Olmert a travaillé pour Intellexa, présente sur la liste noire des logiciels espions
L'ancien Premier ministre reconnaît avoir effectué un travail de conseil ambigu pour l'une des entreprises à l'origine de Predator, mais affirme qu'il a récemment cessé de le faire
L’ancien Premier ministre Ehud Olmert a travaillé pour une société israélienne qui crée des logiciels espions d’attaque et qui figure sur la liste noire des États-Unis en raison de leur utilisation présumée par des régimes autoritaires.
Haaretz a révélé l’implication d’Olmert dans Intellexa dans le cadre d’une enquête menée conjointement avec les principaux organes de presse internationaux.
Olmert a confirmé au quotidien qu’il avait travaillé comme conseiller pour Intellexa par le passé, mais qu’il avait cessé il y a plusieurs mois, sans donner plus de détails.
Intellexa, tout comme Cytrox, est à l’origine du logiciel espion Predator qui transforme un smartphone en dispositif d’écoute à distance et permet à l’attaquant de siphonner des données.
L’article du journal Haaretz, qui s’inscrit dans le cadre d’une enquête menée conjointement avec d’autres grands médias internationaux, cite une correspondance datant de début 2022 entre de hauts responsables d’Intellexa et Bernd Schmidbauer, l’ancien coordinateur des services secrets du gouvernement allemand, au sujet de l’organisation d’une réunion avec le directeur de l’Office fédéral allemand de la sécurité de l’information (BSI).
Les deux parties avaient envisagé d’organiser une réunion à laquelle aurait participé un ancien Premier ministre israélien. Cette rencontre n’avait finalement pas eu lieu.
Bien que l’identité de l’ancien dirigeant israélien en question n’ait pas été révélée, Haaretz a découvert qu’il s’agissait en réalité d’Olmert.
Ce dernier a confirmé à Haaretz qu’il avait conseillé Intellexa. Le journal a noté qu’il avait été aperçu en avril 2022 en train de dîner à Berlin avec Schmidbauer et des membres du Bundestag, le Parlement allemand.
Ni Olmert ni Haaretz n’ont fourni d’autres détails sur son implication dans la société israélienne.
En juillet de cette année, le ministère américain du Commerce a déclaré qu’Intellexa s’occupait d’exploiter les systèmes informatiques, « menaçant ainsi la vie privée et la sécurité des individus et des organisations dans le monde entier ».
Intellexa a été créée par Tal Dilian, ancien officier de renseignement de l’armée israélienne, qui était auparavant associé à NSO Group, créateur du célèbre logiciel espion Pegasus.
Selon Forbes, Dilian a repris Cytrox en 2019 pour faire d’Intellexa « l’unique adresse » pour les services et produits de piratage et de surveillance électronique.
Selon des documents commerciaux, Intellexa offrait à ses clients la possibilité de pirater les systèmes d’exploitation IOS d’Apple et Android.
Haaretz avait rapporté en juin que l’entreprise publique de défense Israel Aerospace Industries avait été l’un des premiers investisseurs de Cytrox, mais qu’elle avait revendu ses parts à Intellexa au début de l’année 2019.