vaste gouvernement d’union libéral ». Ceux faisant état des contacts avec les autres chefs de parti — qui font tous partie du bloc ayant promis de ne soutenir que Netanyahu au poste de Premier ministre — ne mentionnent pas cette phrase.
Liberman, Peretz, Horowitz, Tibi, Odeh et Abbas ont tous accepté de rencontrer Benny Gantz. Dans un communiqué, Odeh, le responsable de la Liste arabe unie majoritairement arabe qui avait auparavant rejeté toute présence dans une coalition dirigée par Gantz, a fait savoir : « toutes les options sont sur la table si nous percevons une véritable alternative pour la paix et l’égalité ».
Même s’ils ont promis de ne négocier que collectivement au nom du bloc, les réponses des partis de droite ultra-orthodoxes adressées à Gantz, du moins d’après Kakhol lavan, se sont avérées légèrement différentes.
« Litzman a déclaré qu’il ne souhaitait pas nous rencontrer puisque c’est le Likud qui représente son parti dans le cadre du bloc de droite », a fait savoir Kakhol lavan au sujet du chef d’Agudat Yisrael, tandis que dans le même temps, celui de Degel Hatorah, Moshe Gafni « a demandé du temps pour répondre ».
En ce qui concerne Aryeh Deri, Kakhol lavan a indiqué, « le président du Shas a félicité Gantz pour la mission que lui a confiée le président et a demandé à ce qu’il puisse discuter après la rencontre entre les équipes de négociation du Shas et du Likud ».
« À la demande de la députée Shaked, la communication reprendra après les prochains pourparlers entre le Likud et Kakhol lavan », d’après un autre communiqué, tandis que le député [Rafi] Peretz a demandé « du temps pour répondre ».
Kakhol lavan a ensuite fait savoir que son équipe de négociation rencontrerait celles du Likud et d’Yisrael Beytenu dimanche et celles du parti travailliste et du Camp démocratique mardi.
Acceptant le mandat présidentiel à la Résidence de Reuven Rivlin à Jérusalem, Gantz a assuré que sa coalition serait ouverte à tous sauf aux racistes et aux partisans de la violence.
C’est la première fois en 10 années consécutives au poste de Premier ministre que Benjamin Netanyahu voit le contrôle exclusif du système politique israélien lui échapper.

« Je travaillerai pour tout le peuple d’Israël, pour un gouvernement dont Israël à désespérément besoin. Un gouvernement qui encouragera la paix et qui saura traiter avec chacun de ses ennemis », a déclaré l’ancien chef d’état-major.
« J’ai également l’intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour former un gouvernement de réconciliation nationale qui pansera les plaies entre ses tribus », a souligné Gantz, ajoutant que « nous sommes là pour représenter tout le monde, les ‘haredim, avec qui nous devons discuter comme des frères, les citoyens arabes, nos frères druzes, tout le monde ».
« Je me tourne ce soir vers Netanyahu et lui dis, je vous connais depuis de nombreuses années, je vous souhaite de sortir blanchi des poursuites judiciaires dans lesquelles vous êtes impliqué », a ajouté l’ancien chef d’état-major.
Reuven Rivlin, pour sa part, a déclaré à Gantz qu’il « est possible de former un gouvernement. Rien ne justifie de contraindre le public israélien à un autre cycle électoral, un troisième. Si aucun gouvernement n’est formé, ce sont les Israéliens qui en paieront le prix ».
Dans une probable référence à la promesse antérieure de Gantz de ne pas siéger dans un gouvernement composé aux côtés de Netanyahu et des partis ultra-orthodoxes, Rivlin a rappelé, « tant que les boycotts et la délégitimisation de pans de la société israélienne dureront, tant qu’il n’y a pas de réelle volonté de consentir à des compromis et de s’entendre, il n’y aura pas de gouvernement ».
C’est Netanyahu qui avait été initialement chargé par Rivlin de former un gouvernement, sur la base du poids de son accord passé avec les formations de droite et ultra-orthodoxes – un bloc d’alliance qui représentait 55 députés (Likud : 32 ; Shas : 9 ; Yahadout HaTorah : 7 et Yamina 7).
Gantz, pour sa part, est à la tête d’un bloc de 45 parlementaires issus des formations du centre, de gauche et arabes (Kakhol lavan : 33 ; Parti travailliste-Gesher : 6 ; Camp démocratique 5 ; et 10 députés appartenant à la Liste arabe unie).
Si Gantz échoue dans ses négociations – il a un délai de 28 jours pour mener à bien sa mission, soit jusqu’au 20 novembre – une majorité de députés pourraient essayer de désigner un troisième candidat, y compris Benjamin Netanyahu ou Benny Gantz, ce qui n’est jamais arrivé dans l’histoire d’Israël. Et en cas d’échec, alors le pays devrait se diriger vers un scénario sans précédent : celui d’un troisième scrutin en moins d’un an.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.