« October H8te » ou pourquoi les universités américaines s’alignent sur le Hamas
Le film de Wendy Sachs montre comment les mouvements de justice sociale des campus ont fini par soutenir une organisation terroriste et que les étudiants juifs souffrent d'antisémitisme
Le 7 octobre 2023, la cinéaste Wendy Sachs était partie rendre visite à sa fille, étudiante à l’Université du Wisconsin-Madison, lorsqu’a eu lieu l’attaque terroriste du Hamas en Israël, terrifiante scène de mises à morts, d’atrocités, d’enlèvements et de destructions.
Dès le 8 octobre, rappelle Sachs, une explosion d’antisémitisme s’est produite sur les campus universitaires des États-Unis, ce dont elle témoigne dans « October H8te », un film de 100 minutes dont la première a eu lieu un an plus tard, le 31 octobre, à la Cinémathèque de Tel Aviv.
Le film nous fait revisiter la chronologie de ces manifestations pro-palestiniennes, anti-Israël et antisémites qui se sont succédées sur les campus américains dès le 8 octobre, de l’audience du Congrès du 5 décembre dernier et des témoignages des présidentes de Harvard, du MIT et de l’Université de Pennsylvanie, jusqu’aux mouvements d’occupation, au printemps dernier, à l’Université Columbia de New York et ailleurs.
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Tout au long d’ « October H8te », Sachs tente de nous faire comprendre comment tout cela a pu se produire et pour quelle raison exactement les mouvements de justice sociale des campus ont fini par s’aligner sur le Hamas, une organisation terroriste.
Elle passe en revue le financement, la stratégie et les messages du Hamas et de ce qui semble être son représentant sur les campus, l’organisation Students for Justice in Palestine.
Il est probable que ce long documentaire tente de répondre à un trop grand nombre de questions, entre les actes antisémites et la stratégie du Hamas pour s’imposer sur les campus.
Le film s’intéresse de très près à Students for Justice in Palestine, mais pas au rôle du Qatar, petit État du Moyen-Orient qui aurait versé 4,7 milliards de dollars à des dizaines d’institutions universitaires aux États-Unis entre 2001 et 2021, selon les informations du Times of Israel.
Sachs explique qu’il lui aurait été difficile d’établir le caractère déterminant du Qatar dans la propagation de l’antisionisme sur les campus américains.
« Tout est en demi-teintes », poursuit-elle.
Elle se dit surprise par l’organisation de Students for Justice in Palestine, qu’elle considérait jusque-là comme une organisation étudiante comme il en existe tant d’autres sur les campus.
« Le côté fascinant de ce phénomène, c’est qu’il était en fait en gestation depuis des dizaines d’années », affirme Sachs. « Aux États-Unis, le Hamas avait opté pour une stratégie de longue durée, cherchant depuis 30 ans le moyen de rendre son message acceptable. Ce degré de sophistication m’a réellement surprise. »
« October H8te » parle également de la manière dont l’antisémitisme s’est mué en anti-sionisme et du silence de la communauté internationale autour des agressions sexuelles et des viols que les terroristes du Hamas ont fait subir aux femmes israéliennes le 7 octobre, avec une interview de Sheryl Sandberg, productrice de « Screams Before Silence », documentaire sur les atrocités sexuelles commises le 7 octobre.
« J’ai mis tout mon être dans ce film », confie Sachs, qui a mené près de 80 entretiens avec un grand nombre de personnalités – leaders, porte-paroles et influenceurs – à commencer par l’actrice Debra Messing (qui a co-produit le film), l’humoriste Michael Rapaport, Noa Tishby, le Représentant américain Ritchie Torres ou encore la sénatrice Kirsten Gillibrand, sans oublier ces leaders étudiants juifs qui forcent le respect.
Le documentaire présente donc au final une quarantaine d’interviews dont les plus fortes sont peut-être celles des leaders étudiants de Barnard, du MIT et de l’UC Santa Barbara.
Ce sont elles qui permettent aux spectateurs de saisir ce que ces étudiants ont vécu et les troubles que le 7 octobre a jetés sur leur campus, sans oublier ce qu’ils ont fait pour se défendre.
« Dès le début, mon intention était non seulement de montrer, preuves à l’appui, ce qui s’est passé après 7 octobre, mais aussi d’établir le caractère voulu de tout cela », explique Sachs. « J’aimerais vraiment que les 80 % des personnes, dans le monde, qui n’ont pas d’opinion [sur les événements de l’an dernier], le voient. »
Sachs est à la recherche d’un distributeur pour son film et espère signer avec une plateforme de streaming pour qu’il soit vu par un public plus large que la seule communauté juive.
Son film est plein de références, comme le film « Surge », sorti en 2020 et diffusé par Showtime, Amazon Prime et Hulu, qui s’intéresse au mouvement des femmes politiques depuis la victoire présidentielle de Donald Trump aux États-Unis de 2016.
Sachs organise des projections privées de son film « October H8te » qu’elle aimerait présenter dans les écoles et universités.
« Ma fille et ses amis, les amis de mon fils, ils veulent tous voir le film », assure Sachs.
« Mais il n’est pas fait uniquement pour Hillel, Chabad et la communauté juive grecque. Evidemment qu’il est fait pour leur donner les moyens d’agir et leur donner à voir la diversité des jeunes leaders juifs, mais il est aussi conçu pour parler aux jeunes du monde entier. Ce sont eux qui ont besoin de voir ça. »
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