Israël en guerre - Jour 426

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Netanyahu menace de « guerre intensive » en cas de rupture du cessez-le-feu au Liban

Le Premier ministre estime bien "meilleures" les chances d'accord sur Gaza depuis les succès contre le Hezbollah et se dit prêt à une trêve - mais pas plus - avec le Hamas pour faire libérer les otages

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’exprime lors d’une interview sur la Quatorzieme chaîne , le 28 novembre 2024. (Crédit : Capture d’écran/Quatorzieme chaîne ; utilisé conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’exprime lors d’une interview sur la Quatorzieme chaîne , le 28 novembre 2024. (Crédit : Capture d’écran/Quatorzieme chaîne ; utilisé conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Pour sa toute première interview depuis le début du cessez-le-feu au Liban, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré jeudi que si le Hezbollah violait l’accord, il y aurait une « guerre intensive ».

Le Premier ministre a dit avoir donné des instructions à l’armée israélienne pour qu’en cas de « violation grave des termes de l’accord », la riposte aille au-delà des « frappes chirurgicales actuelles ».

Au lendemain de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le commandement du front intérieur de Tsahal a levé toutes les restrictions sur les rassemblements au sud de Haïfa. La limitation du nombre de personnes lors de rassemblements aussi bien intérieurs qu’extérieurs, avait été imposée en raison des tirs de roquettes nourris du Hezbollah.

Des restrictions demeurent en plusieurs endroits du nord d’Israël et les écoles resteront fermées dans les villes frontalières du nord ainsi que sur le plateau du Golan le temps qu’Israël évalue la situation sécuritaire.

Jeudi, l’armée a, pour la première fois depuis le début du cessez-le-feu, mené plusieurs frappes au Liban contre des terroristes, suite à des violations de la trêve. On parle notamment d’une frappe sur une usine de production de roquettes à moyenne portée du Hezbollah qui avait repris de l’activité et d’une autre contre deux agents du Hezbollah entrés sur un pas de tir de roquettes répertorié dans le sud-Liban.

L’armée a par ailleurs revendiqué des coups de semonce sur plusieurs suspects tentant de pénétrer dans des zones interdites.

Jeudi, le chef d’État-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, a évoqué le cessez-le-feu pour dire que l’armée l’appliquerait « par le feu » pour permettre le retour dans le nord d’Israël des habitants qui en ont été évacués.

Des soldats de Tsahal se tiennent devant une maison touchée par des roquettes tirées par le Hezbollah depuis le Liban, dans la ville frontalière de Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël, le 26 novembre 2024. (Jalaa MAREY / AFP)

« Cet accord est le résultat de mois de combats, surtout de ces trois derniers mois. Nous avons remporté beaucoup de victoires au Liban, nous fait un gros travail, avec une forte détermination, éliminé tous les échelons supérieurs [du Hezbollah], éliminé tous les commandants », a déclaré Halevi lors d’un point de situation. « Il est désormais temps de passer à une autre étape, toujours avec la même détermination… Nous savons de source sûre que le Hezbollah a conclu cet accord en raison de sa faiblesse, faute d’autres solutions. »

« Les habitants du nord ont désormais le regard tourné vers nous et ils attendent de nous que nous fassions respecter ce qui a été convenu afin qu’ils puissent rentrer chez eux. Nous leur devons cela, c’est notre devoir envers eux et envers nous », a-t-il ajouté.

Le chef d’État-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, lors d’un point de situation, dans une vidéo publiée par l’armée israélienne le 28 novembre 2024. (Armée israélienne)

Au micro de Yaakov Bardugo, pour la chaîne N12, Netanyahu a déclaré que le cessez-le-feu « pourrait être bref ». Il a également noté qu’Israël « respectait [le cessez-le-feu] depuis le premier jour » – une allusion aux frappes.

De son côté, la Treizième chaîne a indiqué que Netanyahu avait réuni ses conseillers, jeudi soir, pour évoquer les différents fronts de la guerre déclenchée par le massacre du Hamas, le 7 octobre 2023, dans le sud d’Israël.

Interrogé sur les raisons pour lesquelles Israël ne créait pas de zone tampon dans le sud-Liban, Netanyahu a assuré que « la menace d’une invasion terrestre [par le Hezbollah] est écartée » et ajouté que l’armée israélienne avait détruit les infrastructures aériennes du groupe terroriste à la frontière ainsi que ses bunkers et tunnels.

Il a précisé que les habitants du nord d’Israël reviendraient « lorsque ce serait possible de le faire en toute sécurité. Par étapes. »

Le cessez-le-feu prévoit une période transitoire de 60 jours, au cours de laquelle l’armée israélienne doit se retirer du sud-Liban et l’armée libanaise déployer pas moins de 5 000 soldats au sud du fleuve Litani, notamment au niveau de 33 postes situés le long de la frontière avec Israël. Le Hezbollah n’a pas le droit de se trouver au sud du fleuve, à plusieurs kilomètres de la frontière.

Les États-Unis auraient rédigé une lettre d’accompagnement affirmant le droit d’Israël de riposter à toute violation du cessez-le-feu.

Au-delà de la question de ce début de trêve au Liban, Netanyahu a, lors de la même interview, été interrogé sur un possible cessez-le-feu avec le Hamas à Gaza, ce à quoi il a répondu : « Je pense que les circonstances sont bien meilleures. » Il s’est dit prêt à accepter une pause dans la guerre à Gaza « lorsque nous jugerons possible d’obtenir la libération des otages.

« Je suis disposé à conclure un cessez-le-feu à tout moment », a-t-il assuré, tout en ajoutant qu’il n’accepterait pas de sonner définitivement la fin de la guerre, ce qui est une exigence cardinale du Hamas. Sans entrer dans les détails, Netanyahu a déclaré qu’Israël faisait « beaucoup, beaucoup de choses » pour tenter de parvenir à un accord.

Les opposants à Netanyahu lui reprochent de ne pas avoir conclu d’accord pour faire libérer les otages à cause des pressions de ses alliés de la coalition d’extrême droite pour prolonger la guerre, eux qui souhaitent qu’Israël réinvestisse Gaza et y reconstruise les implantations évacuées en 2005.

Netanyahu a affirmé que les opérations militaires d’Israël contre le Hezbollah, au Liban, avaient pour effet d’isoler le groupe terroriste palestinien à Gaza.

« Le Hamas espérait que l’Iran viendrait les sauver. Ce n’est pas ce qui s’est passé. Ils espéraient que les Houthis [basés au Yémen] viendraient les sauver. Ce n’est pas ce qui s’est passé », a déclaré le Premier ministre. « Mais par-dessus tout, ils espéraient que le Hezbollah viendrait les sauver, et en effet [le chef du Hezbollah assassiné Hassan] Nasrallah a promis, le deuxième jour, lorsqu’il a attaqué : « Nous continuerons jusqu’à ce qu’Israël cesse ses attaques contre le Hamas. »

Désormais, a dit Netanyahu, « il n’y a plus de Hezbollah [aux côtés du Hamas] ».

Chef de longue date du Hezbollah, Nasrallah, ainsi que la plupart des hauts dirigeants du Hezbollah, ont été tués dans les frappes israéliennes de grande ampleur menées à Beyrouth depuis fin septembre, au terme d’un an d’attaques quotidiennes contre Israël.

Les intenses bombardements israéliens ont a également dévasté les structures de commandement et de contrôle de l’organisation ainsi qu’une grande partie de ses missiles à longue portée. Les analystes estiment que le groupe terroriste a subi de lourdes pertes, mais qu’il n’est pas pour autant définitivement vaincu.

« C’est la raison qui m’amène à penser que les circonstances sont bien meilleures, non seulement du fait de la séparation des fronts, mais aussi de la combinaison d’opérations, à commencer par l’élimination [du chef du Hamas Yahya] Sinwar » en octobre.

Des personnes se rassemblent sur les lieux de la mort du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le 29 septembre 2024. (Crédit : AP Photo/Hassan Ammar)

Il a par ailleurs dit que les circonstances, au Liban, étaient différentes de celles qui prévalaient à Gaza, et que si Israël voulait détruire le Hamas, ses objectifs au Liban étaient bien moins ambitieux et se limitent à empêcher le Hezbollah de constituer une menace.

Il a ajouté que si Israël pouvait empêcher la contrebande d’armes au Liban par le bombardement de postes-frontières et des frappes en Syrie, cela ne serait pas possible à Gaza dans la mesure où Israël n’attaquerait pas l’Égypte. Ce qui explique, selon lui, qu’Israël doive rester présent à la frontière entre Gaza et l’Égypte – autre exigence refusée par le Hamas dans le cadre des négociations en vue d’un accord.

Le Premier ministre a déclaré à la chaîne N12 qu’il avait accepté un cessez-le-feu au Liban parce que « nous avions fait tout ce que nous voulions ».

Au cours de l’entretien, Netanyahu a également évoqué le processus de prise de décision qui a conduit à la frappe contre Nasrallah, dans le but de tordre le cou aux rumeurs disant qu’il s’y était opposé. Il a déclaré que les opposants à cette décision avaient dit au cabinet de sécurité qu’une guerre à part entière avec l’Iran pourrait s’ensuivre et que les États-Unis devaient être informés du projet avant sa concrétisation. Il a assuré s’être opposé à cette dernière condition.

Netanyahu a expliqué avoir suspendu les travaux de la réunion du cabinet : « J’ai dit que je voulais réfléchir à cette question et que je reviendrais vers eux. Certains ont poussé un soupir de soulagement en se disant que lorsque nous en reparlerions, Nasrallah serait parti se cacher ailleurs. »

En septembre, en vol entre Tel Aviv et New York, avant son discours aux Nations unies, Netanyahu avait dit avoir décidé d’éliminer Nasrallah.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu approuvant une frappe à Beyrouth depuis son avion « Ailes de Sion » en vol pour New York, le 26 septembre 2024. (Crédit : Avi Ohayon/GPO)

« Je suis monté à bord de l’Aile de Sion, qui dispose d’un système de communication sécurisé », a-t-il expliqué en parlant du nouvel avion réservé aux déplacements du Premier ministre et du président. « J’ai dormi deux heures puis appelé le ministre de la Défense et le chef d’État-major pour leur dire : « J’ai pris ma décision. On le traque. Prenons tous les risques, cela en vaut la peine. »

Une fois arrivé à New York, Netanyahu a réuni le cabinet de sécurité par téléphone pour entériner la décision. « J’ai expliqué que les Américains pouvaient en être informés, mais une fois que les avions [NDLT : de chasse de Tsahal] étaient déjà en vol. »

Netanyahu a nié que son déplacement à l’ONU ait eu vocation à tromper Nasrallah afin qu’il baisse sa garde.

Il s’est par ailleurs dit prêt à « tout » pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. « J’utiliserai tous les moyens qu’il faudra », a-t-il conclu.

Emanuel Fabian a contribué à cet article.

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