Israël en guerre - Jour 424

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‘Je ne peux pas me défendre. Je ne peux pas dire à la population la vraie histoire qui se cache derrière ceci, qui indique clairement qu’il n’y a eu aucun crime commis ici’

Netanyahu accuse les médias de mener une campagne “sans précédent” pour l’évincer

Le Premier ministre a répondu à une série de fuites dans des enquêtes dont il fait l'objet. Il est soupçonné d’avoir tenté de passer un accord avec un magnat des médias israéliens. Une situation inédite

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant la réunion hebdomadaire du cabinet à Jérusalem, le 25 décembre 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant la réunion hebdomadaire du cabinet à Jérusalem, le 25 décembre 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé dimanche les médias de mener contre lui « une campagne orchestrée d’une force sans précédent » pour tenter de faire tomber son gouvernement.

Netanyahu commentait une série de fuites provenant de deux enquêtes criminelles dont il fait l’objet. Il est accusé d’avoir tenté de négocier un accord donnant-donnant avec un puissant magnat des médias, et d’avoir reçu de luxueux cadeaux d’une valeur de plusieurs milliers de shekels d’un producteur de cinéma israélien travaillant à Hollywood.

« Ces derniers jours, les médias ont orchestré une campagne d’une mesure sans précédent pour faire tomber mon gouvernement Likud », a déclaré Netanyahu dans un communiqué publié sur sa page Facebook. « Cette campagne est conçue pour faire pression sur, entre autres, le procureur général pour qu’il me mette en examen. »

Il a accusé les médias de publier tous les jours des extraits soigneusement choisis d’heures de conversations enregistrées, qui sont, selon lui, sorties de leur contexte ou fausses, alors qu’il ne peut pas se défendre en raison des restrictions judiciaires qui lui sont imposées par l’enquête en cours.

« Je ne peux pas me défendre. Je ne peux pas dire à la population la vraie histoire qui se cache derrière ceci, qui démontrerait qu’il n’y a eu aucun crime commis ici », a-t-il écrit.

Lundi, il a à nouveau dénoncé la « conspiration médiatique » à son encontre au début de la réunion hebdomadaire des députés du Likud à la Knesset.

Accueilli sous les acclamations et au son de « Bibi Melech Yisrael » (Bibi roi d’Israël), le Premier ministre s’est lancé dans une diatribe contre la presse israélienne.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu tient un beignet traditionnel de Hanoukka au début de la réunion hebdomadaire du cabinet à Jérusalem, le 25 décembre 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu tient un beignet traditionnel de Hanoukka au début de la réunion hebdomadaire du cabinet à Jérusalem, le 25 décembre 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Il y a une enquête mensongère qui est lancée tous les soirs contre moi à la télévision, a-t-il dit. Ils [les médias] tentent de mettre la pression sur le procureur général et sur la police pour m’inculper sans raison. »

Netanyahu a qualifié ces pressions d’ « entreprise visant à le décapiter ». Cette « obsession » sur l’enquête tente de dissimuler les « très importantes réussites » de son gouvernement, a-t-il ajouté, citant le taux de chômage bas et une conférence de paix de Paris à l’issue plutôt rassurante, dimanche.

« L’opinion publique n’est pas dupe. Beaucoup, beaucoup de gens nous soutiennent et réalisent ce que traduit cette stratégie honteuse. Ils ne se font pas avoir, a-t-il poursuivi. Je continuerai à diriger le Likud et l’Etat, avec l’aide de Dieu. »

Dimanche Netanyahu a été accusé d’avoir personnellement tenté de négocier la vente partielle ou totale du quotidien le plus vendu d’Israël, Yedioth Ahronoth, à différents hommes d’affaires et éditeurs internationaux, dans le cadre de ses discussions avec le propriétaire et éditeur du Yedioth, Arnon Moses.

Arnon "Noni" Mozes, éditeur et propriétaire du quotidien Yedioth Ahronoth, avant d'être interrogé par l'unité Lahav 433 à Lod, le 15 janvier 2017. (Crédit : Koko/Flash90)
Arnon « Noni » Mozes, éditeur et propriétaire du quotidien Yedioth Ahronoth, avant d’être interrogé par l’unité Lahav 433 à Lod, le 15 janvier 2017. (Crédit : Koko/Flash90)

Moses a été interrogé dimanche pendant huit heures par les policiers qui enquêtent sur différentes accusations de corruption contre Netanyahu. Notamment sur les soupçons d’accord illicite avec Moses, qui aurait vu Yedioth accorder une couverture plus favorable à Netanyahu, en échange d’une législation soutenue par le Premier ministre pour neutraliser son rival, le quotidien gratuit pro-Netanyahu Israël Hayom.

Moses a à nouveau été interrogé lundi par l’unité Lahav 433 de la police, à Lod. Ron Yaron, le rédacteur en chef de Yedioth Ahronoth a été entendu par la police. Dimanche, il avait écrit un éditorial, publié en Une du quotidien, dans lequel il indiquait ne pas avoir eu connaissance à l’époque de l’accord entre Netanyahu et Moses, et que si la couverture du journal avait changé en faveur du Premier ministre, lui et son équipe auraient démissionné.

Ces derniers jours, la Deuxième chaîne a diffusé des extraits des heures de conversations enregistrées entre Netanyahu et Moses en 2014, où les deux hommes auraient négocié les termes d’un accord qui n’a jamais porté ses fruits.

Netanyahu a écrit que, puisqu’il lui est interdit de dévoiler l’enquête, il ne pouvait que reformuler les faits qui sont connus.

« Chacun sait que je me suis fortement opposé au ‘projet de loi Israël Hayom’ qui a été proposé et défendu par d’autres, bien avant les élections de 2015, a-t-il écrit. Pendant des mois, j’ai empêché le projet de loi d’être présenté en lecture préliminaire. »

Il a déclaré avoir lui-même voté contre le projet de loi, tout comme la majorité des députés du Likud.

Netanyahu a affirmé que l’une des raisons pour lesquelles il avait demandé des élections anticipées en 2015 était le fort soutien au projet de loi, auquel il était opposé.

« En raison de cela, rien ne s’est passé. Israël Hayom n’a pas changé et est toujours florissant. Quant à la mauvaise presse qui m’est faite dans Yedioth Ahronoth et Ynet, elle ne s’est pas arrêtée un seul instant », a écrit le Premier ministre.

« Par conséquent, toutes ces accusations […] sont fausses. Tout comme la seconde affaire, comme cela sera révélé en temps et en heure », a écrit Netanyahu.

Netanyahu, qui devrait être interrogé en tant que suspect pour la troisième fois dans la semaine, a nié toute malversation.

Larry Ellison, PDG d'Oracle. (Crédit : Ilang Costica/CC BY-SA/Wikimedia Commons)
Larry Ellison, PDG d’Oracle. (Crédit : Ilang Costica/CC BY-SA/Wikimedia Commons)

Selon le reportage diffusé dimanche, Netanyahu a personnellement contacté le milliardaire australien James Packer, le président d’Oracle Larry Ellison et Matias Dopfner, PDG du groupe d’édition allemand Axel Springer, pour tenter d’aider à négocier un accord pour acheter ou investir dans le groupe Yedioth.

Moses aurait ensuite rencontré plusieurs de ces acheteurs potentiels, selon la chaîne. Arnon Milchan, le producteur israélien au cœur de l’autre affaire de corruption contre Netanyahu, aurait aussi joué un rôle pour obtenir certains de ces contacts, a annoncé la Deuxième chaîne. (Dimanche soir, Axel Springer a démenti avoir jamais envisagé d’acheter Yedioth ou avoir négocié à ce sujet.)

Si la police peut prouver que Moses a effectivement rencontré ces personnes après que Netanyahu a préparé le terrain, cela pourrait constituer une preuve décisive pour l’accuser de corruption, a annoncé la chaîne.

De nouveaux extraits de la conversation entre Netanyahu et Moses publiés dimanche indiquent que le Premier ministre et le magnat des médias avaient discuté des moyens permettant d’assurer une couverture favorable à Netanyahu dans Yedioth après les élections de 2015. Les deux hommes auraient discuté de l’émissaire de Netanyahu qui parlerait avec les rédacteurs de Yedioth tard le soir, pour garantir que les articles désirés étaient publiés dans l’édition du lendemain et sur le site internet de Yedioth, Ynet.

Ron Yaron, rédacteur en chef du quotidien israélien Yedioth Ahronoth, à Jérusalem, le 28 mars 2016. (Crédit : Hadas Parush/Flash90)
Ron Yaron, rédacteur en chef du quotidien israélien Yedioth Ahronoth, à Jérusalem, le 28 mars 2016. (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

Dans l’un des extraits de leur conversation présumée, Moses dit à Netanyahu de choisir quelqu’un pour « parler à Ron Yaron », le rédacteur en chef de Yedioth. Netanyahu suggère Nir Hefetz, porte-parole qui travaillait autrefois pour le quotidien, mais Moses rejette cette proposition, car Hefetz est connu pour avoir des ambitions pour un poste important au sein de Yedioth. Moses dit à Netanyahu qu’il peut directement discuter avec lui des sujets urgents pendant la journée.

Une autre phrase présumée de Moses semble indiquer que lui et Netanyahu ont eu des tractations secrètes pour que le Premier ministre bénéficie d’une couverture plus favorable dans Yedioth pendant des périodes électorales passées, en 1996, 1999 et 2009, et ce malgré le fait que Netanyahu ait souvent déclaré que Moses était en quelque sorte son ennemi juré.

« Nous avons déjà été dans cette situation, nous l’avons fait. C’est notre quatrième période électorale… 96, 99, 2009, et maintenant », aurait déclaré Moses. Netanyahu a remporté trois de ces élections, et perdu contre Ehud Barak en 2009.

Notant que les élections de 2015 n’étaient organisées que trois mois et demi après, Moses aurait dit à Netanyahu: « nous devons faire ça rapidement parce que je dois faire changer le cap ». En d’autres termes, modifier la couverture de Yedioth, hostile à Netanyahu. « Je parlerais à Ron [Yaron, le rédacteur en chef] dimanche. » aurait-il ajouté. Netanyahu opine, « change le cap. »

Moses promet : « Je dis dimanche à Ron qu’il sera contacté. C’est un début. »

Des fuites de la même conversation publiées samedi par la Deuxième chaîne ont révélé que le Premier ministre avait discuté avec Moses des journalistes qui lui étaient très hostiles. Et Moses de réfléchir à comment les exclure.

Moses affirme que « ce sera un tremblement de terre » quand Yedioth changera de ton. « Nous devons être intelligent sur la façon de faire », ajoute-t-il.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, et le rédacteur en chef du Yedioth Ahronoth, Arnon Moses. (Crédit image composée : Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, et le rédacteur en chef du Yedioth Ahronoth, Arnon Moses. (Crédit image composée : Flash90)

Yair Lapid, le président de Yesh Atid, a rappelé lundi que Netanyahu était « innocent jusqu’à preuve du contraire ».

« Nous devons nous rappeler cela, et nous devons le respecter », a-t-il déclaré au début de la réunion hebdomadaire des députés de son parti à la Knesset.

Tout en soulignant que les enquêtes prenaient du temps, Lapid a également déploré que des sujets importants soient marginalisés en raison de l’attention portée aux accusations contre le Premier ministre.

« Cela doit se terminer le plus vite possible », a-t-il déclaré au sujet de l’enquête, en s’adressant au procureur général.

Lapid a également mis en garde contre les suppositions de corruption de tous les élus. « Tout le monde n’est pas comme ça », a-t-il déclaré, ajoutant que ce sont ces personnes qui doivent diriger le pays.

Le ministre de l'Éducation Naftali Bennett lors d'une interview dans les bureaux du Times of Israel à Jérusalem, le 9 janvier 2017. (Crédit : Luke Tress/Times of Israel)
Le ministre de l’Éducation Naftali Bennett lors d’une interview dans les bureaux du Times of Israel à Jérusalem, le 9 janvier 2017. (Crédit : Luke Tress/Times of Israel)

Naftali Bennett, président du parti HaBayit HaYehudi, a défendu lundi le procureur général. Mandelblit. Il est « droit, fort, et impartial », a déclaré Bennett au début de la réunion hebdomadaire des députés de son parti à la Knesset.

Des militants de gauche ont appelé Mandelblit, ancien secrétaire du cabinet de Netanyahu, à se récuser des enquêtes concernant le Premier ministre.

Face à la frénésie médiatique sur le sujet, Mandelblit, s’est exprimé lundi pour la première fois publiquement sur le sujet.

Il a souligné devant des étudiants qu’il ne se laisserait pas influencer par « les bruits de fond de ceux qui tentent de nous détourner de notre but ».

Il a aussi justifié sa décision de ne pas rendre publics, en tout cas pour le moment, les enregistrements des conversations entre MM. Netanyahu et Moses.

Bennett a également fait allusion à la future prestation de serment du président américain élu Donald Trump, répétant que de nouvelles opportunités diplomatiques se présentaient à Israël, qu’il devrait saisir dans les prochaines semaines.

« Pour la première fois en 50 ans, on nous demande ce que nous voulons », a déclaré Bennett, qui faisait a priori référence à la nouvelle administration américaine.

Il a présenté une alternative : annexer la zone C de Cisjordanie ou un Etat palestinien dans les lignes de 1967.

Bennett a affirmé qu’il n’y aurait pas d’Etat palestinien. « Cela sera aussi la position du gouvernement », a-t-il déclaré.

Le ministre a ensuite cité une campagne en arabe promue par d’anciens généraux, qui appellent Israël à se séparer des Palestiniens. « Le public israélien sait qu’un Etat palestinien nous inondera de réfugiés », a-t-il ajouté.

Isaac Herzog, dirigeant du Parti travailliste, pendant une conférence du parti à Tel Aviv, le 31 juillet 2016. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Isaac Herzog, dirigeant du Parti travailliste, pendant une conférence du parti à Tel Aviv, le 31 juillet 2016. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Isaac Herzog, chef de l’opposition, a déclaré lundi, pendant la réunion hebdomadaire des députés de l’Union sioniste à la Knesset, que l’enquête sur Netanyahu marquait « des jours difficiles pour la démocratie israélienne ».

« C’est difficile pour l’instant, mais cela pourra être nettoyé, a-t-il déclaré. Je suis cependant certain que la démocratie israélienne survivra. »

Herzog a ajouté que les informations parues sur les enquêtes contre le Premier ministre montrait qu’il passait son temps à tenter d’assurer par tous les moyens son contrôle sur les médias au lieu de se consacrer aux besoins de la population.

Le chef de l’opposition, revenant sur une déclaration faite la semaine dernière,a annoncé qu’il avait envoyé une lettre au Premier ministre pour lui demander de démissionner de son poste de ministre des Communications.

« Même s’il n’y a aucun délit pénal, nous parlons ici d’un grave abus de confiance du Premier ministre envers la population », a déclaré Herzog.

Raoul Wootliff et Marissa Newman ont contribué à cet article.

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