Netanyahu parle annexion avec Kushner; Washington voudrait « ralentir le rythme »
Un mois avant que le Premier ministre n'annonce son intention d'annexer 30 % de la Cisjordanie, la position de Gantz, qui a eu des entretiens avec Friedman, est moins claire

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Benny Gantz ont eu des entretiens séparés lundi avec de hauts responsables américains sur les plans d’annexion de la Cisjordanie. M. Netanyahu a déclaré à plusieurs reprises ces dernières semaines qu’il avait l’intention d’aller de l’avant avec l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie, à partir du mois prochain.
Netanyahu a tenu une conférence téléphonique avec Jared Kushner, conseiller et gendre du président Donald Trump, qui a joué un rôle clé dans la rédaction du plan de paix « De la paix à la prospérité » de Trump, qui a été dévoilé à la Maison Blanche fin janvier. Étaient également présents Avi Berkowitz, l’envoyé de la Maison Blanche pour les efforts de paix israélo-palestiniens, David Friedman, ambassadeur des États-Unis en Israël, et Ron Dermer, ambassadeur d’Israël aux États-Unis.
Cette session a eu lieu après une rencontre de Gantz avec Friedman, selon les médias israéliens.
Selon un rapport de la Treizième chaîne, citant des sources américaines anonymes, les responsables américains étudiaient précisément si et comment Israël avait l’intention de procéder à une annexion unilatérale – dont Netanyahu a dit qu’elle serait coordonnée avec l’administration – et ont terminé leurs entretiens sans obtenir de réponse définitive.
Citant une source israélienne de haut niveau, le reportage télévisé a également déclaré que les Américains « veulent minimiser l’enthousiasme » pour une annexion imminente – « pour ralentir considérablement le processus » – parce que l’administration est préoccupée, entre autres, par les protestations nationales suite au meurtre de George Floyd par un policier à Minneapolis la semaine dernière, en plus de la crise COVID-19 et des retombées économiques qui l’accompagnent.

Lundi après-midi, le bureau de Gantz a publié un communiqué selon lequel le ministre de la Défense avait ordonné au chef de l’armée israélienne, Aviv Kohavi, « d’accélérer les préparatifs de Tsahal en amont des efforts diplomatiques à l’ordre du jour dans l’arène palestinienne » – une référence claire à l’annexion.
Netanyahu a promis d’annexer unilatéralement environ 30 % de la Cisjordanie – couvrant toutes les implantations et la vallée du Jourdain – et aurait dit aux députés du Likud la semaine dernière : « Nous avons une date butoir en juillet pour appliquer la souveraineté et nous ne la changerons pas ».
Le chef du parti Kakhol lavan, Gantz, et son collègue, le ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi, ont tous deux approuvé le plan Trump. Mais Gantz et Ashkenazi ont déclaré que l’annexion devrait être coordonnée avec les autres acteurs concernés, tels que les Palestiniens et la Jordanie.
Les Palestiniens ont rejeté le plan de manière anticipative. La Jordanie a menacé de revoir son traité de paix avec Israël en raison de la question de l’annexion.
La position de Gantz peut avoir un impact sur la décision de Netanyahu quant à la manière de procéder, mais l’accord de coalition entre Netanyahu et Gantz donne à Netanyahu le droit de faire avancer les démarches d’annexion à partir du 1er juillet – tant qu’il peut obtenir une majorité à la Knesset, ce qui est presque garanti – même si Gantz s’y oppose.
Les responsables américains ont donné des signaux mitigés, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo ayant déclaré en Israël le mois dernier que l’annexion était la décision d’Israël, tandis qu’un porte-parole du département d’Etat a déclaré plus tard lors d’un briefing téléphonique pour les journalistes israéliens que l’annexion « devrait faire partie des discussions entre les Israéliens et les Palestiniens ».
Netanyahu, immédiatement après le dévoilement de la proposition, a déclaré qu’il avait l’intention de commencer l’annexion dans les jours suivants, mais Kushner a rejeté ce plan, et les États-Unis ont institué un comité de cartographie conjoint américano-israélien, qui travaille depuis, pour déterminer le territoire spécifique alloué à Israël dans le cadre de la proposition Trump.
Malgré la déclaration de Gantz lundi, Tsahal se prépare depuis un certain temps aux retombées potentielles d’une annexion unilatérale. La Treizième chaîne de télévision a indiqué que l’armée israélienne se prépare à toute une série de scénarios possibles, notamment une recrudescence du terrorisme palestinien et des protestations généralisées qui pourraient nécessiter l’appel de réservistes. Elle a indiqué que deux exercices pour une série de scénarios étaient prévus pour les prochains jours entre Tsahal et le service de sécurité du Shin Bet.
Cependant, les hauts responsables de Tsahal ne savent toujours pas quand, ni même si Israël pourrait aller de l’avant avec l’annexion, et si oui, à quelle échelle, selon le reportage télévisé.
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui a annoncé le mois dernier la rupture de la coopération sécuritaire avec Israël en évoquant l’annexion, doit tenir « une réunion d’urgence » à Ramallah mardi soir, selon le rapport de la télévision, pour discuter de la manière de contrecarrer l’annexion par « des moyens légaux et autres ».
Le rapport cite des sources palestiniennes non identifiées disant qu’une « vague de violence » serait inévitable si Israël procède à l’annexion, puisque le groupe terroriste palestinien du Hamas « vise à mettre le feu à la rue [palestinienne] ».
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