Netanyahu nie avoir exclu Ben Gvir de la réunion sur la sécurité
Selon le chef de gouvernement, la raison de l’absence du ministre était due au fait que la discussion portait sur l'Iran, et non sur des domaines relevant de ses compétences
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a tenté de dédramatiser sa décision d’exclure le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir d’une réunion de haut niveau sur des questions de sécurité dimanche, affirmant que les sujets abordés ne relevaient pas de sa compétence.
Dans une déclaration faite devant les journalistes, le bureau du Premier ministre a indiqué que la réunion confidentielle de dimanche après-midi était « axée sur l’Iran et ne portait pas sur des questions de sécurité intérieure ».
En sa qualité de ministre de la Sécurité nationale, Ben Gvir est responsable de la gestion de la police et des problèmes de sécurité au sein de l’État d’Israël.
Le cabinet de Netanyahu a décrit la réunion comme « un échange ordinaire (…) sur diverses régions entourant Israël ».
Le ministre de la Défense Yoav Gallant, le chef d’état-major des Tsahal Herzi Halevi, le chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet Ronen Bar et des généraux de haut rang de l’état-major de l’armée étaient présents lors de cette rencontre.
Les médias avaient rapporté après la réunion que Netanyahu avait délibérément écarté le leader du parti ultranationaliste Ben Gvir (Otzma Yehudit), en raison de sa propension à proposer des solutions problématiques.
Le bureau de Netanyahu a nié l’existence de toute dissension entre les alliés de la coalition, affirmant qu’ils continuaient à « collaborer sans réserve ».
« Toute tentative de créer des frictions entre le Premier ministre et le ministre de la Sécurité nationale et de les attribuer à des sources proches du Premier ministre est entièrement mensongère – et est faite à dessein », a déclaré le bureau du Premier ministre.
Bien que l’accent ait été mis sur l’Iran, certains articles indiquent que la réunion aurait également abordé d’autres sujets, y compris des questions plus locales. Selon un reportage non sourcé de la Douzième chaîne, la réunion aurait également porté sur le mont du Temple, dans la Vieille Ville de Jérusalem, où l’augmentation du nombre de visiteurs juifs pendant la fête de Souccot est considérée comme un facteur risquant d’accroître les tensions, ainsi que sur la Cisjordanie et la bande de Gaza, deux régions qui ne relèvent pas de la compétence de Ben Gvir, mais où il aurait tenté d’influencer la politique mise en place par Israël.
Selon le quotidien Haaretz, des sources diplomatiques ont déclaré avant la réunion que celle-ci porterait sur la Cisjordanie et la bande de Gaza, ainsi que sur l’Iran.
Une déclaration antérieure du bureau de Netanyahu avait indiqué que la réunion avait couvert « les défis sécuritaires dans tous les domaines, en mettant l’accent sur l’Iran ».
Certains proches de Ben Gvir semblent également avoir perçu son exclusion de la réunion comme un affront.
« Si j’étais Premier ministre, je ne me comporterais pas ainsi », a déclaré Tzvika Fogel (Otzma Yehudit) à la chaîne publique Kan. « Vous ne vous rendez pas service en snobant le ministre de la Sécurité nationale, et c’est une honte que Netanyahu ait agi de la sorte ».
Pendant la réunion, Ben Gvir a publié sur X (Twitter) un titre faisant référence à l’augmentation du nombre de visiteurs juifs sur le mont du Temple, un sujet potentiellement explosif, auquel il a ajouté : « Voilà à quoi ressemble la gouvernance ! »
Ce n’est pas la première fois que des informations circulent en laissant entendre que Ben Gvir, accusé par ses détracteurs d’être un populiste incendiaire, ne serait pas le bienvenu aux réunions de haut niveau en raison de ses exigences provocatrices et de la crainte qu’il ne divulgue des informations classifiées aux médias.
Lors d’une réunion du puissant cabinet de sécurité le mois dernier, Ben Gvir avait tellement harcelé les responsables de l’armée avec des questions et des plaintes sur le transfert d’armes américaines à l’Autorité palestinienne (AP) et d’autres mesures que le général Gallant aurait dit aux officiers de l’ignorer, selon la Treizième chaîne.
En réponse, Netanyahu, pour sa part, avait ordonné aux fonctionnaires de répondre aux questions de Ben Gvir, affirmant que chacun des ministres présents à la réunion était en droit de recevoir des éclaircissements sur les questions de sécurité. Mais les relations entre les deux hommes restent tendues, voire inexistantes, a déclaré une source non identifiée.
Une source anonyme proche de Netanyahu avait précédemment expliqué que, lors des réunions sur la sécurité, Ben Gvir avait tendance à proposer des mesures de nature à compliquer les choses pour Israël sur la scène mondiale.
« Il vient aux réunions et n’a de cesse d’insister sur la nécessité de procéder à des assassinats ciblés, d’interdire l’entrée des travailleurs de la bande de Gaza et d’imposer d’étranges bouclages dans toutes sortes de villages et villes de Cisjordanie », a déclaré la source. « Il ne comprend pas qu’avec une telle politique, le Premier ministre ne pourrait plus voyager nulle part et que surtout, il ne serait plus reçu par personne dans le monde ».
Une source anonyme du Likud a déclaré que « les réunions de sécurité auxquelles Itamar Ben Gvir assiste ressemblent à des jeux d’enfants ».
Selon le site d’information Ynet, plusieurs opérations de Tsahal ont été cachées à Ben Gvir de peur qu’il ne divulgue des détails avant leur exécution.
Le quotidien Haaretz a affirmé, de son côté, que Netanyahu préférait prendre ses décisions en matière de défense lors de réunions avec des professionnels plutôt qu’avec ses collègues ministres, de peur que des informations ne soient divulguées par ces derniers. Ben Gvir a néanmoins été invité lorsque les questions abordées concernaient la police.
Les réunions de sécurité se sont multipliées récemment, en pleine période de fêtes du Nouvel An juif, à la suite de quoi la police a déployé des milliers d’agents dans des lieux clés, principalement à Jérusalem, afin de sécuriser les événements prévus au cours de ce mois de fête.
Ben Gvir s’est également heurté à Netanyahu au sujet de la demande de ce dernier de limiter les droits de visite des prisonniers sécuritaires palestiniens, malgré les mises en garde des hauts responsables de la sécurité contre une telle mesure.
Outre les problèmes de sécurité intérieure, la réunion de dimanche s’est déroulée alors que les États-Unis sont en train d’essayer de parvenir à un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite. Les Saoudiens ont clairement indiqué que tout accord de ce type nécessiterait des mesures importantes en vue de la création d’un État palestinien, une exigence rejetée par Ben Gvir, partisan d’une ligne dure.