New York : des manifestants anti-Israël célèbrent le cessez-le-feu en acclamant la « résistance »
Les militants anti-Israël ne semblent pas vouloir changer d'orientation après l'annonce de l'accord de cessez-le-feu à Gaza - ils continuent à réclamer l'éradication de l'État juif
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

Le 8 octobre 2023, alors que le sang n’avait pas encore séché dans le sud d’Israël et bien avant que l’État hébreu ne lance son offensive sur Gaza, des centaines de militants anti-Israël se sont rassemblés sur Times Square à New York pour célébrer l’invasion du Hamas et s’en prendre à l’État juif.
Le premier jour de l’an 2025, avant l’annonce d’un accord de cessez-le-feu à Gaza, les mêmes groupes se sont rassemblés au même endroit, sous l’énorme drapeau américain illuminé de la place. Et jeudi, après l’annonce de l’accord sur les otages, ils étaient de nouveau là.
Indépendamment de l’évolution de la situation au Moyen-Orient et de l’escalade du bilan à Gaza, le cri de ralliement lors de ces trois événements était le même : « Vive l’intifada ». Les manifestants se sont engagés à poursuivre sur la même voie.
Les porte-drapeaux du réseau new-yorkais d’activistes anti-Israël ont expressément soutenu un cessez-le-feu dans différentes déclarations qu’ils ont faites tout au long du conflit. L’objectif principal, cependant, a toujours été l’éradication d’Israël, et c’est encore le cas aujourd’hui. L’un de leurs chants dit d’ailleurs : « Abattez l’État sioniste colonisateur ».
Within Our Lifetime, le groupe de protestation anti-israélien le plus important de la ville, a salué l’attaque du Hamas le jour-même où elle s’est produite.
« Nous devons défendre le droit des Palestiniens à résister à la violence des colons sionistes et soutenir la résistance palestinienne sous toutes ses formes. Par tous les moyens nécessaires. Sans exceptions et sans petits caractères », a déclaré le groupe.
La coalition d’étudiants anti-Israël de l’université de Columbia, à l’origine d’un mouvement de campement de protestation qui s’est répandu sur les campus aux États-Unis et à l’étranger, considère le 7 octobre 2023 comme faisant partie intégrante de la « lutte héroïque pour la libération de la Palestine ».

Les deux groupes ont également célébré l’annonce du cessez-le-feu, non pas comme une cessation de la violence, mais comme une avancée dans leur lutte. Within Our Lifetime a publié une déclaration disant : « Gaza a gagné, la Palestine a gagné, la résistance a gagné ». Le groupe Apartheid Divest de l’université de Columbia, dirigé par les sections du campus de Students for Justice in Palestine et de Jewish Voice for Peace, a déclaré : « Nous devons nous battre et intensifier notre action ».
Le réseau d’activistes comprend un large éventail de groupes, y compris de grandes organisations qui s’intéressent au conflit, des socialistes d’extrême-gauche, des associations étudiantes et des groupes niche représentant des enseignants et des professionnels de la santé. Les déclarations après le cessez-le-feu de certains groupes étaient plus sobres et ne contenaient pas d’appels à la poursuite de la résistance, mais les principaux groupes, tels que Within Our Lifetime, National Students for Justice in Palestine et le Palestinian Youth Movement, ont tous célébré le cessez-le-feu comme une victoire. (Les liens entre ces groupes ne se limitent pas à l’idéologie : ils sont tous les trois financés par la même organisation à but non lucratif).
Il n’existe aucun groupe de protestation pro-palestinien non-juif à New York appelant à la paix et à la création de deux États, ou condamnant le Hamas ou le 7 octobre. Les défenseurs de la cause palestinienne qui ne suivent pas la ligne de conduite sont réprimés.

Le soutien explicite au Hamas et à la violence n’est pas très répandu lors des manifestations. Cependant, Within Our Lifetime et les étudiants de Columbia ont tous deux fait des déclarations approuvant la violence par le passé. Le leader de Within Our Lifetime, Nerdeen Kiswani, a affiché un soutien ouvert au groupe terroriste sur Instagram plusieurs mois après le début du conflit. Les manifestants de Columbia ont déclaré en octobre que « la violence est la seule voie possible », tout en revenant sur les excuses présentées par un dirigeant étudiant qui avait déclaré que « les sionistes ne méritent pas de vivre ».
Lorsque les manifestants soutiennent ouvertement le terrorisme lors des rassemblements, ils sont acceptés. Lors de la manifestation du Nouvel An, une femme a crié « Hamas » à plusieurs reprises en direction des contre-manifestants pro-Israël. Lors du rassemblement de mercredi, deux hommes portaient des bandeaux du Hamas. Dans les deux cas, personne n’a semblé y trouver à redire. Lors d’une autre manifestation organisée ce mois-ci dans un hôpital de Manhattan, un manifestant arborant un bandeau du Hamas s’est moqué des otages. Il a ensuite rejoint les dirigeants de la manifestation pour une séance de prière à Union Square. Le triangle rouge inversé, symbole du Hamas, est omniprésent. Les manifestants qualifient leurs rassemblements de « déluge », en écho au terme utilisé par le Hamas pour désigner l’attaque qui a déclenché la guerre, le « déluge d’Al Aqsa ».
L’organisation Within Our Lifetime a annoncé un autre rassemblement pour « inonder la ville de New York » samedi. « La lutte continue, et le déluge devient plus fort », a déclaré le groupe.

Et comme le Hamas qui revendique la victoire et la poursuite de la « résistance » depuis les ruines de Gaza, les manifestants de New York n’ont pas atteint la plupart de leurs objectifs au cours des mois qu’ils ont passés dans les rues. Les universités n’ont pas abandonné leurs partenariats avec les institutions israéliennes, les politiciens n’ont pas changé d’avis, la police n’a pas plié. Les perturbations sur les campus sont devenues plus rares et les manifestations de rue plus sporadiques. Des leaders étudiants ont été suspendus de leurs prestigieuses universités, des professeurs ont perdu leur emploi et des militants risquent de longues peines de prison. L’administration Biden contre laquelle ils ont manifesté a perdu, mais l’administration Trump à venir a peu de tolérance pour leur activisme. Les Israéliens de gauche de la ville, qui pourraient être des alliés puissants dans le cadre d’une campagne en faveur de la création d’un État palestinien, ne veulent rien avoir à faire avec eux.
Les manifestants sont également impopulaires auprès du public, selon les sondages. Ils ont pris pour cible des patients atteints de cancer, des musées, des mémoriaux, des bibliothèques, des centres de transport et des fêtes nationales, et ont critiqué certains des hommes politiques les plus favorables aux Palestiniens.
« Vous manifestez dans un hôpital. Qu’est-ce qui ne va pas chez vous ? », a crié un contre-manifestant devant le NYU Langone Health Center au début du mois.
Malgré les revers, et après le cessez-le-feu, les groupes ont juré de continuer sur la même voie.
Lors de la manifestation de jeudi soir, alors que la neige s’abattait sur la foule, un orateur a loué « l’héroïsme de la résistance » et le « déluge d’Al Aqsa ».