Nucléaire : l’Arabie saoudite veut utiliser son propre uranium
Enrichi à un faible niveau, le minerai sert de combustible aux centrales nucléaires pour la production d'électricité mais à un degré très élevé, il peut servir à fabriquer la bombe atomique
L’Arabie saoudite entend utiliser ses propres ressources en uranium pour développer le programme nucléaire civil du royaume, a affirmé mercredi le ministre saoudien de l’Energie.
En 2018, le plus grand exportateur de pétrole au monde, qui voulait sortir de sa dépendance de l’or noir, avait annoncé son intention de construire 16 réacteurs nucléaires sur 20 ans pour un montant de 80 milliards de dollars.
Le pays, qui a commencé par développer « deux grands réacteurs », veut « exploiter (ses) ressources en uranium », a déclaré mercredi le prince Abdelaziz ben Salmane lors d’une conférence sur les minerais, selon des propos rapportés par la chaîne de télévision étatique el-Ekhbariya.
« Des activités d’exploration récentes ont révélé la présence de diverses sources d’uranium à différents endroits » sur le territoire, a-t-il ajouté.
Selon lui, « le royaume entend utiliser ses ressources nationales en uranium, y compris dans des projets conjoints avec ses partenaires, conformément aux obligations internationales et aux règles de transparence, sur l’ensemble du cycle de production ».
Cela comprend « la production de yellowcake (concentré solide d’uranium) et de l’uranium faiblement enrichi, et la production de combustible nucléaire destiné au marché national et à l’exportation », a précisé le ministre.
L’enrichissement d’uranium est une question sensible car il ouvre la voie à différents usages. Enrichi à un faible niveau (3,5 % à 5 %), le minerai sert de combustible aux centrales nucléaires pour la production d’électricité. Mais à un degré très élevé (90 %), il peut servir à fabriquer la bombe atomique.
En 2018, les autorités de Ryad s’étaient engagées à « limiter toutes les activités atomiques à des fins pacifiques ».
Comme d’autres pays, l’Arabie saoudite s’inquiète du programme nucléaire de l’Iran, son grand rival régional, qui a toujours nié vouloir se doter de l’arme atomique.
Un accord conclu en 2015 entre les pays occidentaux et la République islamique avait fixé le seuil d’enrichissement à 3,67 % mais depuis le retrait des Etats-Unis de l’accord en 2018 et le rétablissement des sanctions qui étouffent son économie, Téhéran s’est progressivement affranchi de ses obligations.
L’Arabie, qui dépend des hydrocarbures pour répondre à ses besoins croissants en électricité et en dessalement de l’eau, dit vouloir miser sur le nucléaire pour diversifier ses sources d’énergie.