NYU, poursuivi par des élèves pour discrimination, ouvre un centre sur l’antisémitisme
Le nouveau centre de recherche, qui ouvrira ses portes à l'automne 2024, offrira aux étudiants et aux professeurs un lieu dédié à l'étude de la discrimination à l'égard des juifs
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
Alors que les universités américaines sont aux prises avec un activisme anti-Israël virulent qui, selon les étudiants juifs, vire souvent à la discrimination, l’Université de New York (NYU) a annoncé la création d’un centre dédié à l’étude et à la lutte contre l’antisémitisme.
Le Centre d’étude de l’antisémitisme mènera des recherches sur la discrimination antijuive « classique » et sur le « nouvel antisémitisme » et ses liens avec l’antisionisme, a déclaré la présidente de l’université de New York, Linda G. Mills, dans un communiqué publié mercredi.
L’annonce a été faite le jour où une plainte a été déposée contre NYU par trois étudiants juifs qui accusent l’université d’avoir laissé se développer un environnement hostile et discriminatoire, au mépris de la protection des droits civiques des étudiants. Les étudiants – Bella Ingber, Sabrina Maslavi et Saul Tawil – affirment que l’université n’a pas appliqué sa politique antidiscriminatoire face aux incidents antisémites qui, selon eux, se sont multipliés après l’attaque du groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas contre Israël le 7 octobre.
Le nouveau centre de recherche devrait ouvrir ses portes à l’automne 2024 et sera consacré à l’étude des différentes manifestations de l’antisémitisme et aux moyens de lutter contre la discrimination à l’égard des Juifs. L’institut réunira des chercheurs de diverses disciplines, notamment les sciences sociales, les études juives, l’histoire, les services sociaux, les politiques publiques, la psychologie et le droit.
Le communiqué de l’université précise qu’un récent « don à sept chiffres » financera le centre universitaire. Les responsables ont refusé de répondre à d’autres questions sur l’identité du bailleur de fonds de cette nouvelle initiative.
Mills a cité l’attaque du Hamas contre Israël dans sa déclaration annonçant la création du centre, affirmant que l’antisémitisme était déjà en hausse avant l’assaut des terroristes, mais que « depuis le 7 octobre, cette augmentation est vraiment terrifiante ».
Durant leur assaut, les terroristes du Hamas ont tué 1 200 Israéliens, pour la plupart des civils, et en ont pris 240 en otage. L’attaque terroriste et la riposte d’Israël contre le Hamas ont provoqué une flambée d’antisémitisme aux États-Unis, d’après les forces de l’ordre et les groupes juifs de défense de la sécurité.
Le centre de la NYU fournira des fonds aux professeurs, aux étudiants et aux boursiers pour la recherche, organisera des cours de premier et de deuxième cycle, accueillera des conférenciers, des séminaires en ligne, il organisera des séminaires de formation et coordonnera des mesures visant à « créer une atmosphère exempte de préjugés antijuifs », selon le communiqué.
Un élu du Congrès américain Daniel Goldman, qui est Juif et représente le district couvrant le campus principal de l’université de New York, a déclaré qu’il avait eu des « conversations constructives » avec les dirigeants de l’université et qu’il avait félicité la NYU pour avoir créé ce centre.
Le Conseil des relations de la communauté juive de New York s’est également réjoui de cette annonce. L’année dernière, ce groupe juif s’est associé au réseau d’universités publiques de la ville de New York, la City University of New York (CUNY), pour lutter contre l’antisémitisme sur ses campus. La NYU est une institution privée.
Deux représentants du groupe de défense juif Academic Engagement Network, qui réunit des enseignants pour lutter contre l’antisémitisme sur les campus américains, se sont également félicités de l’annonce de la NYU et ont déclaré qu’elle coopérerait avec l’initiative.
« L’engagement de l’université de la NYU dans ce programme d’étude et de recherche garantira que l’intégration juive est soutenue et prise en compte au même titre que toutes les autres formes de préjugés et de discrimination », ont déclaré Miriam F. Elman et Naomi Greenspan, membres de l’Academic Engagement Network, dans un communiqué commun.
La NYU a indiqué que le centre de lutte contre l’antisémitisme étudierait les liens entre l’antisémitisme et d’autres formes de discrimination. Outre la recherche, le centre proposera des formations à l’université et ailleurs pour lutter contre l’antisémitisme et d’autres formes de haine, et collaborera avec des intervenants extérieurs au monde universitaire, notamment des professionnels de la communication, des forces de l’ordre et des représentants des pouvoirs publics.
Le centre travaillera en étroite collaboration avec le département Skirball d’études hébraïques et judaïques de la NYU, et le conseil consultatif inaugural de la faculté comprend plusieurs professeurs du département.
Le rabbin Yehuda Sarna, directeur exécutif du Bronfman Center for Jewish Student Life de l’université, jouera également un rôle de conseiller.
La NYU, comme plusieurs autres universités, est depuis longtemps le théâtre d’activités anti-israéliennes sur son campus, perçues par certains étudiants juifs comme relevant de l’antisémitisme. Eitan Gutenmacher, un étudiant de la NYU militant au sein du New Zionist Congress, a déclaré au New York Jewish Week à la fin du mois dernier qu’en tant que juif orthodoxe, il avait peur d’être sur le campus en raison du soutien de ses camarades de classe à la « soi-disant résistance » contre Israël, mais il a ajouté que l’administration coopérait avec les étudiants juifs pour leur donner un sentiment de sécurité et qu’elle prenait des mesures pour lutter contre l’antisémitisme.
Le problème principal, selon lui, est « l’enthousiasme sur le campus d’un grand nombre, à savoir des milliers d’étudiants, qui sont ouvertement antijuifs, qui s’opposent ouvertement à l’existence d’un État juif ».
Mills a publié une déclaration condamnant sans équivoque l’attaque du Hamas quelques jours après l’attentat.
D’autres campus new-yorkais, dont l’université Columbia, Cooper Union et certaines écoles de CUNY, ont fait l’objet de vives critiques pour les activités anti-israéliennes qui y ont été organisées au cours du mois dernier, activités qui ont même été condamnées par leurs administrations.
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, la ville de New York a connu une recrudescence des actes antisémites, selon des groupes de sécurité juifs et le département de la police de New York.