Netanyahu amuse la cour en racontant l’invitation de John Kerry en Afghanistan
Le Premier ministre partage aussi une anecdote sur sa résistance aux pressions américaines pour céder le contrôle de la Cisjordanie aux forces palestiniennes formées par les États-Unis
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

Le témoignage du Premier ministre Benjamin Netanyahu devant le tribunal, mardi, dans son procès pénal, a inévitablement abordé certains aspects plus insolites de ses relations avec des hommes d’affaires et des magnats des médias, qui sont au cœur des accusations portées contre lui.
Netanyahu a toutefois veillé à mettre en avant ce qu’il a présenté comme son dévouement inlassable au service de l’État d’Israël, en insistant particulièrement sur sa capacité, selon lui, à résister aux pressions extérieures, notamment celles des États-Unis, ainsi qu’à ce qu’il perçoit comme des tendances biaisées dans la presse israélienne.
Une anecdote particulièrement pittoresque qu’il a partagée avec la cour concernait une invitation secrète à se rendre en Afghanistan, émanant du président américain et de son secrétaire d’État.
Après avoir posé une question facile, l’avocat de la défense, Amit Hadad, a demandé au Premier ministre de détailler les nombreuses affaires d’État dont il s’est occupé au cours de son mandat. Netanyahu a répondu en soulignant que l’arrivée de l’administration Obama avait constitué un défi majeur pour sa politique.
Il a décrit les efforts de Barack Obama pour renforcer les liens avec le monde musulman, citant notamment ce qu’il a qualifié de « discours d’apaisement » prononcé par le président américain au Caire en 2009. Selon Netanyahu, Obama considérait l’Iran non comme une menace, mais comme un pays avec lequel il était possible d’établir des relations.
Le Premier ministre a également évoqué ce qu’il a décrit comme une approche peu chaleureuse d’Obama envers Israël, citant notamment l’exigence explicite du président de ne pas permettre « une seule brique » de construction dans les implantations israéliennes, alors qu’il cherchait à définir une voie pour avancer dans le processus de paix israélo-palestinien.

« Il y avait une exigence de gel total des constructions dans les implantations. La pression était énorme, » a déclaré Netanyahu devant le tribunal.
« Il y avait également des pressions internes [en Israël] pour encourager cet objectif, que ce soit dans la presse ou ailleurs, » a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il avait été contraint d’accepter un gel de dix mois des implantations, tandis que le secrétaire d’État américain John Kerry venait dans la région « avec toutes sortes de plans ».
Parmi ces plans figurait un programme américain visant à former les forces de sécurité palestiniennes à lutter contre les organisations terroristes, dans le but d’apaiser les craintes d’Israël liées à un retrait de ses forces de Cisjordanie.
« On nous a dit que nous pouvions quitter les territoires [la Cisjordanie] parce que les Américains entraînaient les Palestiniens, » a déclaré Netanyahu au tribunal.
« John Kerry m’a également proposé d’effectuer une visite secrète en Afghanistan pour observer comment les Américains formaient les forces locales afghanes, » a-t-il poursuivi.
Netanyahu a précisé qu’il avait répondu à Kerry que ce projet était une très mauvaise idée.
« Je lui ai dit : ‘John, je veux vous dire quelque chose — à la minute où vous quitterez l’Afghanistan, les forces que vous formez s’effondreront sous la pression des islamistes.’ »
« Nous ne pouvons pas nous permettre une telle chose ici, » aurait-il ajouté au secrétaire d’État américain.
Les États-Unis ont investi des dizaines de milliards de dollars dans la formation des forces afghanes. Mais à la mi-2021, après le retrait des troupes américaines, les talibans ont lancé une offensive majeure en Afghanistan, reprenant le pouvoir à la fin de l’été.

Netanyahu a affirmé que son attitude envers Kerry avait généré une « couverture horrible » dans la presse et a souligné que l’approche de l’administration Obama envers Israël avait été l’un des grands défis qu’il avait dû relever durant son mandat de Premier ministre.