Normalisation avec Ryad: Lapid met en garde contre un programme nucléaire saoudien
Le chef de l'opposition, favorable à un accord avec l'Arabie saoudite, estime néanmoins qu'il ne peut pas se faire au prix d'une course à l'armement nucléaire au Moyen-Orient
Le chef de l’opposition, Yair Lapid, a déclaré mardi que bien qu’il soit favorable à un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite, celui-ci ne peut pas autoriser Ryad à acquérir des armes nucléaires.
« Un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite est le bienvenu. Mais pas au prix du développement, par les Saoudiens, d’armes nucléaires. Pas au prix d’une course aux armements nucléaires dans tout le Moyen-Orient », a déclaré Lapid dans un communiqué.
« Le prince héritier saoudien a déjà parlé hier de la possibilité que l’Arabie saoudite ait des armes nucléaires. Toute sa vie, Netanyahu s’est battu précisément contre de telles initiatives. Ce sont les fondements de notre stratégie nucléaire », a ajouté Lapid.
« Les démocraties fortes ne sacrifient pas leurs intérêts de sécurité pour des raisons politiques », a-t-il mis en garde. « C’est dangereux et irresponsable. Israël ne doit pas accepter un quelconque enrichissement d’uranium en Arabie saoudite. »
S’exprimant jeudi lors d’un petit-déjeuner de l’American Jewish Committee à New York, le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen a déclaré qu’il espérait « être en mesure de marquer un événement plus important et plus historique [que les Accords d’Abraham] dans les mois à venir ».
Selon lui, un éventuel accord saoudo-israélien « symboliserait la réconciliation entre le peuple juif et le monde musulman ».
Le ministre des Affaires étrangères a dit qu’il s’attend à ce que davantage de pays musulmans normalisent leurs relations avec Israël si un accord avec l’Arabie saoudite venait se concrétiser. « Cela mènera à un monde plus sûr », a noté Cohen.
En échange de la normalisation de ses relations avec Israël, l’Arabie saoudite demande un pacte de défense majeur avec les États-Unis, d’importants contrats d’armement et la coopération des États-Unis pour la mise en place d’un programme nucléaire civil sur le sol saoudien. Washington attend de Ryad qu’il réduise ses relations économiques et militaires avec la Chine et la Russie.
Le prince héritier saoudien a déclaré mercredi que l’Arabie saoudite devra se doter d’une arme nucléaire si l’Iran le fait. « S’ils en obtiennent une, nous devrons en obtenir une », a-t-il ajouté.
Mohammed Ben Salmane a souligné que l’Arabie saoudite est « préoccupée » lorsqu’un pays acquiert une arme nucléaire. Toutefois, il a laissé entendre que personne n’utiliserait l’arme nucléaire, car cela signifierait déclencher une « guerre avec le reste du monde ». « Le monde ne peut pas vivre un autre Hiroshima », a-t-il ajouté, en référence à la ville japonaise en grande partie détruite par une bombe nucléaire américaine pendant la Seconde Guerre mondiale.
Interrogé sur la question de savoir si les États-Unis et Israël sont d’accord sur la demande saoudienne d’assistance américaine pour la mise en place d’un programme nucléaire civil, un responsable de l’administration Biden a expliqué mercredi : « Quoi que l’on fasse en matière de coopération nucléaire civile avec l’Arabie saoudite ou avec quiconque, cela se fera dans le respect des normes strictes de non-prolifération des États-Unis. »
Un responsable israélien a de son côté précisé, après la rencontre entre Netanyahu et Joe Biden qu’il y avait une « coordination complète » entre Israël et les Etats Unis sur la question du programme nucléaire saoudien. Israël s’est en effet longtemps opposé à ce projet s’il inclut l’enrichissement d’uranium sur le sol saoudien.