Netanyahu avertit du « prix lourd » à payer sans gouvernement d’unité
Le Premier ministre n'a pas évoqué d'éventuelles primaires du Likud ni l'offre d'unité de Lapid à la Knesset,mais il a dit que l'Iran voulait anéantir Israël
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a encore appelé à un « gouvernement d’unité large » pour éloigner le spectre d’un troisième scrutin en moins d’un an, disant que les enjeux sécuritaires, pour le pays, nécessitaient une stabilité politique et un gouvernement large.
S’exprimant devant les députés de la Knesset qui venaient de prêter serment, Netanyahu n’a pas évoqué le projet possible du Likud d’appeler à des primaires anticipées ou l’offre faite par le numéro deux de Kakhol lavan, Yair Lapid, d’abandonner son propre accord de rotation au poste de Premier ministre conclu avec Benny Gantz pour ouvrir la porte à un pacte d’unité – deux bombes politiques lancées dans les heures qui avaient précédé et qui pourraient significativement secouer le paysage politique au sein de l’Etat juif.
Netanyahu a préféré s’en tenir à ses appels de formation d’un gouvernement d’unité placé sous son autorité au vu de ce qu’il a qualifié de « défis sécuritaires difficiles » que le pays doit relever.
« Nous ne sommes pas les seuls à souffrir de ce type de problèmes », a dit Netanyahu aux législateurs de la 22e Knesset. « Mais nous ne pouvons pas nous payer le luxe de les subir. Personne ne doit relever autant de défis que nous – aucun autre pays. Et les démocraties qui ne comprennent pas qu’il faut s’unir dans un moment de danger doivent en payer le prix lourd ».
Netanyahu cherche à forcer son principal rival électoral, Benny Gantz, chef de la formation Kakhol lavan, à rejoindre une coalition qui serait placée sous son autorité et qui serait composée des formations de droite et haredim.
Gantz a refusé jusqu’à présent d’intégrer une coalition aux côtés du Premier ministre en titre tant que la menace d’inculpations pour corruption planera sur le leader du Likud.

Dans ses propos de jeudi, Netanyahu a averti qu’Israël devait relever le grave défi incarné par l’Iran – un défi qui exigerait la formation d’un gouvernement d’unité.
« Ce n’est pas un stratagème, ce n’est pas un caprice, ce n’est pas ‘Netanyahu s’efforce de nous faire peur' », a-t-il déclaré.
« Tous ceux qui connaissent la situation savent que l’Iran gagne en force et commet des attaques dans le monde tout en disant clairement : ‘Israël disparaîtra’. Les Iraniens le pensent, ils travaillent pour y parvenir et nous devons les prendre au sérieux. Cette réalité nous oblige à passer à l’action. Souvenez-vous de mes paroles et tenez-en compte », a-t-il continué.
« Je vous dis ces choses qui viennent du plus profond de mon dévouement pour le peuple d’Israël. Ces choses arrivent autour de nous et elles ont des conséquences immédiates pour nous. Ce défi nécessite un gouvernement qui ait les épaules larges », a-t-il dit.
« Je vais citer une chanson d’Elvis Presley : ‘C’est maintenant ou jamais’. Toutefois, je vais modifier un peu cette phrase : ‘C’est maintenant ou plus tard’, » a-t-il poursuivi, suggérant qu’un gouvernement d’unité serait formé quoi qu’il arrive.

« Ce qu’il faut faire, c’est finaliser un gouvernement d’unité. Mais si nous ne le faisons pas maintenant, il faudra encore le faire quand j’aurai rendu le mandat au président Rivlin et que Benny Gantz aura rendu son mandat, et que les 21 derniers jours soient passés » pour former une coalition.
« Je vous en prie, agissons de manière responsable. Et passons immédiatement à l’action », a-t-il dit.
Peu après l’allocution de Netanyahu, Gantz a répété son appel à la démission de Netanyahu, éclaboussé par les scandales pour corruption.
« S’il abandonne son poste, un gouvernement d’unité sera alors formé en une heure », a-t-il clamé devant les journalistes dans l’enceinte de la Knesset.

Face à l’exigence de Gantz qu’il abandonne son poste pour se consacrer aux enquêtes pour corruption, Netanyahu a travaillé dur pour unir le Likud et les autres partis de droite et haredim et les placer sous son autorité.
Jeudi, le Likud a annoncé que Netanyahu réfléchissait à organiser des Primaires à la tête du parti pour tenter de faire taire les rumeurs portant sur des tentatives de la part de hauts-membres de la formation de le destituer de sa fonction.
« L’objectif de cette initiative est de détruire l’illusion d’une rébellion au sein du Likud qui empêche les autres formations de rejoindre un gouvernement d’unité », a déclaré un communiqué du Likud.
Cette annonce a entraîné une réponse du député Gideon Saar, qui appartient au parti. Ce dernier a écrit sur Twitter un message laconique disant : « Je suis prêt ».

Une telle bataille marquerait le premier défi lancé à l’autorité de Netanyahu au sein du parti en cinq ans.
Interrogé à son arrivée à la cérémonie de prestation de serment au parlement, jeudi après-midi, Saar a tout d’abord esquivé les questions des journalistes puis a clairement établi sa position, disant qu’il en dirait davantage « quand ça sera nécessaire ».
Saar est un adversaire de longue date du Premier ministre. Au début de l’année, Netanyahu avait accusé Saar de programmer un « putsch » contre lui, une affirmation que Saar a qualifié « d’infox ». Le Premier ministre avait tenté d’exclure Saar de la liste du Likud à la Knesset mais l’ancien ministre de l’Education avait rassemblé un fort soutien lui permettant d’occuper l’une des toutes premières places sur la liste des candidats au mois de février, et la sixième dans cette nouvelle Knesset.
Alors que la radio militaire lui demandait, jeudi soir, s’il avait pris une décision sur l’organisation des Primaires, Netanyahu a répondu que « vous connaîtrez très rapidement ma décision ».