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Nouveaux rassemblements des anti-Erdogan en Turquie

Plusieurs incidents ont éclaté lors de rassemblements organisés après la mort d'un adolescent

Une jeune manifestante turque criant contre la police le 13 mars 2014 (Crédit : AFP)
Une jeune manifestante turque criant contre la police le 13 mars 2014 (Crédit : AFP)

De nouveaux affrontements ont opposé mercredi police et manifestants en Turquie lors des funérailles d’un garçon de 15 ans, mort des suites de blessures causées par la police, pendant lesquelles des dizaines de milliers de Turcs ont dénoncé le gouvernement.

Au lendemain d’une première soirée de violences dans plusieurs villes du pays, la police est intervenue à Ankara, à Izmir (ouest) puis à Istanbul avec force gaz lacrymogènes et canons à eau pour disperser des milliers de personnes qui scandaient des slogans hostiles au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Dans la plus grande ville turque, les incidents ont éclaté à l’issue des obsèques de Berkin Elvan, décédé mardi après 269 jours de coma, lorsqu’un groupe de manifestants a voulu rallier la place Taksim, cœur emblématique de la fronde qui a fait tanguer le gouvernement islamo-conservateur en juin dernier.

Après le premier assaut de la police, les protestataires ont érigé des barricades et mis le feu à des pneus.

A moins de trois semaines des élections municipales, la foule qui a accompagné le cercueil drapé de rouge de la victime a exprimé pendant des heures sa colère contre le Premier ministre, éclaboussé depuis trois mois par un scandale de corruption sans précédent.

« La police de l’AKP (Parti de la justice et du développement, au pouvoir) a assassiné Berkin », « Berkin est notre honneur », « Tayyip, assassin », ont scandé les manifestants tout au long de leur défilé dans les rues de la ville.

« Combien de jeunes gens doivent encore mourir pour qu’Erdogan démissionne ? », s’est interrogé Atilla Izmirlioglu, un ouvrier à la retraite venu assister aux obsèques, « mon seul souhait est que l’on mette fin à ce fascisme sans verser une autre goutte de sang ».

Selon sa famille, Berkin Elvan a été grièvement blessé à la tête dans son quartier le 16 juin par un tir de grenade lacrymogène alors qu’il sortait chercher du pain pendant une intervention de la police.

Depuis, il est devenu l’un des symboles de la répression alors ordonnée par M. Erdogan, qui a fait, avec sa disparition, huit morts et plus de 8.000 blessés.

Sitôt le décès de Berkin Elvan annoncé, des centaines puis des milliers de personnes ont multiplié les sit-in et les manifestations dans le pays.

Violences

Déjà émaillés d’incidents pendant la journée, ces rassemblements ont donné lieu à de violentes échauffourées en soirée, à Ankara, Istanbul Eskisehir (ouest), Adana (sud), Izmir (ouest) ou encore Mersin (sud), où les forces de l’ordre ont violemment réprimé les manifestants, armés de pierres, de cocktails Molotov ou de feux d’artifice.

Selon la presse turque, plus de 250 personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre et plusieurs dizaines d’autres blessées.

Cette nouvelle poussée de fièvre intervient alors que, depuis la mi-décembre, l’AKP est englué dans un scandale de corruption sans précédent qui a fragilisé sa position à la veille des élections municipales du 30 mars et dans la perspective de la présidentielle dont le premier tour est prévu le 10 août.

Le chef du gouvernement lui-même et son fils, trahis par des écoutes téléphoniques dont le contenu a été publiée sur internet, ainsi que plusieurs ministres sont personnellement mis en cause.

En pleine campagne électorale, le Premier ministre a balayé ces accusations d’un revers de la main et accuse ses ex-alliés de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, très influents dans la police et la justice, de les avoir fabriquées pour le déstabiliser.

Sûr du soutien des électeurs, M. Erdogan a donné rendez-vous à ses contradicteurs le 30 mars pour un scrutin municipal aux allures de référendum.

« Un gouvernement ne peut être changé que par les urnes », a-t-il répété mercredi devant des milliers de partisans à Mardin (sud-est), sans évoquer la mort du jeune Berkin.

Dans une résolution, le Parlement européen s’est inquiété mercredi de la « dérive » actuelle de la Turquie, dénonçant notamment une série de récentes lois renforçant le contrôle du pouvoir sur les magistrats et l’utilisation d’internet.

Le regain de tension politique provoqué par la mort de Berkin Elvan a provoqué une rechute de la livre turque (LT), qui s’échangeait autour de 2,24 TL pour un dollar et 3,11 TL pour un euro, et un recul de la Bourse d’Istanbul.

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