Netanyahu assure qu’il n’a pas aidé le Hamas à se renforcer
Le Premier ministre a redit s'opposer à une prise de contrôle de l'Autorité palestinienne à Gaza dans l'après-guerre, laissant entendre que le plan américain est "une illusion"
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a indiqué, samedi soir, qu’il était « fier » d’avoir empêché l’établissement d’un état palestinien et il s’est enorgueilli d’avoir « appuyé sur le frein » dans le cadre du processus de paix d’Oslo pendant une conférence de presse qui était organisée au siège du ministère de la Défense, à Tel Aviv.
S’exprimant aux côtés du ministre de la Défense Yoav Gallant et de Benny Gantz, ministre au sein du cabinet de guerre, le Premier ministre a répété être opposé à une prise de contrôle de l’Autorité palestinienne (AP) à Gaza, après la guerre, ajoutant que « entre amis, il est important de ne pas se bercer d’illusions », faisant allusion au désir exprimé par Washington de voir une AP « redynamisée » prendre le pouvoir au sein de l’enclave côtière.
Netanyahu a estimé que les Accords d’Oslo avaient été « une erreur terrible » et il a dit que le résultat entraîné par le « petit État palestinien de Gaza », mis en place après le retrait israélien de l’enclave côtière, en 2005, était une démonstration du danger représenté par une souveraineté palestinienne en Cisjordanie.
« Je suis fier d’avoir empêché la création d’un Etat palestinien parce qu’aujourd’hui tout le monde comprend ce qu’aurait pu être cet Etat palestinien, maintenant que nous avons vu le petit Etat palestinien à Gaza. Tout le monde comprend ce qui se serait passé si nous avions capitulé face aux pressions internationales et permis la création d’un État comme celui-là en Judée-Samarie, autour de Jérusalem et à la périphérie de Tel-Aviv », a-t-il dit.
Les critiques des propos tenus par Netanyahu n’ont guère tardé – avec le député d’Yisrael Beytenu, Oded Forer, qui a souligné que le chef de gouvernement avait mis en vigueur les accords intermédiaires du processus de paix en 1990 ; qu’il avait voté pour le désengagement de Gaza (avant de présenter sa démission du gouvernement d’Ariel Sharon avant sa mise en œuvre) ; qu’il avait exécuté l’accord qui avait permis à un soldat kidnappé, Gilad Shalit, de recouvrer la liberté dans le cadre d’un échange de prisonniers qui avait été marqué par la libération de Yahya Sinwar, le chef actuel du Hamas et qu’il avait trouvé un arrangement qui avait permis à des fonds qataris d’arriver jusqu’au Hamas au sein de l’enclave côtière pendant son mandat de Premier ministre.
Netanyahu a insisté sur le fait qu’il avait « hérité des Accords d’Oslo » et que « la décision de retirer l’OLP de Tunis et de l’implanter au cœur de la Judée-Samarie [Cisjordanie] et à Gaza a été une décision prise et mise en œuvre avant que je ne devienne Premier ministre ».
« Je pensais alors que c’était une terrible erreur et c’est toujours le cas », a-t-il ajouté.
Dans ses propos préparés, lors de la conférence de presse, Netanyahu a répété le message qu’il transmet depuis maintenant plusieurs semaines, affirmant qu’il ne permettra pas à l’AP de prendre le contrôle de Gaza après la guerre.
« Je ne laisserai pas le ‘Hamastan’ se transformer en ‘Fatahstan’, je ne permettrai pas l’échange de Khan Younès contre Jénine », a-t-il dit, faisant référence au parti palestinien du Fatah, rival du Hamas et qui est à la tête de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie.
« Je ne laisserai pas l’État d’Israël revenir à l’erreur fatidique d’Oslo », a continué le Premier ministre qui a soutenu que le Hamas et le Fatah n’étaient pas en désaccord s’agissant de leur volonté de détruire Israël mais seulement sur les moyens employés pour ce faire.
Cette question est devenue un point sensible dans les relations établies entre Jérusalem et Washington, avec les États-Unis qui appellent ouvertement à confier Gaza à une AP qui aurait mené à bien toute une série de réformes.
Mais le Premier ministre a fait savoir que cette idée était illusoire et il a affirmé que la perspective d’un contrôle sécuritaire prolongé qui serait assuré par l’armée israélienne au sein d’une enclave côtière démilitarisée – ce qu’il prône lui-même – remportait un large soutien.
« Je n’exclus même pas que nous puissions trouver un accord avec les États-Unis là-dessus », a-t-il affirmé.
Netanyahu a aussi déclaré que les centaines de millions de dollars qataris qui étaient entrés dans la bande avec la bénédiction de ses gouvernements ne sont pas allés aux forces militaires du Hamas, mais que l’argent avait été employé pour éviter une catastrophe humanitaire sur le territoire.
« L’argent n’a pas servi à renforcer le Hamas ; il n’est pas allé au système militaire du Hamas ; il est allé mettre un terme à un désastre humanitaire à Gaza et il a empêché deux millions de Gazaouis de se déverser à travers la frontière – qui sait avec quelles pathologies et autres maladies infectieuses », a-t-il dit, ajoutant que tout le reste n’était que « fiction ».
Des paroles qui, là encore, ont été critiquées par Forer.
« [Sinwar] a été libéré en 2011 à cause de la décision prise par Netanyahu de remettre en liberté 1 027 terroristes, avec Sinwar parmi eux, dans l’accord Shalit. Depuis, Netanyahu a prôné un arrangement avec Sinwar à la fin de l’année 2018, un arrangement qui a entraîné l’entrée de millions de dollars en liquidités à destination du Hamas, ce qui a permis à ce dernier de renforcer sa puissance », a noté le député.
Netanyahu avait également indiqué vouloir accepter la création d’un état palestinien dans un discours historique prononcé à l’université Bar-Ilan en 2009, même s’il était ultérieurement revenu sur ce positionnement.
Évoquant la mort de trois otages qui ont été accidentellement abattus par les soldats israéliens, vendredi, le Premier ministre a estimé que des leçons devraient être tirées de l’incident.
« Alon, Samar et Yotam ont survécu à cette horreur pendant 70 jours ; ils n’étaient plus qu’à un pas de la liberté ; ils avaient trouvé le salut et à cet instant-là, c’est une tragédie qui est arrivée. J’en ai eu le cœur brisé ; la nation toute entière en a eu le cœur brisé », a-t-il commenté.
Cet incident a renforcé les appels lancés à Israël en faveur d’une pause dans les combats – pour tenter de conclure un accord portant sur la libération des otages.
Netanyahu a toutefois insisté sur le fait que la guerre continuerait, disant qu’une source de réconfort pour les familles des soldats tués sur le front était que la mort de leurs êtres chers ne serait pas vaine en « assurant que nous continuerons à nous battre jusqu’à la victoire ».
Il a indiqué que le Hamas demandait la fin de la guerre et le retrait des troupes israéliennes de Gaza.
« A la minute où nous capitulerons devant ces demandes, le Hamas l’emportera. Et nous sommes dans l’obligation d’éliminer le Hamas et de rapatrier tous les otages », a-t-il ajouté.
Israël a déclaré la guerre au Hamas suite au massacre commis par le groupe terroriste dans le sud d’Israël, le 7 octobre. 3 000 hommes armés avaient franchi la frontière par voie aérienne, maritime et terrestre, ce jour-là, et ils avaient tué près de 1 200 personnes, des civils en majorité. Des familles toutes entières avaient été exécutées dans leurs habitations et les jeunes qui participaient à une rave-party avaient été massacrés, entre autres atrocités. 240 personnes avaient été enlevées et prises en otage.
Il a noté qu’il avait dit à Jake Sullivan, le Conseiller à la sécurité nationale américain, qu’il avait l’intention de continuer à combattre jusqu’à l’élimination du Hamas et ce, malgré les pressions présumées qui seraient exercées par l’administration Biden qui voudrait que les hostilités « à forte intensité » se terminent et que l’offensive devienne plus ciblée.
« Je le dis encore à nos amis : Nous sommes plus déterminés que jamais à continuer jusqu’à la fin – jusqu’à ce que nous éliminions le Hamas, jusqu’à ce que nous rapatrions tous nos captifs, jusqu’à ce que nous puissions garantir qu’il n’y aura plus jamais de parti à Gaza qui enseigne aux enfants le terrorisme, qui finance le terrorisme et qui commet des actes terroristes. »
De son côté, Gallant a, lui aussi, rejeté les appels en faveur d’un arrêt des combats après la mort accidentelle des trois otages.
« Le prix de la guerre est très élevé. Nous le payons chaque jour, mais quand vous savez que vous êtes sur une voie juste, alors vous êtes prêt à payer le prix jusqu’à ce que vous atteigniez l’intégralité de votre objectif », a-t-il dit. « Et nous voulons continuer à atteindre notre objectif qui ici est de détruire le Hamas et de ramener tous les otages dans leurs foyers ».
Gallant a déclaré avoir parlé avec toutes les familles des otages tués, qualifiant ces appels de « chargés, douloureux et difficiles, d’abord pour les familles, mais aussi pour moi personnellement. »
« En tant que ministre de la Défense, j’assume la responsabilité de tout ce qui se passe au sein de l’establishment de la sécurité et de tout ce qui se passe dans cette guerre, des succès et des coûts, ainsi que des graves erreurs. La même chose est vraie pour l’incident d’hier », a-t-il continué, regrettant « des erreurs significatives » qui, selon lui, ont entraîné ce drame.
Mais Gallant a aussi souligné la complexité des combats dans la zone de Shejaiya où l’incident a eu lieu, avec des terroristes du Hamas « dans chaque maison et chaque ruelle », et note que la zone est pleine de pièges et d’embuscades potentielles.
« Vous devez comprendre les circonstances dans lesquelles vos soldats mènent des opérations, ainsi que l’environnement », a-t-il insisté.
Répondant à une question portant sur la menace des Houthis pro-Iran, Gallant a affirmé que si les rebelles yéménites avaient commencé par attaquer des navires affiliés à Israël, ils s’en prenaient désormais à toutes sortes de navires.
« C’est un problème mondial qui touche également Israël », a-t-il expliqué.
Il ajoute que les Houthis ont tiré « des dizaines de missiles » sur Israël, dont la plupart ont été détruits.
« Nous donnons une chance » à la communauté internationale de faire face à la menace qui pèse sur le transport maritime, a poursuivi le ministre de la Défense.
« Nous sommes prêts à agir. Nous savons quoi faire. Nous trouverons le moment opportun », a-t-il affirmé.
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