Non loin de Berlin, une église liée à Adolf Hitler restaurée malgré les controverses
"Nous n'occultons pas les zones d'ombre du passé, mais nous les rendons visibles afin d'en tirer des enseignements", a insisté le président allemand Frank-Walter Steinmeier
La reconstruction controversée d’une église allemande liée à Adolf Hitler et au nazisme a franchi une étape décisive jeudi avec l’inauguration de sa tour flambant neuve, au centre de Potsdam, à une trentaine de kilomètres de Berlin.
Présent à la cérémonie, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a reconnu que l’église rappelait « des épisodes douloureux et funestes » du passé allemand tout en justifiant la rénovation.
« Un lieu qui n’est plus là ne facilitera pas un travail de mémoire critique », a-t-il estimé.
Témoin de l’opposition que le projet suscite depuis des années : une centaine de personnes ont manifesté dans le calme à proximité de l’édifice.
L’histoire de l’église de la Garnison de Potsdam, bâtie entre 1733 et 1735 sur ordre de Frédéric Ie de Prusse, presque complètement détruite par les bombardements des Alliés en avril 1945, est particulièrement chargée.
C’est ce temple protestant que les nazis ont choisi, le 21 mars 1933, pour la séance inaugurale du parlement issu des élections législatives que venait de remporter le parti national-socialiste d’Hitler.
Une photo passée à la postérité montre Hitler, chancelier depuis moins de deux mois, accueillant à son arrivée à l’église le président du Reich, le vieux maréchal Paul von Hindenburg.
En choisissant cette église où se trouvent les tombeaux de Frédéric Ie et de son fils Frédéric II, Hitler entendait se poser symboliquement en héritier des rois qui ont fait la grandeur de la Prusse.
Adressée au président Steinmeier, une pétition signée par des milliers de personnes dénonce « une construction qui est non seulement un symbole central du nationalisme prusso-allemand mais aussi de l’extrême droite ».
« Nous n’occultons pas les zones d’ombre du passé, mais nous les rendons visibles afin d’en tirer des enseignements », a insisté jeudi Steinmeier.
Une exposition dans l’édifice est destinée à instruire les visiteurs sur le passé très chargé des lieux.
La nouvelle église, dont la rénovation n’est pas totalement achevée, « n’est pas un lieu de vénération du militarisme, du nationalisme et de l’État autoritaire », a martelé le chef de l’État.
Il adresse ainsi un message à l’extrême-droite et notamment au parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) qui est en tête des sondages avant l’élection régionale organisée le 22 septembre dans le Land du Brandebourg, dont la capitale est Potsdam.
La restauration de l’église de la Garnison, dont les derniers vestiges avaient été rasés à la fin des années 1960 à la demande des autorités est-allemandes – Potsdam se trouvant en RDA communiste –, est largement financée par l’État fédéral.