Netanyahu: « aucune intention » de construire dans des implantations démantelées en 2005
Le communiqué du bureau du Premier ministre a fait suite aux rares réprimandes américaines qui ont suivi l'abrogation de certaines parties de la Loi sur le Désengagement
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a été dans l’obligation d’émettre mercredi un communiqué établissant clairement que son gouvernement d’extrême-droite ne construirait pas de nouvelles implantations dans le nord de la Cisjordanie, après les cinglantes et rares critiques des États-Unis qui ont suivi l’adoption, à la Knesset, d’une législation qui autoriserait les Israéliens à retourner dans des secteurs qui avaient été évacués en 2005.
Ce communiqué émis par le bureau du Premier ministre après la convocation de l’ambassadeur Mike Herzog au département d’État américain – l’envoyé a été sommé de donner des clarifications sur l’abrogation de certaines parties de la Loi sur le Désengagement, qui avait entraîné l’évacuation d’implantations situées dans le nord de la Cisjordanie – a cherché à dépeindre la législation comme étant une correction apportée à une injustice historique.
« La décision prise par la Knesset d’annuler certaines parties de la Loi sur le désengagement met un terme à une loi humiliante et discriminatoire qui empêchait les Juifs de vivre dans certains secteurs du nord de la Cisjordanie, un territoire qui fait pourtant partie de notre foyer historique », a déclaré le communiqué.
« Toutefois, le gouvernement n’a aucune intention de construire de nouvelles communautés dans ces secteurs », a continué le communiqué qui a noté que plusieurs membres de l’opposition avaient apporté leur soutien à la législation.
Ce nouveau texte de loi, qui a été adopté mardi en tout début de matinée, a abrogé les clauses figurant dans la Loi sur le Désengagement de 2005 qui interdisaient aux Israéliens de se rendre dans les zones qui accueillaient, dans le passé, les implantations de Homesh, Ganim, Kadim et Sa-Nur.
Les villes détruites de Cisjordanie sont devenues, pour les partisans du mouvement pro-implantation, le symbole d’une injustice qu’ils ont cherché à réparer, tandis que pour les Palestiniens, ces zones représentent une autre partie du territoire de Cisjordanie qui leur a été enlevée.
Le communiqué n’a pas établi clairement si une réintégration des implantations de Cisjordanie qui avait été évacuées lors du désengagement de 2005 – en particulier Homesh – entrait dans la définition des « nouvelles » implantations.
Cette abrogation dynamisera les efforts livrés par la coalition qui veut légaliser un avant-poste illégal qui occupe actuellement le site de Homesh ainsi qu’une yeshiva qui y a été construite. Les partisans du mouvement pro-implantation jouent depuis des années au chat et à la souris avec l’armée israélienne, reconstruisant, démolition après démolition, les structures illégales qui y sont installées.
Annuler l’interdiction pesant sur la présence israélienne sur ce territoire était une étape nécessaire sur le chemin de la légalisation de l’avant-poste. Homesh a été construit sur des terres palestiniennes privées, a fait savoir la Haute-cour.
Ce communiqué est un nouvel exemple d’un Premier ministre contraint de rappeler à l’ordre ses partenaires de coalition pro-implantations de la ligne dure face à l’opposition croissante aux politiques du gouvernement des alliés d’Israël, et particulièrement des États-Unis.
La décision prise par le gouvernement d’abroger certaines parties de la Loi sur le désengagement a entraîné les critiques féroces de l’administration Biden, qui a pris l’initiative (très) rare de convoquer Herzog pour un entretien qui n’était pas prévu.
Les Etats-Unis sont « extrêmement préoccupés » par le vote des députés israéliens, dont les modifications, « particulièrement provocantes », vont à l’encontre des « efforts pour restaurer un peu de calme » à l’approche du ramadan (qui commence jeudi), de la Pâque juive et des fêtes de Pâques chrétiennes, a déclaré à la presse mardi le porte-parole adjoint du département d’Etat, Vedant Patel.
Alors que le conflit israélo-palestinien semble emporté dans une nouvelle spirale de violence depuis le début de l’année, le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé le 20 février aux « parties de faire preuve de calme et de retenue et de s’abstenir de tout acte de provocation ».